Quatre ans après le très bon Absconditus, les italiens d’Assumption font leur retour à nouveau chargés d’un bon bloc de béton armé ! Entretemps, le duo est devenu quartet, comptant le renfort du guitariste slovène Matija Dolinar (Siderean) et du bassiste Claudio Troise (ayant fait ses armes dans pas mal de groupes UG, notamment Gravesite). Un dédoublement d’effectif permettant à Assumption d’encore plus densifier son impact sonore (déjà massif auparavant !).
Le groupe de Bologne continue en effet à faire du doom/death à sa sauce (pardon). Hadean Tides base donc lui aussi son propos sur un poids suffocant grâce à une basse appuyant bien fort en alliance parfaite avec les growls toujours aussi profonds de Giorgio. L’effet de pesanteur est intact dès l’introductif « Oration » mais toujours entrecoupé de zones où les mélodies tranchent l’épais brouillard. Ainsi, il n’est pas rare d’avoir droit à un solo de guitare lumineux (même si cela reste parfois assez bref) comme pendant « Submerged By Hadean Tides » où l’on varie d’une accélération soudaine à un ralentissement final à base de notes mystérieuses (presque orientales) prises dans l’écho.
Et c’est cette variété qui permet à Assumption d’asseoir toute la force perçue sur l’album précédent. L’optique funeral doom est une fois encore bien mise en avant, l’évolution des morceaux est souvent bien lente dans ses progressions (les influences dISEMBOWELMENT ou Esoteric sont toujours là), ce au risque d’un peu trainer en longueur (un comble !) avant d’ennuyer si l’on ne s’implique pas profondément. Pourtant, par des doses de mélodies bien agencées derrière ces titres parfois peu engageants, le groupe transalpin nous embarque dans sa funèbre procession pour mieux nous surprendre via d’impressionnantes reprises de vitesse (le monolithique « Daughters Of The Lotus » qui comprend des méandres rythmiques nous gardant en alerte durant ses neuf minutes).
Plus surprenant, « Triptych » vient faire voler en éclat tout ce qu’Assumption avait installé jusqu’alors: son atmosphère menaçante (pourtant confirmée par l’interlude « Breath Of The Dedalus ») se voit balayée par ce titre à l’intro minimaliste au chant susurré, sans guitare mais à la basse posée et au minimum syndical niveau percussions. Un peu de finesse pour mieux surprendre sur l’explosif final de ce titre à part. Enfin les italiens n’en ont pas fini et viennent nous achever avec le quart d’heure de « Black Trees Waving », monstruosité de laquelle s’échappent paradoxalement les mélodies les plus émotionnelles, venant de notes de guitares planantes et d’une atmosphère quasi romantique les rapprochant pour le coup d’un My Dying Bride.
Une fois encore, Assumption délivre un album très dense ayant vraiment besoin de nombreuses écoutes pour que son immersion soit totale. Maîtrisant complètement l’art de l’atmosphère moribonde, les italiens montrent aussi qu’en prenant quelques libertés sur le style funeral doom, le long voyage (quasiment une heure) n’en devient que plus agréable pour l’auditeur aguerri.
- Oration
- Submerged By Hadean Tides
- Daughters Of The Lotus
- Breath Of The Dedalus
- Liquescent Hours
- Triptych
- Black Trees Waving