Si le nom de Sweven vous fait dresser l’oreille, vous faites peut-être partie comme moi de ceux qui ont été durablement marqués par l’écoute du monumental second album de Morbus Chron, justement intitulé… Sweven. Si c’est le cas, vous devez le savoir, ce deuxième album fut le dernier de Morbus Chron à l’issue duquel la funeste décision fut prise par le groupe de se séparer.
N’étant manifestement pas arrivé au bout de son approche très personnelle d’une forme très avant-gardiste de son mélange de death metal et de rock progressif, Robert Andersson (Robba), guitariste chanteur, tête pensante et compositeur en chef de Morbus Chron décida de monter un nouveau projet qu’il baptisa fort logiquement… Sweven.
Sans surprise, The Eternal Resonance se veut donc la suite logique de Sweven (l’album), au point que Robba a recruté son ancien guitariste soliste live au sein de Morbus Chron, Isak Koskinen Rosemarin, complétant le line-up du trio par le batteur Jesper Nyrelius. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que dès le démarrage de « The Spark » on se retrouve exactement où Morbus Chron nous avait laissés, à l’image de l’artwork de ce nouvel album qui s’inscrit dans la parfaite continuité de l’artwork de Sweven.
Comme sur ce dernier, The Eternal Resonance fait d’abord la part belle aux passages instrumentaux, avec cette espèce d’approche très claire et pas du tout evil (qui là encore l’éloigne des racines death metal de Morbus Chron)… Allant encore plus loin dans son ouverture sur le prog’ et en confirmant son éloignement aux choses du death metal, Robba élargit encore sa vision et sa proposition musicale, convoquant un clavier sur « Mycelia » et une sorte de synthétiseur sur l’excellent « Visceral Blight » qui fait un peu penser à l’univers de Dan Swanö (qui validerait certainement l’audace dont fait preuve son compatriote). On entendra même un triangle sur « Solemn Retreat » c’est dire!
Mais c’est encore et toujours vocalement que le taulier continue à sortir son projet du lot des sorties metal, en proposant une fois de plus une prestation totalement hallucinée, faite de cris désespérés, de soupirs, de chuchotements, bref, en sortant ses tripes et en les étalant littéralement devant l’auditeur. Si vous n’étiez pas sensible à son approche du metal prog sur Sweven, de même qu’à ce style de vocaux, vous risquez de ne pas accrocher à nouveau à The Eternal Resonance. Mais jetez une oreille sur le splendide final « Sanctum Sanctorum », à 90% instrumental, sur lequel Robba finit par poser des vocaux dans une superbe harmonie vocale en latin, une approche résolument inédite qui méritera d’être creusée tant le résultat s’avère convainquant.
Il est clair que les 8 titres pour une heure de temps que dure l’album, ne se digèrent pas en une seule écoute comme c’était déjà le cas pour Sweven (l’album). Il faudra passer un peu de temps et répéter les écoutes pour percevoir toute la richesse de la musique du suédois et se familiariser avec les enchevêtrements parfois complexes de certains morceaux. J’ai moi-même commencé par une écoute assez dubitative, mais après 3-4 écoutes, j’ai retrouvé tout ce que j’aimais sur l’ultime album de Morbus Chron et l’album revient squatter Spotify très régulièrement en attendant que je puisse en faire l’acquisition au format physique qui va bien. Les amateurs de death metal pur et dur qui n’aiment pas voir le style évoluer peuvent évidemment directement passer leur chemin, tant la musique de Sweven n’a désormais, comme on l’a dit, plus rien à voir avec le death metal, exception faite des vocaux extrêmes de Robba. En revanche les nostalgiques de Morbus Chron qui souhaitaient que Robba poursuive ses expérimentations et continue de creuser dans son style bien particulier, peuvent sans problème plonger dans The Eternal Resonance. Nul doute qu’ils devraient se sentir rapidement comme à la maison.
Tracklist :
01 – The Spark
02 – By Virtue of a Promise
03 – Reduced to an Ember
04 – The Sole Importance
05 – Mycelia
06 – Solemn Retreat
07 – Visceral Blight
08 – Sanctum Sanctorum
Un peu plus difficile d’approche que le dernier Morbus, mais cette voix est vraiment sans comparaison. Déjà avec le dernier Morbus et puis cet album avec ces napppes de piano ici et là, beaucoup de parties instru aussi… Le dernier « Live Burial » m’a aussi un peu rappelé la voix de Robba avec beaucoup d’influences de Loudblast et Morgoth.