Encore une année qui passe, avec son lot de sorties musicales. Voici donc un petit bilan de ce que j’ai préféré dans les nouveautés de cette année, enfin du moins parmi ce que j’ai écouté. Chacun ses impressions musicales, de mon coté j’ai trouvé 2021 un peu moins impressionnante que 2020 qui entre confinement et début de décennie il me semble avait incité les musiciens à se dépasser. Enfin 2021 reste un bon cru musical avec des centaines d’albums surement marquants que je n’aurais jamais eu le temps d’écouter, meme en se limitant aux genres abordés par Eklektik.
Je pense que mon bilan cette année reste assez éclectique, meme si mes genre musicaux sont assez circonscrits, et sans surprise contient des albums toujours dans des genres méritant le qualificatif « prog », du plus clame (math rock) au plus extreme (death technique). Avec aussi quelques album de jazz/neo soul pour épicer le tout en fin de bilan.
10 albums de l’année
Fractal Universe – The Impassable Horizon
Aucun chauvinisme là dedans mais j’ai envie de mettre à l’honneur un groupe français cette année, Fractal Universe. Leur précédent et 2ème album sorti en 2019 m’avait déjà emballé, je trouve sur ce nouvel album à un aboutissement en terme d’alliage entre ruguesse primaire et subtilité, complexité au niveau des structures et arrangements. Fractal Universe manie la dentelle death prog comme personne.
On avait oui de rumeurs d’enregistrement d’un album fleuve de Mastodon, revenant peut-etre vers leurs racines rustiques, mais ce fut en fait un détour à 90 degrés et une belle surprise au final. Les groupes reviennent rarement à la grace en retrouvant leurs racines supposées, la maturité ne se désapprend pas, et ici Mastodon a donné libre court à ses inclinations les plus prog, pour leur meilleur album depuis Crack the Skye.
Between the Buried and Me – Colors II
Un autre retour d’un de mes groupes favoris qui n’aura pas déçu fut celui de Between the Buried and Me. J’avoue que malgré mon intéret de longue date pour le groupe, je n’ai jamais vraiment intéressé par leurs concepts, donc le fait que ce soit une suite à Colors sorti en 2007 me laisse de marbre, c’est juste de nouveau un très bon album du groupe qui ne pouvait que combler les amateurs. BTBAM comme d’habitude jongle avec aisance et clairvoyance entre les genres, multipliant les riffs marquants, les rebondissements, et l’album s’écoute d’une traite.
Après un EP remarqué partagé avec Vektor, un groupe dont Cryptosis semble etre indéniablement fan, leur premier album sortait en 2021 et ravissait tous les fans de ses derniers, qui du coup avait vu juste en les désignant quasiment comme leur successeurs avec un EP commun. Cryptosis joue du meme thrash mélodique hyper rapide et technique, ave une ambiance tout aussi futuriste, mais posent une ambiance sensiblement plus sombre et agressive. La musique qu’écouteraient les Stormtroopers dans l’Étoile Noire.
Stone Healer – Conquistador
Autre premier album celui de Stone Healer, duo de frères américains, proposant un black/death quelque part entre Opeth, Ulcerate et Deathspell Omega, avec des accalmies prog rappelant Alice in Chains, d’autres plus « indie » à l’acoustique. Ma vraie révélation de cette année, un groupe regroupant toutes mes préférences musicales, ils ont clairement écouté les memes choses que moi.
Converge & Chelsea Wolfe – Blood Moon
Je suis fan de Converge de longue date et en particulier des titres lourds et mélancoliques qui parsèment leurs albums, j’avais suivi avec intéret leur concert Blood Moon au Roadburn et j’attendais donc impatiemment cet album de morceaux composés avec la formation en question incluant la chanteuse goth Chelsea Wolfe et surtout Stephen Brodsky, leader de Mutoid Man et feu Cave In. Je ne risque pas d’avoir été déçu, c’est exactement ce qu’on pouvait espérer, dans la ligné des « Grim Heart/Black Rose » ou « Wretched World ».
Archspire ont enfin mis du sens dans leur musique qui jusqu’à maintenant m’avait semblé un peu trop hermétique car trop violente et chargée. Ça défouraille toujours autant sur ce nouvel album, pas d’accalmie en vue, leur death technique est toujours parmi ce qui se fait de plus rapide, de plus millimétré qui soit, mais je trouve qu’ils ont enfin réussi à donner une forme plus digeste à leur musique, qui en devient quasiment mélodique par moments, permettant des respirations bienvenues.
Le premier album de ce groupe norvégien sortait il y a plus de 15 ans et était déjà un de mes albums de 2006. Ils sortirent un 2ème album en 2008, et ne reviennent donc qu’en 2021 avec un 3ème album qui se situent dans la droite ligne des précédents, en terme de qualité comme de style. Un style inclassable car un des rares groupes à avoir su se situer entre death technique, post-black et post-rock/post-hardcore, avec une atmosphère d’une noirceur rare.
Delta Sleep – Spring Island
J’ai écouté peu d’emo, de math rock ou de rock indé cette année, mais Delta Sleep sont devenus il y a quelques années une référence, et ils naviguent entre ces genres. J’avais apprécié leur concert à Bangkok et du coup ce nouvel album m’a bien accroché.
Impure Wilhelmina – Antidote
Encore un groupe que j’écoute depuis si longtemps et qui persiste à sortir des albums de qualité. Il faut dire que les Suisses n’ont que peu dévié de leur style en 20 ans. Antidote est meme l’album que je préfère d’eux depuis bien longtemps, et on reconnait leur musique immédiatement, il suffit de quelques arpèges saturés dissonants et du chant déchirant pour retrouver leur touche si unique.
