Ulcerate – Stare Into Death And Be Still

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Style: post death metalAnnee de sortie: 2020Label: Debemur Morti Productions

Ulcerate c’est un peu comme ce pote fan d’Ironman (le sport pas le film) qui t’emmène faire une randonnée de sa composition: pas de chemin balisé, il emprunte des petits sentiers escarpés en courant, dévale des précipices rocailleux à grandes enjambées puis remonte aussitôt tout en restant toujours aussi frais après une heure de « balade ». Toi tu tentes de suivre derrière, tu fatigues, tu te manges des pierres dans les chevilles, tu sues comme un phoque mais au retour chez toi t’es finalement content de l’avoir fait. Comme pour ce genre de randonnées extrêmes, certains n’arriveront donc pas à suivre ce Stare Into Death And Be Still dès les premiers mètres (ou les premières secondes), tandis qu’en persévérant, les choses deviennent de plus en plus faciles (et compréhensibles).

Ulcerate a su au fil des albums imposer son nom dans le haut du panier du death metal complexe. Cette alliance de brutalité et d’impressionnante technique noyées dans un magma difficilement déchiffrable est à nouveau la signature sonore des néo-zélandais sur ce Stare Into Death And Be Still, premier album chez les frenchies de Debemur Morti (après des albums chez Willowtip et Relapse). Une signature qui apparaît plutôt cohérente étant donné le goût du trio pour le black dissonant de Deathspell Omega (qui émanera par moment comme pendant « Exhale The Ash » ou « Visceral Ends »).

Mais ce n’est pas pour autant qu’Ulcerate délaisse ses habitudes death metal technico-chaotique. Evoquant à de multiples reprises Gorguts ou Cryptopsy, le trio étend ses compos pour pouvoir multiplier les riffs comme les changements rythmiques, brouillant totalement les pistes de l’auditeur lambda. Car une fois de plus, la musique d’Ulcerate est un déferlement ultra complexe (d’instruments dissonants et d’un chant guttural bien monstrueux) demandant de sacrées capacités d’attention. Mais il se dégage derrière cet environnement opaque de nombreuses mélodies, parfois plus mélancoliques comme pendant « There Is No Horizon » ou « Inversion » qui proposent quelques breaks plus « posés » au milieu de ces riffs étourdissants, parfois plus épiques (l’aérien « Drawn Into The Next Void ») ou encore la conclusion « Dissolved Orders » à l’ambiance plus introspective (et franchement plus instantanément lisible).

Ulcerate signe là un nouvel album d’un magistral chaos organisé. Et si l’écoute en apnée au milieu de ces couloirs de labyrinthes est toujours à l’ordre du jour, le trio fait davantage varier l’intensité qu’à l’accoutumée et y cale une nouvelle forme de sensibilité. Plus protéiforme et subtil qu’il n’y parait, la recette post death chaotique ainsi renouvelée par le trio en font un solide prétendant au poste d’album de l’année (certes après un peu d’entraînement).

  1. The Lifeless Advance
  2. Exhale The Ash
  3. Stare Into Death And Be Still
  4. The Is No Horizon
  5. Inversion
  6. Visceral Ends
  7. Drawn Into The Next Void
  8. Dissolved Orders

beunz
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2 Commentaires

  1. krakoukass krakoukass says:

    Merci à toi camarade car ça fait des semaines que je n’arrive pas à me décider à écrire la chronique de cet album! Pour moi probablement le meilleur Ulcerate depuis Everything is Fire. Je n’ai jamais réussi à rentrer dans les précédents albums trop chaotiques et « compliqués » à mon goût. Ici les néo-zel arrivent à garder leur identité tout en injectant de subtiles mélodies bien planquées (ou pas). Magistral en effet. Par contre comme toujours avec Ulcerate, je ne suis pas souvent dans le bon « mood » pour plonger dans leurs albums, mais quand c’est le cas, c’est le pied. A égalité avec le monstrueux cru 2020 de Wake (on peut même trouver des similitudes dans l’artwork), même si je trouve ce dernier quand même un peu plus digeste.

  2. RBD says:

    Ce nouveau volume est un peu plus accessible que les précédents. Oh, ça reste du rude comme le dit bien la métaphore sportive ! Mais en comparaison il suffit qu’ils aient fait ce léger effort de lisibilité et d’allègement par le retour de quelques passages acoustiques brefs mais marquants et bienvenus pour l’auditoire le plus tendre. On peut naturellement comparer à Wake qui a pris un risque énorme et payant en s’extirpant du Grind pour aller sur ce terrain, mais les Canadiens ont quand même produit une oeuvre encore beaucoup plus abordable. Ulcerate n’a rien perdu à desserrer un peu la pression, maintenant que le risque de se paumer dans le HC Sludgy de sous-Neurosis est écarté depuis longtemps.

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