Le 1er avril c’est le jour des blagues, mais c’est aussi en 2022, le jour de sorties importantes. Pensez donc, Carpenter Brut, Meshuggah pour ne citer que quelques exemples, sortent leur nouvel album à cette date. Mais c’est aussi la date de sortie, probablement beaucoup plus confidentielle, de Bury Us in Shadows, premier album de Claimstaker. Et pourtant il s’agissait simplement d’une des sorties que j’attendais le plus cette année… Pourquoi ? Car Claimstaker est en fait le nouveau nom de Timeworn, formation norvégienne, qui a juste sorti un des meilleurs albums de 2019.
Pourquoi nos amis norvégiens ont-ils décidé de changer de nom alors que Claimstaker est composé des même membres que Timeworn ? Je n’ai pas la réponse, mais on peut supposer que le groupe a ainsi décidé de repartir d’une page blanche et de s’éloigner ainsi du style pratiqué sous son ancien nom. Sauf que… si la musique de Claimstaker est un peu différente de celle de Timeworn, la filiation s’avère néanmoins évidente, et je n’aurais pour ma part pas vraiment été choqué que ce Bury Us in Shadows soit le nouvel album de Timeworn.
Après une intro passablement inutile les norvégiens rentrent dans le vif du sujet avec l’excellent « All About the Numbers », et derrière un gros vernis de post metal, on retrouve avec grand plaisir très rapidement le sens de la mélodie et de la mélancolie qu’on leur connaissait avec Timeworn, et on pense un peu aussi à Ghost Brigade sur ce plan. En revanche, là où le chant était varié entre chant growlé post machin et chant plus clair chez Timeworn, pas de ça ici (et c’est un peu dommage dans l’absolu tant ces variations étaient appréciables), le registre utilisé est exclusivement celui du growl typique du genre, même si des chœurs plus clairs viennent parfois en renfort, à plusieurs voix (« All About the Numbers ») ou à une seule (excellente voix semi-claire qui vient répondre à la voix growlée sur « Brevity » ou « The Empty Quarter » et qui rappelle celle du chanteur de Red Fang) selon les cas.
Un peu plus loin on sera surpris d’entendre des réminiscences presque crust/d-beat sur « Darkness Beyond Salvation » avec sa rythmique poum/tchak caractéristique du genre, et sur lequel le sens de l’urgence et le désespoir qui émanent des mélodies de guitare m’ont parfois rappelé les regrettés Enabler.
Je ne vais pas me lancer dans un fastidieux titre à titre (bien que j’ai effectivement commencé à le faire) mais sachez que la suite est à l’avenant et tout aussi réussie (la mélodie sur « Outliers » est superbe!) avec un retour au style des deux premiers morceaux, post metal lourd mais très mélodique et surtout toujours bien efficace et vierge de toute fioriture inutile avec des titres s’étirant rarement au-delà de 5 minutes et quelques.
L’album est en conséquence assez court avec ses 7 titres (on aurait bien pris un ou deux titres en plus), les 35 minutes passent donc vite et s’avèrent à la hauteur de l’attente qu’on pouvait légitimement avoir après un album du calibre de Leave the Soul for Now. Et même si la logique du changement de nom m’échappe encore, peu importe : les norvégiens sont de retour en grande forme et si vous ne les connaissez pas encore, je ne peux que vous inciter à les découvrir!
Tracklist :
01 – Reign Acrostic
02 – All About the Numbers
03 – Brevity
04 – Darkness Beyond Salvation
05 – The Empty Quarter
06 – Outliers
07 – Bury Us in Shadows
