Pour les amateurs de Lore (2015) dont je fais partie, voir qu’Elder livrait un nouvel album cette année a été une très bonne nouvelle, même s’il demeurait toutefois une légère méfiance: le quartet de Boston est-il capable de faire mieux que ce fabuleux album ? La réponse est un grand oui, et même que ce Reflections Of A Floating World enterre carrément son prédécesseur !
Sorti en juin dernier, Reflections Of A Floating World fait partie de ces albums sur lesquels on tend à régulièrement revenir, ce avec le même plaisir. Elder signe là en effet un album incroyablement dense et accrocheur, ce qui était pourtant risqué au vu de la durée de ces six nouveaux morceaux (autour de dix minutes en moyenne). Sans pour autant bouleverser son stoner rock aux accents progressifs et psychédéliques, le groupe est parvenu à affiner son propos, nous entraînant dans un long voyage très mouvementé mais donnant de suite envie d’y retourner.
« Sanctuary » débute et c’est d’emblée le festival du riff hypnotique. Elder joue avec les textures, mêlant finesse et puissance (parfois complexe sur certains passages), le tout avec une fluidité inouïe si bien que les onze minutes n’en paraissent pas autant ! Les séquences s’enchaînent toujours idéalement, les parties instrumentales (majoritaires sur cet album) tout comme les parties chantées sont parfaitement agencées, tout comme les soli virtuoses. Un titre d’ouverture renversant, multipliant les sensations et conservant son côté épique de A à Z. Et cette impression se poursuit sur les titres suivants: « The Falling Veil » se montre pourtant d’entrée un peu plus émotionnel et fragile (avec le chant parfois à la limite de la fausseté) mais le tourbillon de riffs (de temps en temps secondé par un clavier planant) marche une nouvelle fois à pleins tubes.
Elder est vraiment très fort car sur des durées conséquentes d’une incroyable densité, le groupe ne colle aucun temps mort dans ses compos. On se laisse entraîner sans souci dans ces longues compos non linéaires, faisant se côtoyer moments éthérés et passages surpuissants avec des mélodies à tomber, meilleur exemple avec « Staving Off Truth » qui dès son intro, bouleverse à nouveau. Cet incroyable titre (contenant pourtant là aussi un chant n’apparaissant pas complètement juste) est un concentré de dynamisme épique et émotionnel (aaah ce redémarrage au mellotron seul avec sa montée en puissance suivie d’un petit passage en arpèges !). Et que dire de « Blind » et de ses treize minutes dont aucune de superflue, entre accalmies touchantes, riffs bien lourds et incroyables soli mélodiques, les multiples variations toujours bien senties font de ce titre le point d’orgue de cet album. Difficile de passer après une telle merveille, pourtant il reste encore deux titres. « Sonntag » (instrumental se révélant un peu en-deçà des titres précédents) puis « Thousand Hands » fortement appréciable tant les riffs délivrés sont enivrants (avec l’aide du clavier et d’une guitare acoustique sur un passage), Elder passant de l’un à l’autre toujours sans aucune fioriture.
Elder signe au final un album de très haute volée uniquement constitué de tubes (longs formats !). L’inspiration de ces quatre gars est ici à son apogée, tout comme l’exécution instrumentale. On ne peut que s’incliner et dire merci. Un album magistral qui devrait truster les tops 2017, il figurera vraisemblablement au sommet du mien.
- Sanctuary
- The Falling Veil
- Staving Off Truth
- Blind
- Sonntag
- Thousand Hands
Je ne sais pas comment ces mecs font mais tous leurs albums sont indispensables et oui, c’est dingue, mais il s’améliorent en plus entre chaque sortie alors qu’on pensait que ce ne pouvait pas être faisable. Ils le font. Un immense groupe.
L’album de stoner de l’année, tout bon.