3 ans après l’excellent Bloodlust, Ice-T, Ernie C et leur bande sont de retour pour nous balancer une nouvelle dose de rap-métal. Premier constat, la pochette est très chouette, ce qui est assez rare chez Body Count pour être signalé.
Malheureusement le deuxième constat est moins positif et allons directement au sujet qui fâche sur Carnivore : l’album ne contient en effet que 10 titres pour 35 minutes de musique. C’est un peu le service minimum sur ce coup-là. Et ce constat va d’autant plus s’imposer que l’album contient seulement 8 nouveaux titres, puisque 2 des 10 titres sont des reprises. Une reprise d’abord heureusement sympathique du « Colors » d’Ice-T qui donne un vrai coup de jeune à l’originale en la modernisant et la metallisant, puis une reprise d’un groupe de métal que Ice-T présente à nouveau comme une source d’inspiration pour son groupe à ses débuts. Rappelez-vous, c’était Slayer qui était à l’honneur sur le précédent album, et c’est cette fois Motörhead qui passe à la moulinette (avec un hommage à Lemmy au passage), avec un ultra obvious « Ace of Spades » (quelle originalité!), absolument sans intérêt tant il est repris à l’identique par BC. Il nous reste donc 8 titres à nous mettre sous la dent, pour 28 minutes, ce qui laisse vraiment un goût de trop peu.
Heureusement la bande à Ice-T sait toujours pondre des hymnes comme « Bum-Rush », titre assez irrésistible, sur lequel on ressent bien la tension raciale, qui reste le fond de commerce de Body Count, de même que « Thee Critical Beatdown » qui se situe dans la même veine et est également une belle réussite. On n’oubliera pas également de parler du final bien burné de « The Hate is Real » riche en passages thrash, qui reprend encore le thème cher à Ice-T (en gros les témoignages d’amour interraciaux sont du flan, les témoignages de haine sont au contraire très sincères – ce qui vient d’ailleurs un peu contredire son introduction sur « When I’m Gone » mais passons…).
Body Count sait aussi bien s’entourer. On a ainsi droit à d’excellents titres en compagnie d’invités spéciaux, avec d’abord « Point the Finger » sur lequel Riley Gale (Powertrip) fait des merveilles de sa voix hardcore/thrash qui se marie parfaitement à celle d’Ice-T. Clairement un des grands moments de l’album. Un peu plus loin, « Another Level » qui commence presque comme une ballade metal, est également un autre grand moment du disque, et c’est Jamey Jasta (Hatebreed) qui vient cette fois poser sa voix sur les refrains du titre. Plus surprenante, la présence d’Amy Lee (Evanescence) sur « When I’m Gone » n’en est pas moins là encore une réussite incontestable, le titre se révélant assez vite accrocheur en diable.
Dommage que quelques titres, sans être mauvais, soient tout de même plus anecdotiques et un peu trop classiques, à l’image des « Carnivore », ou « No Remorse » sur lesquels le refrain est un peu trop classique et évident (se résumant à scander le titre) pour que ces titres fassent partie des réussites de l’album.
6 titres sur 10 sont donc à situer au niveau des meilleures compos du groupe californien, c’est déjà pas mal… mais une fois l’écoute de ce Carnivore terminée, on aura quand même du mal à ne pas garder à l’esprit ce sentiment gênant de « service minimum » évoqué en début de chronique et qui ternit un peu la réussite de ce bon album qui aurait pu être excellent si le groupe s’était un peu davantage sorti les doigts.
Tracklist :
01 – Carnivore
02 – Point the Finger (feat Riley Gale)
03 – Bum-Rush
04 – Ace of Spades (Motörhead cover)
05 – Another Level (feat Jamey Jasta)
06 – Colors – 2020 (Ice-T cover)
07 – No Remorse
08 – When I’m Gone (feat Amy Lee)
09 – Thee Critical Beatdown
10 – The Hate is Real