Ion Dissonance – Solace

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Style: hardcore technico-chaotiqueAnnee de sortie: 2005Label: Abacus Recordings

Il faut une sacrée dose de culot pour baptiser son album Solace (“Consolation” en français dans le texte…) ou avoir pris plus d’une fois dans la gueule ce que l’on appelle communément « l’ironie du sort ». Les claques ont dû être nombreuses, violentes, cruelles et sans appel… Les joies de la réalité en somme…
Avant de lancer cette bombe dans mon lecteur, j’aurais dû m’attarder sur les titres de cet opus. “Play dead… And I’ll play along”, “She’s strychnine”, “You’re not carving deep enough”, ou bien encore “A prelude of things worse to come”, autant de promesses de caresses au papier de verre en clair!

Aux confins de l’univers hardcore est née une nouvelle étoile. En plein chaos, sombre et grandiose, Ion Dissonance survient, martyr titanesque, électron captif, pandémonium incarné. Et c’est peu de dire que Ion Dissonance dispense une musique violente. Violence rythmique, violence verbale, violence du style, violence physique et finalement violence de l’essence. Elle est sans appel. Le corps et l’âme ont déjà tout connu, tout saigné, tout rejeté, l’espoir y compris. Il ne reste plus que le cri comme ultime forme d’expression, de conscience de soi, de vie. Que dis-je… De survie !

Ion Dissonance s’inscrit dans le style hardcore au sens moderne du genre. Comprenez métallisé, élevé au death ultra brutal, surnageant au cœur d’un chaos rythmique incandescent mais surtout exsangue d’un certain carcan stylistique et clichesque. Evidemment les références en la matière commencent à se faire légion, avec notamment Dillinger Escape Plan ou Burnt by the Sun. Mais Ion Dissonance contrairement à la concurrence actuelle de jeunes loups, ne s’épanche pas dans une veine technicité démonstrative. Ici la technique est au service de leur art… et non l’inverse. Les riffs demeurent abrasifs, virulents, certes emprunts d’influence free jazz mais surtout marqués d’une cyclothymie vertigineuse, miroir des obscures passions qui animent nos québécois. La puissance de feu des blasts et la richesse des rythmiques renforcent ce sentiment de mise en abîme. Le chant charismatique oscille entre hurlements débridés et harangues survoltées. Ce chant possède une aura et une personnalité assez rare dans le genre pour être souligné, ce qui confère là encore un caractère captivant pour ce groupe. Condensé de violence (3’30 en moyenne hormis la dantesque conclusion, long trip plombé et halluciné), Ion Dissonance maîtrise son art au point de se permettre des morceaux mémorisables dont les riffs et les rythmiques viendront s’encrer dans votre boîte crânienne, une vaste sarabande conférant au vertige en somme.
Certes les premières écoutes de cette œuvre se révèlent ardues, faisant table rase de toute facilité instinctive. Pour autant, cette œuvre finit par vous happer, vous posséder, vous révéler son essence, le chant des sirènes s’immisçant jusque dans vos synapses pour vous ouvrir la boîte de Pandore et finalement lever le voile d’une renaissance, d’un plaisir indicible jusque là. Le masochisme comme voyage initiatique çà vous dit ?

  1. play dead… and i’ll play along
  2. o.a.s.d.
  3. cleansed by silence
  4. she’s strychnine
  5. nil-solaris
  6. lecturing raskolnikov (or how to properly stab an old widow)
  7. you’re not carving deep enough
  8. shut up i’m trying to worry
  9. signature
  10. a prelude of things worse to come
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7 Commentaires

  1. kollapse says:

    Superbe chronique pour un disque qui ne l’est pas moins. Ion Dissonance s’impose comme un groupe unique dans un genre pourtant pas avare en « pratiquants » mais qui n’ont cependant pas tous le talent ni la folie de ID. « solace » est certes difficile d’accès, les premières écoutes sont difficiles, mais en laissant « mijoter » cette album dans la chaine (qui doit souffrir…) il s’impose comme étant une pure bombe de maitrise technique, peut-être meilleur encore que l’était l’énorme « breathing is irrelevant »….C’est dire! 18/20

  2. Crusto says:

    Le son donne quoi par rapport au précédent?

  3. darkantisthene says:

    rooo putain trop fort l’envolée lyrique à la fin
    à 45 ans être encore capable de s’enthousiasmer comme ça, je dis : leçon de vie!!

  4. Neurotool says:

    Concernant le son, il est nickel sur celui-ci. N’ayant pas écouté le précédent pas de comparatif pour moi. Mais ici la prod est vraiment au niveau des compositions.

    @Darky: enfoiré!

  5. fewz says:

    Un album pour masochiste… Mais tellement explosif! Neuro a tout à fait raison. La techinicité atteint des niveaux himalayesques mais rete toujours au service de l’art. L’un des disques de l’année.
    Ion Dissonance se pose définitivement là comme l’une des références du genre. Un Bon 18/20.

    @crusto: le son est nickel. Toi qui trouvait le son de grattes un peu trop étouffé sur le 1er, il est ici fin et brillant.

  6. Raikoh says:

    J’adore cet album, et le précédent aussi d’ailleurs.
    Pour le son, en particulier des guitares, il s’agit vraiment d’un choix « esthétique » comme l’avait fait un Meshuggah sur Chaosphere…
    Très étrange, mais c’est ce qui,à mon goût donne cette dimension oppressante dans les compos des Canadiens.
    En tout cas, une vraie claque!

  7. Crusto says:

    Ok, je jetterais une oreille deçu ;-)

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