Trois ans après la sortie de Operation Doomsday de MF DOOM qu’il co-produisit, un an avant sa sortie de son deuxième séjour en prison , MF GRIMM sortait enfin son premier album sur lequel le masque de fer lui rendait la pareille en produisant douze titres sur dix-sept. Loin du gangsta rap qu’il avait fréquenté pendant sa jeunesse (il affirme avoir joué le rôle de ghost writer sur une partie de The Chronic de Dr Dre), The downfall of Ibliys offre ce qu’il promet sous la forme d’un album concept sur les tragédies et les leçons que rencontrent le personnage d’Ibliys.
Tout comme MF DOOM, né dans le monde du rap sous le nom de Zev Love X dans KMD avant de perdre son frère et d’errer dans les rues pour revenir sous le masque de fer de DOOM et transférer ses tragédies dans une épopée de super vilain, GRIMM raconte, sous une forme romancée, son expérience.
La comparaison avec l’album commun des deux MF ne s’arrête pas là. Sans pour autant qu’Iblyss en souffre. Aussi culte et imaginatif que soit Operation doomsday, Ibliyss l’est tout autant dans un style plus dramatique, sans oublier les boucles accrocheuses (« Time and Space », « Foolish » et ses claviers funky si similaire à ceux employés par DOOM).
Plus clairs, moins bourrés d’effets de style, le flow et les paroles de Percy Carey sont ceux d’un conteur, et non d’un charmeur. Avec la fougue d’un jeune homme, il rappe encore avec l’abandon d’un homme que l’on a enfermé pendant trop longtemps. Le charme de ce disque vient justement de cette énergie, dont fait tout autant preuve MF DOOM sur Operation doomsday, et avec qui il partage deux morceaux dont « Voices pt. 1 » (aussi présent sur Doomsday) et « Foolish ».
L’oreille et la voix pour les mélodies (« Together »), il est plus facile de suivre le discours de GRIMM et de comprendre son propos sans avoir à faire face à des empilement de rimes. Les parcours de MF DOOM et MF GRIMM se comparent cependant jusqu’à un point et se séparent dans leur conclusion. Tandis que l’un a choisi l’anonymat, autant dans sa vie que dans ses rimes cryptés, GRIMM est plus clair et déshabille ses personnages sur ses rimes (« Yes you are (it’s only a movie) », « To all my comrades »). Une époque, deux albums et deux styles différents pour deux frères d’armes qui se sont ensuite fâchés, puis récemment réconciliés et dont on espère entendre une collaboration. Moins sensationnels que DOOM, MF GRIMM ne compte pas autant de fidèles sans avoir à rougir devant son compagnon avec qui il partage des traits communs comme l’originalité d’un style intelligent et unique pleinement exposé sur ce premier album, aujourd’hui réédité. Pas de bonus à signaler, il n’y en avait pas besoin de toute manière. Découvrez ce classique oublié et rattrapez votre retard sur sa discographie.
http://www.youtube.com/watch?v=ZXBpLNki7CQ
- Alpha (feat. Count Bass D)
- Time and space
- Life and death
- Freedom
- Foolish (feat. Megalon and MF DOOM)
- Together
- Break em off
- Rain blood (feat. Megalon)
- Voices pt. 0
- Voices pt. 1 (feat. MF DOOM)
- Yes you are (it’s only a movie)
- I.B.’s
- To all my comrades
- Howl
- Words
- Teach the babies
- Omega
Do it for the kids GOD DAMMIT !