Le math-rock, un style qui regorge de duos au talent fou tels que Hella et son incroyable batteur Zach Hill (Death Grips, Bygones…) ou encore coté français les très jazzyCheval de Frise. Fou c’est en effet le terme le plus à même de qualifier cette mouvance toujours inconnue du grand public. Alors que les Battles et leur célèbre « Atlas » ont réussi à percer la brèche, la partie visible de l’iceberg reste toujours bien maigre. Encore trop jeune ? Le genre existe pourtant depuis le début des années 90′ avec des pionniers comme Don Caballero. Trop difficile d’accès ? Sans doute, le math-rock n’est en effet pas une musique donnée à tout le monde. Ce genre principalement instrumental, non médiatisé, se découvre généralement après quelques bonnes heures de recherche sur internet et il en va de même pour les groupes qui le constituent. Entre jazz et rock progressif le math-rock souvent affilié à son cousin post-rock cherche encore ses marques ce qui lui vaut de faire partie de ces styles expérimentaux qui nourrissent la plume des journalistes en herbe.
Aujourd’hui focus sur Giraffes? Giraffes!. Drôle de nom me direz vous pour les deux artistes que sont le guitariste Joseph « Joe » Andreoli et le batteur Ken Kennerson. Après la sortie de Superbass !!! (Black Death greatest hits vol.1) en 2005, un premier album qui pose les bases de leur musique, les californiens originaires du Massachussets nous embarquent dans un deuxième opus dont la pochette laisse présager le contenu : More Skin With Milk Mouth donne en 5 titres une véritable leçon de musique et propulse G?G!, à l’instar d’un Tera Melos, au rang de groupe incontournable sur la scène math-rock.
Si je vous parle de ce combo au talent incontestable c’est bien entendu pour en venir à sa dernière production. Sortie en octobre 2011 elle n’a pourtant fait que peu de bruit et Unknow Music se devait de rectifier le tir. Qu’attendre de cette nouvelle galette ? Pink Magic, à voir l’artwork réalisé par Ken et Lindsey Palatino les deux gars de Santa Cruz ne semblent pas manquer de ressources. Le CD rentre dans le lecteur, play, sursaut ! « Es And Em And Em And Ems » un fracas d’une minute vient nous réveiller pour donner le ton. Sans trop tarder on arrive sur « Scorpion Bowls At The Hong Kong », cette deuxième piste nous en dit déjà un peu plus sur l’évolution du groupe car oui, évolution il y a. La texture du son a bien changé, oubliez l’aspect garage voir un peu brouillon des albums précédents. Certains le regretteront, d’autres en seront satisfaits, cet opus est mieux produit. Une seule certitude : ca sonne ! Passons le titre suivant, « Totally Boneless !!! » porte bien son nom et reflète l’esprit G?G!. Un titre en deux parties se dresse alors devant nous, « Wherewolf Grandma With Knives » est une des curiosités de cet album. Sa première partie ambiente fait office d’introduction à un morceau percutant qui s’ouvre de façon presque métallique. Riffs rock’n’roll et rythmes enflammés sont au rendez-vous. Nous sommes déjà à mi-chemin quand arrive « Koscinski’s Requiemn For A Golden Chariot ». Ne cherchez encore une fois pas de sens au titre.G?G! est un groupe à l’univers psychédélique, aussi vrai que sa musique est intense et travaillée. Alors que la malédiction du cauchemar de la dent (« Curse Of The Tooth Nightmare ») s’abat sur nous l’atmosphère joyeuse et festive de ce duo enragé surgie non sans rappeler un certain « A Quick One, While She’s Away » à écouter sans modération. La deuxième partie de l’album est certainement la plus intéressante et on ne restera pas insensible au final de ce morceau, ni à la piste suivante. « Transparent Man/Invisible Woman (80,000,000 Years Alone) » marque le retour de quelques touches de vibraphone et apparaît comme une transition à la douceur infinie vers l’ultime « DRGNFKR », une claque de 7’30″. On sent bien qu’aucune note n’est là par hasard, la rythmique tirée dans tous les sens semble le hochet du beau bébé qu’est Pink Magic. Les ambiances s’enchaînent sans répit jusque dans un dernier souffle, comme un vent qui pourrait flotter derrière le passage de deux girafes en folie.
Approcher un nouveau son tout en gardant l’originalité des débuts était sans doute le pari réussi de cette très bonne sortie. Les fans de la première heure ne seront pas déçus et les nouvelles oreilles conquises. On espère voir enfin Giraffes? Giraffes! dans les salles françaises, 2012 sera peut être une année ruminante !
Mais c’est excellent ce groupe, moi qui voue un culte au premier album de DON CABALLERO, je m’y retrouve complètement. Léger, aérien, complexe…
Tu aurais d’autres noms à me conseiller dans le genre ?