Chroniques Express – Encore des oubliés de 2019

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Annee de sortie: 2020

Même constat que mon collègue Krakoukass dans son récent article, 2019 s’est écoulé bien trop vite (Bonne année d’ailleurs !) et moi non plus – malgré un rythme de publications assez soutenu – je n’ai pas pu parler de tous les albums qui ont marqué l’année venant de s’achever, c’est qu’il y en a eu un sacré nombre ! Bien moins détaillé que celui de mon collègue, voici un petit assortiment (incomplet) de perles oubliées de 2019…

Vi som älskade varandra så mycket Det onda. Det goda. Det vackra. Det fula. (Moment Of Collapse/Zegema Beach)

Repéré en 2014 avec leur très bon premier album Den sorgligaste musiken i världen, les suédois de Vi som älskade varandra så mycket (« Nous nous sommes tant aimés ») font leur retour avec une incroyable déferlante d’émotions (dès l’incroyable titre d’ouverture, jusqu’à la dernière note). Le screamo (teinté d’un peu de post-rock) du groupe possède un effet immédiat sur l’amateur du style (façon Envy), les cris (semblant parfois se transformer en pleurs) du vocaliste rencontrant des mélodies de guitares souvent accrocheuses, qu’elles soient exprimées avec énergie et tension comme lorsqu’elles sont un peu plus en retenue. Seul petit regret: ne pas avoir fait suédois LV2 pour comprendre ce qu’ils racontent dans leurs lyrics, mais pas trop grave, cela renforce le côté « exotique »… Quoi qu’il en soit, on tient là l’un des meilleurs albums de screamo de l’année, si ce n’est le meilleur (le dernier State Faults est également à mentionner dans le style).

The Cherry WaveSolasta (Lamppost Records)

Sorti dans le plus grand secret (le mien du moins) en octobre dernier, les écossais de The Cherry Wave ont enfin livré une suite au très bon Shimaru (2017 – chroniqué par ici à l’époque). Au menu pas de révolution sonore mais la poursuite de leur remise au goût du jour du shoegaze. Le groupe de Glasgow joue sur une dynamique constante, incluant de nombreuses mélodies issues du grunge (« Reverse Hisako »), parfois plus enjouées (« Ache For The Glow ») ou mélancoliques, pour au final une succession de singles ultra accrocheurs !

The Acacia StrainIt Comes In Waves (Closed Casket Activities)

C’était inattendu car pas du tout annoncé avant il y a quelques semaines mais The Acacia Strain voulait terminer 2019 en ayant sorti un nouvel album. It Comes In Waves est leur premier pour Closed Casket Activities et se compose de sept morceaux dont les titres côte à côte forment la phrase « Our only sin was giving them names » (« notre seul pêché est de leur avoir donné un nom »). Si la thématique n’a visiblement pas vraiment évolué, au niveau sonore c’est une autre histoire. Connu pour donner dans le deathcore écrasant et un brin redondant, le groupe en a fait ici une refonte beaucoup plus digeste en insérant ça et là d’intéressantes mélodies et une atmosphère plutôt mystérieuse (sur « Was » ou « Them » notamment), voire qui flirte avec le doom (« Names »). Bref, une réjouissante nouvelle mouture !

clipping.There Existed An Addiction To Blood (Sub Pop)

Malgré l’abondance de mes chroniques/écoutes/découvertes, peu d’albums de hip-hop sont tombés entre mes oreilles en 2019. Peut-être ai-je raté des perles mais à côté du dernier Danny Brown (aujourd’hui sobre, mais toujours très bon) seul le dernier clipping. m’a vraiment interpellé. Désormais signé chez Sub Pop, le groupe joue avec les textures, expérimente dans son univers ultra sombre, un brin torturé, There Existed An Addiction To Blood nous plonge dans un brouillard alternant phases noisy-industrielles (rappelant vaguement Dälek), titres plus accessibles (« Nothing Is Safe »), grésillements et flow versatile pour un résultat vraiment intrigant.

Left BehindNo One Goes To Heaven (Pure Noise Records)

Left Behind s’est enfin un peu calmé de ses incessantes tournées (notamment celle avec Darkest Hour, Unearth et Misery Signals où j’avais pu les interviewer) pour enfin sortir son troisième album. No One Goes To Heaven est un véritable bond en avant pour le groupe de West Virginia, démultipliant ici sa fureur grâce à un son bien gras, parfaitement en phase avec son hardcore métallisé aux relents southern-sludge toujours assumés (comme sur  les pesants « Staring At The Sun » ou « Eternity Of Empty » par exemple). Un nouvel album destructeur à l’image de son puissant single « Peeling Wax » qui voit la participation de Matt Honeycutt de Kublai Khan.

Obsequiae The Palms Of Sorrowed Kings (20 Buck Spin)

Si l’adjectif « médiéval » accolé à « black metal » peut faire redouter le pire entre synthés cheap et costumes pseudo-folkloriques, Obsequiae prouve qu’il est possible de donner une belle crédibilité à ce style. Ce troisième album nous plonge donc dans une atmosphère chevaleresque unique avec des compos simplement renversantes. Ces douze titres (dont cinq interludes instrumentaux joués à la harpe, à la vielle à roue et au dulcimer) sont donc basés sur des mélodies épiques rappelant les débuts d’Alkonost (notamment les harmonies de guitare), ils sont très finement composés avec un pouvoir accrocheur immédiat et un irrésistible goût de reviens-y qui en font une sortie majeure de 2019.

AbyssalA Beacon In The Husk (Profound Lore Records)

Dans le genre nom très bien trouvé, Abyssal correspond bien à une vertigineuse plongée dans les profondeurs les plus lugubres. Ce one-man band britannique (monté par un certain G.D.C.) mêle black, death et (funeral) doom metal dans un magma aussi hypnotique qu’écrasant. Pourtant dissonant et caverneux (grâce au monstrueux growl du bonhomme), il se dégage de A Beacon In The Dusk une aura difficilement descriptible, un chaos mouvant insaisissable à rapprocher d’un Portal ou d’un Ulcerate (version souvent ralentie). Un album exigeant, demandant pas mal de temps avant d’être complètement digéré.

Raised FistAnthems (Epitaph)

Les vétérans suédois sont toujours là et le poids des ans ne semble pas avoir d’effet sur eux ! Véritable institution du hardcore européen, Raised Fist a sorti ce Anthems sur Epitaph où le toujours charismatique frontman Alexander Hagman joue de sa gouaille pour rassembler son public et le sensibiliser à des causes actuelles, sociales et climatiques notamment. Et si musicalement rien n’a vraiment changé chez Raised Fist, l’efficacité est tellement de mise que n’importe quel amateur du genre ne pourra que succomber à la puissance dévastatrice d’Anthems.

Shin Guard/For Your HealthDeath Of Spring (Middle-Man Records)

Peut-être que vous vous languissiez suite à ma chronique du 2020 de Shin Guard (meilleur album de 2019, ni plus ni moins, désolé pour le spoil de mon top de l’année – à venir très bientôt) mais j’ai finalement complètement oublié de faire la chronique de cet incroyable split. Shin Guard s’y montre dans la droite lignée de l’album: virulent, chaotique mais aussi mélodique et sensible. Tout ça expédié avec l’inventivité et la folie qu’on leur connaissait. Et avant leurs quatre titres, For Your Health avait déjà fait le boulot avec la même frénésie. La filiation entre les deux groupes est dans cette gestion folie/mélodie pour engendrer un chaos sonore maîtrisé dans le moindre détail. De très grandes promesses pour ces deux groupes illuminés et un split simplement jouissif.

beunz
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