Patient n°6 : Hutchinson Suicide
Origine :
Allongé sur une table d’opération, la première démo de ce jeune groupe originaire d’Aix en Provence et formé en 2001 fait l’objet d’une autopsie approfondie. Sous les pâles lumières du bloc opératoire, les blouses blanches commencent l’opération à livret ouvert. Les premiers coups de scalpel laissent apparaître un packaging original avec son artwork épuré. Entre les murs d’un vert cireux résonnent les premières notes d’un hardcore sauvage et les premières gouttes de sang perlent à nos oreilles.
Antécédents :
Les antécédents des 5 musiciens sont éloquents. Hutchinson Suicide est issue d’une greffe entre la cession rythmique prélevée sur le cadavre d’un Romeo is Bleeding encore frais et de l’amputation d’un membre du défunt Scornless. Cette opération fût un succès et le groupe profite de sa période de convalescence pour accoucher des 7 titres de ce disque. Le hardcore torturé de Hutchinson Suicide puise ses influences du coté des guitares tranchantes de Botch, de l’énergie screamo d’un Knut ou encore de l’intensité rock d’un Romeo is Bleeding.
Pathologie :
L’opération s’annonçait facile et le sample electro qui ouvre l’album semble confirmer nos attentes. Très vite les guitares font entendre leurs mélodies abrasives et le chant entre en scène dans une déflagration sonore. Et lorsque les instruments s’affolent, une barrière invisible se dresse entre notre cerveau et ces hurlements braillards et monocorde. Le sang gicle sur le carrelage immaculé à l’écoute de ce « MDM ». Si le patient parait souffrir d’une production quelque peu approximative comme c’est souvent le cas pour les premières démos, le mal semble plus profond. En effet le chant d’une froideur toute chirurgicale phagocyte l’ensemble du groupe et il faut faire un véritable effort pour ne pas abandonner ses bistouris et poursuivre l’opération.
Malgré ce handicap, Hutchinson Suicide fait preuve d’un réel talent de composition et parvient à créer une ambiance oppressante à l’aide de larsens, de riffs intenses et syncopés. La furie des guitares d’un « Si seulement » côtoie la basse hypnotique d’un « Dernier souvenir » et son intro au rythme lancinant. Si seulement il n’y avait pas cette voix stridente et uniforme qui ne parvient jamais à se mêler aux sonorités torturées d’instruments bien trop en retrait.
Sur « Encore une fois » l’apport d’une ligne de chant clair est le bienvenu et vient rompre l’uniformité des compositions en apportant une touche pop rock à l’univers torturé de Hutchinson Suicide. Les braillements linéaires laisse place à une voix claire aux sonorités emo. Et lorsque ce n’est pas le chant ce sont les guitares qui se font plus paisible à travers de courtes accalmies mélodiques qui distillent un peu de douceur dans ce tourbillon de violence. On retrouve alors un peu du charme d’un Romeo is Bleeding et ses touches emo rock.
Diagnostic :
A la suite des 29 minutes qu’aura duré l’opération, force est de constater que le diagnostic est mitigé. Les 7 titres prélevés au cours de l’autopsie font preuve d’une énergie et d’une qualité indéniable. Mais lorsque les hurlements répétitifs viennent se loger, tel une tumeur maligne, au cœur du chaos sonore, la musique du combo s’en trouve affectée. Face à ce chant hermétique, qui fera je l’espère l’objet d’un rapide « traitement », le groupe se maintient en vie grâce à une fougue hardcore teintée de rock portée par des musiciens talentueux. Cette première demo, malgré les faiblesses de la production, n’est donc pas dépourvue de qualités et il faut espérer que Hutchinson Suicide poursuive ses explorations mélodiques sur un futur album.
Note indicative : 2,5/5
- mdm
- intro
- si seulement
- small bacon tomatoes quiche
- dernier souvenir
- fucking bitch
- je vais bien
- en attendant
- encore une fois
- le temps d’une ballade
- tu n’es plus
- tous tes rêves
C’est super reloud à lire les chroniques présentées de cette façon…
Mais non elle est bien et en tous cas orginale.