Révélés en 2015 le temps d’un split avec Year Of No Light, les bordelais de Bagarre Générale ont pourtant sorti un album auparavant (en 2012, année de leur formation). Un album qui obtient enfin une suite avec ce Tohu-Bohu, sortant chez Music Fear Satan, gage de qualité. Quelque part entre post-rock et doom, la musique instrumentale du groupe prend une dimension cinématographique, du côté du péplum.
Oui vous avez bien lu ! Car au-delà des atmosphères entre lourdeur rythmique et guitares aériennes, un trombone se joint régulièrement à la fête. C’est donc ce dernier qui fait partir la musique de Bagarre Générale dans une dimension épico-martiale avec la grandiloquence de ce style de films lors de son âge d’or. « L’usage des mondes » et son quart d’heure nous offrent donc ce singulier cocktail de cuivres massifs parfaitement en phase avec ces riffs tout aussi froids et écrasants. Intéressante transition à mi-parcours, le trombone se taisant au profit d’une ambiance intrigante et plus sombre qu’auparavant avant une implacable montée en puissance où le trombone revient enfin, complétant idéalement l’hypnotique final de ce surprenant premier titre.
La « Promenade » suivante poursuit sous des auspices en apparence plus tempérées pour mieux nous achever sur des montées aux puissantes déflagrations, où le trombone se fait plus menaçant avant de se taire à nouveau quelques instants au profit d’une onde glaciale puis de revenir – discrètement d’abord – au-dessus de riffs plombés plus nerveux jusqu’à un épique final encore une fois. Enfin, les dix minutes de « Vertigo » terminent cet album d’abord dans un douloureux grésillement avant de nouveau faire contraster la majesté des cuivres avec la puissante lourdeur du post-metal, une fois de plus l’alliance est optimale et captivante (notamment le sensationnel final).
Le péplum de Bagarre Générale est au final particulièrement noir mais conserve son aspect hypnotique tout au long des trois mouvements présentés dans ce Tohu-Bohu, second album au style unique en son genre qui, espérons-le, permettra aux bordelais de signer la bande originale d’un futur film dont l’atmosphère sera aussi oppressante qu’épique et immersive. Personnellement, je signe tout de suite pour voir ça !
- L’usage des mondes
- Promenade
- Vertigo