Après Quicksand dont le nouvel album paru cet été figurera en bonne place dans le top annuel de tout être doté d’un minimum de bon goût, ce sont d’autres vétérans américains sous forme de trio qui font une fois encore un retour remarquable (avec cette fois une pochette fort jolie!). D’autant plus remarquable d’ailleurs que comme Quicksand, Failure prend son temps et ne propose ici que son 6ème album (en 30 ans de carrière). Failure s’éloigne encore du grunge et des comparaisons avec Nirvana qu’on pouvait ponctuellement lire à son sujet (il est vrai qu’on a parfois pensé à Cobain en entendant le timbre désabusé de Ken Andrews) tout en restant clairement référencé « groupe des 90’s » et en s’affirmant une fois de plus comme un groupe de rock de grande classe. On dit souvent que Failure fait du space rock et ça ne m’avait pas forcément paru si pertinent jusqu’à aujourd’hui que dans les envolées de la fin de « Headstand » ou sur le synthé qui nous emmène loin sur « Undecided » (même si avec le recul … « Counterfeit Sky » sur The Heart is a Monster au hasard).
Album plutôt intimiste (« Bring Back the Sound », « Undecided », et le superbe « Half Moon »), Wild Type Droid se révèle pourtant rapidement addictif et sait aussi se faire tubesque (« Submarines » qui entre direct dans le top 5 des morceaux du groupe avec son riff imparable). Pas de doute le trio qui est en réalité duo en studio (quand il s’agit de composer c’est en effet l’affaire exclusive de Ken Andrews et Greg Edwards) a toujours des choses à dire et fait toujours dans la subtilité et dans le dépouillement au service du beau, avec pour meilleure illustration un « Half Moon » tout simplement à pleurer. Le dépouillement est aussi notable quant au format du disque, qui est celui qui se rapproche le plus formellement du premier album du groupe (Comfort sorti il y a près de 30 ans) : même pas 40 Minutes pour 10 titres, et c’en est fini des interludes (les fameux « Segue ») qui étaient présents depuis Fantastic Planet et allongeaient parfois franchement artificiellement la durée des albums des californiens.
On retrouve les guitares dissonantes (« Long Division » par exemple) qui sont toujours l’une des marques de fabrique du groupe, ainsi que la basse qui a aussi le grand mérite d’être non seulement audible, mais de se faire souvent véritable charpente des morceaux, à l’image de « Bring Back the Sound ». Le tout bénéficiant d’une belle mise en valeur grâce à la production parfaite signée Ken Andrews lui-même (on n’est jamais si bien servi que par soi-même pas vrai ?).
Tout serait parfait dans le meilleur des mondes si la distribution des albums physiques de Failure n’était pas toujours aussi catastrophique en particulier pour nous autres, pauvres européens. Ainsi, et alors même que le prix de base des versions physiques de l’album est déjà exagéré (20$ pour un cd, 35$ pour un vinyle, et je passe sur les versions signées des cd à 50$, ça fait cher le coup de crayon!!), les frais de port qui s’y ajoutent pour traverser l’atlantique rendent l’achat de ces versions physiques (dont on ne sait d’ailleurs pas quel sera le format exact – digipack ou simple gatefold bas de gamme par exemple pour le cd ?) difficilement accessible (presque 30€ pour un simple cd au total, abusé). Qu’est-ce qu’on attend chez Failure pour se pencher sur la question de la diffusion de sa musique à l’international via des canaux de distribution convenables?
Tracklist :
01 – Water with Hands
02 – Headstand
03 – A Lifetime of Joy
04 – Submarines
05 – Bring Back the Sound
06 – Mercury Mouth
07 – Undecided
08 – Long Division
09 – Bad Translation
10 – Half Moon
Je n’ai jamais compris pourquoi Failure n’avait pas marché en Europe autant qu’aux Etats-Unis à l’époque où tout ce style était très à la mode. Ou plutôt, pourquoi Failure n’avait pas été autant promu par son label que ce qu’ont pu en bénéficier les Pumpkins ou Soundgarden par exemple.
Je partage ton étonnement… Et effectivement dans les 90’s lorsque j’écoutais les Smashing Pumpkins, Soundgarden, Nirvana ou Pearl Jam je ne connaissais pas du tout Failure, que j’ai découvert bien trop tardivement c’est à dire à leur reformation il y a quelques années pour la sortie de The Heart is a Monster.
Pour ma part j’en avais entendu parler à l’époque, mais juste au moment où je me détournais du Grunge au profit du Metal, et comme il n’y avait pas internet encore j’ai attendu très longtemps pour découvrir vraiment.
merci pour cette chronique fort agréable ! cela dit si le duo Edwards/Andrews c’est la base, à mon sens Kelli Scott doit énormément bosser pour apporter une telle touche aux morceaux, je suis batteur et j’adoooore son jeu. A ce niveau pour moi c’est de la compo aussi
Très juste!