Entre nous, il était logique d’attendre ce nouvel album du « génie » Steven Wilson sans trop nourrir d’espoir, après avoir été comme moi désappointé, et même déçu par son album solo Insurgentes (contrairement à mon camarade Joss qui avait signé une chronique dithyrambique), et son dernier album de Porcupine Tree, The Incident. Les signaux étaient à l’orange, et pourtant allez savoir pourquoi, je le sentais bien ce nouvel album. Peut-être l’effet collatéral de l’excellent Heritage de Opeth, sur lequel Wilson avait bossé avec Akerfeldt. Quoi qu’il en soit, je ne m’étais pas trompé, tant ce Grace for Drowning est un petit bijou de rock progressif jazzy.
Nul doute que la qualité de cet album tient au fait qu’il représente à mon sens la synthèse parfaite de toutes les influences de Wilson. On sent en effet que le travail du maître sur le remaster du In the Court… de King Crimson a laissé des traces, lui permettant de se replonger dans les oeuvres d’un groupe qui l’a naturellement grandement marqué. Et ça s’entend plus que jamais sur Grace for Drowning, qui laisse parler les cuivres et les passages crimsoniens, pour notre plus grand plaisir.
Wilson réussit l’exploit de réconcilier l’esprit des années 70 avec la modernité de 2011, en proposant des passages tous riffs dehors (comme sur « Sectarian », sans doute le titre le plus proche de l’oeuvre de Porcupine Tree), des cuivres donc, sur un double-album (face A et face B comme autrefois), pour près de 84 minutes qui passent en un clin d’oeil. On ne s’ennuie jamais, et voilà une vraie gageure sur un album de cette longueur. Même les titres-« fleuve » que sont « Remainder the Black Dog » et surtout « Raider II » (LE gros morceau de l’album avec ses 23 minutes) captivent et transportent au gré des changements de ton et des variations que propose Wilson. Il n’y a que le titre conclusif « Like Dust I Have Cleared From My Eye » qui semble en deça du reste, mais son placement judicieux en fin d’album lui permet de passer quand même comme une lettre à la poste.
On notera que le premier disque est plutôt sans surprise quant au ton et au registre « calme mais serein » qu’on connaît chez Wilson, là où les premiers titres du deuxième disque surprennent davantage en présentant des tonalités plus sombres et menaçantes, qui flirtent parfois presque avec du Massive Attack (l’excellent « Index »).
Après un carrefour 70’s sur lequel se sont désormais retrouvés Opeth et Steven Wilson, on attend désormais impatiemment de jeter une oreille sur le projet commun de Wilson et Akerfeldt.
Well done Steve!
http://www.youtube.com/watch?v=BC_TCH3WZFs
Tracklist :
Disc 1 (Deform to Form a Star):
1. Grace for Drowning
2. Sectarian
3. Deform to Form a Star
4. No Part of Me
5. Postcard
6. Raider Prelude
7. Remainder the Black Dog
Disc 2 (Like Dust I Have Cleared From My Eye):
1. Belle de Jour
2. Index
3. Track One
4. Raider II
5. Like Dust I Have Cleared From My Eye
J’ai peu d’écoutes au compteur pour l’instant mais il est vrai qu’il y a pas mal de passages assez forts. Certains mouvements de Raider II restent bien en tête. Je trouve cet album un poil surprenant, Wilson prends quelques chemins auxquels il ne nous avait pas habitués. Et pour l’aspect crimsonien, c’est peut être aussi renforcé par la présence de Pat Mastelotto, Tony Levin et Trey Gunn, qui ont, à un moment donné, fait partie du Roi Pourpre. Ça s’annonce bien, le concert de ce soir!
Très très bon cet album, même si quelques titres sont un peu mous, ceux qui explorent des registres entre metal prog, jazz et prog crimsonien sont superbes, à commencer par le morceau fleuve « Raider II ».
J’aime vraiment ce disque , le seul petit défaut qu’on pourrait lui trouver est que certaines influences Crimsonniennes ne sont pas assez dirigées mais il faut comprendre Wilson, tout occupé à la (superbe) remasterisation des disques de KC.
Sinon c’est un sans faute , et même si ce n’est pas hyper original, ça finira sans nul doute dans le top 5 annuel