Autres albums marquants de 2022
Gojira – Fortitude : un des albums de l’année clairement, un beau retour de Gojira dont je trouvais le précédent un peu faiblard.
Leprous – Aphelion : toujours pas aussi bon que Binaural ou The Congregation, mais le morceau final « Nighttime Diguise » est tellement génial. Les morceaux centrés sur les guitares me manquent mais reste toujours la voix superbe et les rythmiques décapantes.
Mire – A New Found Rain: après un gros EP 6 titres en 2018, il semble qu’ils ont un nouveau membre, ancien As I Day Lying, et on ré-enregistré l’EP + quelques morceaux pour ce premier album. Ça reste très bon, une sorte de groove/death metal moderne avec des refrains chantés particulièrement bien sentis.
Carcass – Torn Arteries : Ça reste le groupe de death à l’ancienne que je préfère et cet album est un très bon retour, riffu à souhait. J’avais déjà bien aimé l’EP de 2020 et d’ailleurs mon seul reproche c’est qu’ils n’aient pas mis tous les titres de l’EP sur ce nouvel album mais qu’un seul.
At The Gates – The Nightmare of Being : Autre groupe de death de quasi cinquantenaires dont je suis toujours les sorties, ce 3ème album depuis leur reformation est leur plus aventureux, et le meilleur depuis les 90s.
Obscura – A Valediction : J’aurais préféré une suite directe à Diluvium mais cet album dans un genre death mélodique technique avec un groupe entièrement renouvelé est tellement maitrisé que ça me convient, d’autant que j’ai moyennement aimé l’album de Obsidious, groupe formé par les membres ayant quitté le groupe.
Ophidian I – Desolate : du death technique de haute volée par des Islandais. L’album n’est pas exempte de défauts, la formule est un peu redondante – hyper rapide et mélodique- et la composition souvent trop chargée, sans aucun répit, la voix growlée assez banale, mais il y a assez de riffs mémorables pour en faire un excellent album.
Ænigmatum – Deconsecrate : Death à l’ancienne mais parfois tech parfois prog, à la fois rugueux et d’une clarté étonnante, la prod est excellente, j’ai rarement entendu un album dans le genre dont on entendait aussi bien tous les détails. 95% des albums de death des 90s mériteraient d’être réenregistrés comme ça.
Cynic – Ascension Codes : Le pilier du death prog est de retour, certes dans une version plus psychédélique, quasi space rock, débordant sur le jazz fusion. Pas comparable à Focus mais un album plaisant tout de meme.
Klabautamann – Numbered : L’album est sorti fin décembre, donc un peu tard. C’est un groupe allemand de black prog, un peu dans une veine Enslaved, qui avaient sorti de très bons album dans les années 2000 dont Merkur en 2009.
https://klabautamann.bandcamp.com/album/numbered
Vildhjarta – Måsstaden Under Vatten : 10 après leur premier album Måsstaden, ces rejetons suédois de Meshuggah proposent encore une réussite, osent quelques touches d’accalmies entre les polymétries
Eidola – The Architect: Un groupe sorti sur Blue Swan Records, ce qui dira quelque chose aux amateurs de Dance Davin Dance, groupe dont je suis cela dit pas particulièrement fan. Degeneraterra de Eidola est pour moi largement au dessus. Ce nouvel album est dans la lignée sans atteindre toutefois la qualité de son prédécesseur.
Boss Keloid – Family The Smiling Thrush : si il ne fallait que je retienne qu’un groupe de stoner ce ne sera pas Khemmis mais ces Anglais, dont la musique tend de plus en plus vers un prog psyché 70s ce qui n’est pas pour me déplaire.
Franklin Zoo – The Dandelion Child : Je n’avais jamais entenu parlé de ce groupe danois mais il existe apparemment depuis un moment et The Dandelion Child est leur 3ème album. Commençant sur quelques touches de mellotron puis se prolongeant par des riffs que n’auraient pas renié Tool. Prog metal et grunge se marrient ici.
King Gizzard and the Lizard Wizard – Butterfly 3000 : J’aime bien ce nouvel album, il est frais, et ils arrivent encore à se métamorphoser avec un son différent, rock psyché mélangé à de la pop droguée aux synthés.
Et pour ce qui n’est pas « Eklektik »
Hiatus Kaiyote – Mood Valiant
Et pour finir dans un autre registre le morceau que j’ai surement le plus écouté cette année, d’un de mes groupes préférés tous genres confondus, Hiatus Kaiyote, groupe de neo soul/jazz australien. Etant ultra fan de leur discographie jusqu’à maintenant (Tawk Tomahawk en 2012, Choose Your Weapon en 2015), l’attente aura été longue et malheureusement liée à des raisons de santé de la chanteuse. Mon seul reproche est qu’après l’énorme Choose Your Weapon et ses 18 titres (samplé par Beyonce & Jay-Z, Kendrick Lamar, Anderson Paak et Drake entre autres), Mood Valiant est un peu court. J’espère que le nouveau arrivera rapidement. « Red Room » est la quintessence du neo soul, fausse simplicité toute en contre-temps.
Mndsgn – Rare Pleasure
Naia Izumi – A Residency in the Los Angeles Area
Jordan Rakei – What We Call Life
J’adore Cloak, son premier album, c’est maintenant son 4ème et si je retrouve pas entièrement ce qui me plait dans son premier album, son rendu organique, je ne suis pas non plus déçu par cette nouvelle direction à la fois plus électronique et moins sombre.