The Kings Of Frog Island – Ii

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Style: stoner rockAnnee de sortie: 2008Label: Elektrohasch

Certains groupes semblent fonctionner comme des lavandières de la mémoire. On leur confiera volontiers nos vieux blousons effrangés et les souvenirs qui vont avec, on sait qu’on les retrouvera dégueulasses et impeccablement froissés ; et imbibés des arômes moites et sauvages de nos premières orgies de fuzz braguette à l’air aux bons soins des doyens de la garde, Kyuss, Monster Magnet, Fu Manchu, you name them…

Allez j’arrête d’écrire comme Philippe Manœuvre sinon je ne parlerai jamais de l’album. Car même si la tentation est forte de le ramener à ce qu’il évoque, ce second effort du trio de Leicester emmené par le prolifique Mat Bethancourt (Josiah, The Beginning) a aussi un contenu plutôt bien achalandé à faire valoir. II – puisqu’il s’agit de leur second album – dévoile un groupe très à l’aise dans ses bottes à la faveur d’automatismes visiblement anciens. Un groupe qui fonctionne dans les clous et, bien que British, avec le flegme imperturbale qui va avec, a aussi la peau bien tannée et la démarche à la fois élégante et assommante des héritiers de Palm Springs. Riffs de camionneur sur canapé, tout poilus mais sans impératif. Moustiquaire devant les amplis pour un rendu en légère sourdine. Solos écarlates au son localement graillonneux, vaguement bluesy, résonnant comme des bâillements de bête de la savane. Là où d’autres traversent l’Arizona au guidon de cylindrées rutilantes, on trouverait plutôt en The Kings of Frog Island un groupe sédentaire, posé à vie dans un routier à 200 kilomètres de toute habitation, sacrifiant à la mission salutaire d’épousseter les résidus de déprime des voyageurs attardés aux dernières heures de la nuit. Sur l’île des grenouilles, les suppôts du desert rock noctambule sont rois.

L’album a une vraie force : une sympathique collection de refrains à voix décuplées comme des unissons à la Dax Riggs, portant par delà la fumée qui engloutit l’interprète. Ce qui plaît moins : une poignée de titres assez anecdotiques qui semblent plus ou moins rescapés de l’époque où le groupe devait faire ses gammes, et dans l’ensemble des fondations rythmiques qui tendent à se réfugier dans la simplicité, alors que plus de relief sur certaines compos réussit indéniablement au groupe. Par ailleurs le visuel de la pochette est bidon, même si on sait ce qu’il fait là.

Maintenant, c’est à chacun de voir s’il veut faire quelque chose de ce groupe, sachant qu’on a tous déjà sur nos étagères au moins 90% des disques qui nous ont fait aimer ce son et cette inaltérable caractère stoner. Sur la foi de cet album, et malgré des efforts louables pour développer des atmosphères un peu plus sombres et nébuleuses que la moyenne (en témoigne le final “Amphibia Rising” et ses parties ambient marécageuses soutenues par un violon clandestin), The Kings of Frog Island sont quand même plus souvent un ajout qu’un apport. C’est un peu ennuyeux même si ça n’enlève rien à leurs aptitudes, ni à leur soif de jouer.

  1. the last train
  2. hallucination
  3. welcome to the void
  4. the watcher
  5. joanne marie
  6. laid
  7. ride a black horse
  8. satanica
  9. witching hour
  10. amphibia rising
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Commentaire

  1. mr.hutz says:

    A écouter la semaine prochaine!

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