Krater – Urere

1 Commentaire      3 971
Style: Black metalAnnee de sortie: 2016Label: Eisenwald Tonschmiede

La caractéristique première de ce webzine étant d’être à l’écoute de ses lecteurs, il me faut prendre la plume pour répondre aux nombreux courriers que je reçois de plus en plus fréquemment. En effet, beaucoup parmi vous formulent le souhait de voir chroniquer un bon album de black qui ne les empêcherait pas de dormir tout en leur évitant de passer pour un baltringue qui ne supporterait pas un certain niveau de noirceur. Ça n’est pas encore aujourd’hui que je vais permettre à Black fucking cancer de dominer le monde mais j’accepte tout de même la mission. Si vous voulez vous lancer dans la transcription musicale de la haine de l’humanité sans pour autant frôler la nausée, j’ai peut-être ce qu’il faut. Du classique, bien produit, un peu torturé mais souvent mélodique qui vous permettra d’apparaitre aux yeux de votre entourage comme une personne pas gentille (le genre qui n’ira probablement pas voir les Kids united en concert) mais qui n’ira pas jusqu’à enfreindre les lois du savoir-vivre le plus élémentaire (le genre qui n’ira probablement pas jusqu’à écraser un des Kids united qui s’est cassé la gueule en trottinette en plein milieu de la chaussée). Comme je n’ai pas non plus que ça à foutre, je ne suis pas allé chercher bien loin l’heureux élu. Mais je me suis tout de même dit que la Scandinavie aurait été trop prévisible. C’est donc l’Allemagne qui décroche le pompon.

Le niveau global du pays en la matière ne mérite pas plus d’une phrase – qui est d’ailleurs celle que je viens de commencer et m’apprête à finir. Pour autant, j’ai quand même voulu assurer en tapant dans le groupe qui n’est pas né de la dernière pluie acide. Depuis sa création en 2003, les Allemands de Krater ont sorti 2 démos, 2 splits (avec les inconnus Silberbach et avec les un peu connus Lathspell) et 2 albums (Das relikt des triumphes en 2006, Nocebo en 2011). N’allez pas sauter en plafond en vous disant que vous devez vous ruer sur toute la discographie car, selon moi, tout ce qui précède cette sortie 2016 relève, au mieux, de l’honnête.

Concentrons-nous donc sur ce 3ème opus qui surpasse largement ses prédécesseurs. Urere s’inscrit ainsi dans une tradition nord-européenne qui évite à l’auditeur d’être lassé au bout de 5 écoutes grâce à une variété de chants, de  tempi et d’ambiances qui cohabitent assez mal lorsque le talent n’est pas au rendez-vous. Trop nombreux sont les groupes à ne pas être capables de proposer plus de 2, 3 titres forts tous les 2 ans. Krater, eux, prennent leur temps (un album tous les 5 ans). Et ça paie. On a droit à de bons breaks bien couillus (« Flammen im vakuum » au solo qui transpire une maitrise technique supérieure à la moyenne du genre) ou, au contraire, à des envolées doom death mélodiques (« Dust – still alive in that place »). Si des passages « modernes » et bien groovy (« Vexillum luciferi »), voire thrash (« Hunger of ropes ») peuvent attirer les fans de metal peu craintifs, le très direct (et très suédois) « Anti-vists » ou le côté dark metal torturé de « Nerven-gift » interdiront sans doute à l’album d’être nommé aux victoires de la musique.

On ne compte qu’un seul titre dispensable, « Lust to burn ». Le groupe ne doit pas avoir de regret, ça n’est pas à cause de ce dernier qu’ils n’atteignent pas les plus hautes marches du podium. La petite remontrance, en effet, que je ne peux manquer de formuler est le côté « déjà entendu ». C’est un défaut qui revient souvent, bien évidemment, et il m’arrive parfois de ne pas le répercuter sur la note. Je n’ai pas réussi à passer outre avec Urere. Pour autant, on est en présence d’un album bien au-dessus de la majorité des sorties 2016.

 

Site officiel

[bandcamp width=100% height=120 album=1809780505 size=large bgcol=ffffff linkcol=0687f5 tracklist=false artwork=small]

 

Chroniqueur

Darkantisthène

Il est né, il a chroniqué, il est mort, aurait pu dire Heidegger si... j'étais mort, si Heidegger était vivant et s'il s'était intéressé à ma prose autant qu'à celle d'Aristote. Et il n'aurait pas été à une connerie près le père Martin parce qu'avant de chroniquer, et après être né, figurez-vous que j'ai vécu ; et écouté de la musique.

darkantisthene a écrit 276 articles sur Eklektik.

Up Next

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

Commentaire

  1. letatar says:

    Groupe découvert au hasard d’un clic sur leur vidéo pour « Flammen im vakuum » (quelques minutes avant la publication de ta chronique), plutôt une bonne surprise. Certes on reste en terrain connu mais comme tu le dis c’est suffisamment travaillé et varié pour y trouver de très bons moments sur pas mal de titres. Achat prévu, je vais pas faire mon difficile !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *