Je vais sans doute enfoncer une porte ouverte mais – et je demanderais aux âmes naïves et sensibles de se boucher les oreilles des yeux – je tiens à le dire haut et fort : les médias nous mentent. Ah pour nous rebattre les oreilles à coup de crise financière, de crise économique et de crise sociale, y’a du monde ! Mais lorsqu’il s’agit d’aller au fond des choses et de traiter la crise musicale ça se bouscule moins au portillon. C’est donc animé d’une volonté de fer que j’apporte la bonne parole : 2008 n’entrera pas pour moi dans les annales.Que des mauvais albums ? Bien sûr que non, malheureux ! Par contre de sacrées déceptions, quelques timides révélations et une certaine difficulté à trouver les 10 perles à côté desquelles ils auraient été dommage de passer.A ce propos, il y en a 2 qui me sont passées complètement au-dessus à l’époque et qui ont trôné fièrement sur mon podium 2008 : d’une part, les excellents Whitestarr et leur 2ème album de 2007 Fillith tillith proposant un rock pêchu et rafraîchissant à la croisée de feu Ugly Kid Joe, des Red hot et Aerosmith (myspace). D’autre part, les papys allemands d’And One qui, en 2006, ont signé, selon moi, leur meilleur album (Bodypop) et un incontournable de l’electro pop.
Je suis sans doute passé encore à côté de petites perles mais, foi de moi-même, si je les découvre courant 2009, je vous les claquerai en fin d’année – parce que chuis un fou !
Déceptions
Mais les déceptions – parfois cruelles – n’ont pas manqué à l’appel : AC/DC, RPWL, Metallica, Testament (Alex Skolnick de retour. Ouais et alors ?), Enslaved, Guns ‘N Roses (ridicules), The Eternal (l’ombre du premier album plane toujours autant sur le reste de leur discographie, dommage), Eisbrecher (pour avoir donné à la tuerie Antikoerper une suite aussi fade que Sünde), Oomph (pour avoir donné à la tuerie Glaubeliebetod une suite aussi scandaleuse que Monster), Kataklysm qui tourne en roue libre.
On a aussi eu droit à quelques demi teintes qui mériteraient quelques écoutes s’il vous reste du temps libre : Animus Mortis (dommage l’écart un poil trop important entre leur premier album et l’excellentissime EP qui le précédait), Anathema (dommage l’ensemble de leur absence de carrière ces derniers temps malgré leur Hindsight sympathique mais prévisible), Marillion (dommage le double album dont je ne sais toujours pas quoi penser), Moonspell, Veil, Arckanum, Crematory.
Autres
Et… après je ne sais pas. Une flopée de groupes font les 100 pas sur le pallier pour figurer dans le peloton de tête :
Rayon doom/gothic : l’assez bonne confirmation de Doom:vs, un Draconian qui redevient intéressant car moins mielleux, la très bonne tenue de Mourning Beloveth, une efficace séquence nostalgie avec le 3ème album des Portugais d’Heavenwood, une tentative de relève My dying Bridesque venue d’Europe de l’est Frailty.
Rayon black : les relents Nehemaien des battaves d’Öde, le 3ème volet des mystérieux Darkspace, l’entité mirifique Leviathan, la rage symphonique des Polonais d’Evilfeast, la confirmation du talent des Italiens de Melencolia Estatica, l’arrivée en fanfare du Portugal sur la scène black dépressive avec Ars Diavoli, un Baptism qui commence à se tailler une discographie frôlant le parcours sans faute, la bien belle proposition des Italiens de Janus de faire revivre les mélodies chères à feu Empyrium à travers une musique aux sonorités Agallochienne, les Français particulièrement prometteurs d’Annthennath ou de Dwellers of the Twilight.
Rayon rock : l’inespéré retour d’un Whitesnake en grande forme, l’incarnation de la patate Danko Jones, les newbies de Jaded sun dont les chemises pleines de sueur fleurent bon les 70 ‘s, des Backyard Babies qui retrouvent la hargne d’antan, les bluffants Belges de Triggerfinger, le déjà regretté Sean Costello
Rayon death : pour me nettoyer les oreilles Misery index, Recueil morbide, Necroblaspheme, Flesh, Thorium, Nervecell, Rotten Sound, Facebreaker ; pour prendre mon temps, Hooded menace ; pour trouver ça zouli In Mourning, Opeth.
Rayon electro : l’electro pop rock version un peu naïve d’Informatik Beyond, version plus sombre et dancefloor pour Midnight Resistance, l’electro indus version chaude bouillante de Red Cell ou version dark des Portugais d’ESC, sans oublier le parfait mélange entre Gary Numan et Depeche Mode qu’ont su créer les Américains de Ready Fire Aim, ou la véritable machine à tuer les foules Kloq.
Enfin, au rayon “on s’en cogne le jonc de la couleur de tes poils de nez”, je tiens à vous faire part de l’officialisation de mon arrivée parmi les vieux : je me suis gentiment mis au jazz. En-dehors des sentiers battus dont il est inutile de vous faire la liste, je voudrais attirer votre attention sur le jeune trompettiste Christian Scott qui pratique un street jazz particulièrement inspiré (merci pour lui).
Albums de l’année
Nyktalgia – Peisithanatos
J’étais persuadé que leur premier album serait le dernier. Quand j’ai su qu’il y en aurait un 2ème, j’étais persuadé que cela allait être un niveau en-dessous du premier. Quand je l’ai chroniqué j’étais persuadé qu’il ferait partie de mon top 2008. J’espère que vous êtes persuadé que si vous affectionnez le black dépressif, il faut vous pencher sur le cas Nyktlagia (NTL weshwesh !)
Airbourne – Runnin’ Wild
Les foufous australiens avaient fort à faire : bousculer les maîtres du genre (AC/DC) pile l’année de leur retour discographique. Pari risqué, pari outragé, pari humilié mais pari gagné ! Une véritable déflagration de bonne grosse patate au service d’un bon ptit riffing des familles. Alors quand, en plus, ça met la surmultipliée en live, on ne peut qu’être conquis par leur volonté de pérenniser une certaine notion du hard rock. La révélation de l’année.
Daylight Dies – Lost to the Living
Les esprits chagrins pourraient ne voir en Daylight Dies qu’un ersatz qui a du mal à sortir de l’ombre de Katatonia et de son Brave murder day. Pour ma part, j’y vois un excellent groupe qui se bonifie d’album en album au point d’avoir sorti avec cette 3ème sortie mon album metal préféré de 2008.
Stonerider – Three Legs of Trouble
Excellente nouvelle recrue pour l’écurie Rock N’ Roll gras et couillu made in USA. Une sacrée maturité pour des petits jeunots qui viennent grossir les rangs des hérauts d’envolées électriques grisantes. L’album hard rock bluesy de l’année.
Battle Dagorath – Eternal Throne
L’Amérique ne sait pas qu’engendrer des présidents « historiques ». Elle sait aussi aller chercher l’Europe là où elle semble intouchable, le black froid et majestueux de grande classe. Un vrai bijou
Electric Mary – Down to the Bone
Même si le premier album de ces fiers rockers n’est pas à proprement parler une bombe, je tenais à lui offrir la lumière étincelante d’un top 2008 car nous avons affaire à une vraie révélation. C’est bien pêchu, c’est inspiré, bien joué et bien chanté. L’assurance de pouvoir se réchauffer les petits petons en cadence !
Coldworld – Melancolie²
J’ai mis pas mal de temps avant de reconnaître pleinement les qualités d’un premier album qui m’avait d’abord déçu. Puis le fil des écoutes a fait son office et j’ai succombé au charme fragile de ce one man band allemand qui, en cette saison, accompagnera merveilleusement vos déprimes savoureuses et emplies de quiétude.
Totalselfhatred – Totalselfhatred
Groupe débarqué de nulle part mais composé de loustics tout ce qui a de plus impliqués dans la scène black, Totalselfehatred a trouvé la bonne formule permettant à la puissance black et à la mélancolie doom de se conjuguer à merveille. Encore une horde qui ne voit pas l’évolution du monde avec bienveillance… Ce qu’ils peuvent être pessimistes ces Scandinaves !