« En avant la zizique » de Boris Vian

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Boris Vian, comme tous les génies ou au moins les esprits supérieurs, n’a connu la gloire que de manière posthume, faisant ainsi principalement des heureux au sein de ses ayant-droits. Tour à tour ingénieur, musicien, compositeur, journaliste, chroniqueur, j’en passe et des meilleures, le bonhomme a participé de manière prépondérante au Collège de Pataphysique, dont la loufoquerie a contaminé pour le plus grand bonheur des lecteurs ses écrits.

Le livre dont je parle aujourd’hui est en quelque sorte un aperçu de la vie d’une chanson, de sa conception à sa, euh… postérité ? En tous cas pour les meilleures d’entres elles car Boris Vian n’est guère tendre avec les tâcherons de la chanson. Lui-même compositeur de centaines de chansons dont les plus connues sont Le déserteur (interdite de diffusion à cause des événements algériens de l’époque), J’suis snob ou encore On n’est pas là pour se faire engueuler, conseiller puis directeur artistique notamment chez Philips, le gaillard sait de quoi il retourne pour parler de la chaine de la chanson (au sens taylorien du terme).

Tout le monde en prend pour son grade, du compositeur à l’interprète en passant par le public, et surtout, surtout, l’éditeur. Chaque participant direct ou indirect a droit à son chapitre, intitulé par un tempo différent (celui de l’éditeur étant intitulé « tempo di piratissimo », celui de l’interprète « tempo di grossa testa »…). Il décortique le métier de chaque corporation intervenant lors du processus de création/diffusion d’une chanson avec un style pétillant, frais, bourré d’inventions textuelles et de mises en page. Exemple d’introduction du chapitre concernant l’éditeur : « troisième théorème de Vian dit théorème des organes : du fait qu’il dispose de deux organes récepteurs que l’on nomme les oreilles, l’éditeur s’estime qualifié pour juger le travail d’un organe producteur, le cerveau. Il devra d’abord démontrer qu’il possède un cerveau ».

Un petit précis qui surprend par son actualité car les travers décrits par l’auteur sont encore plus criants aujourd’hui. En avant la zizique est une lecture plaisante, courte, rigolote et sommes toutes instructive de l’univers de la chanson que l’ont peut aisément transposer à tous styles de musique ; une réelle bouffée d’air frais et de crises de rires. Et avec plein de morceaux à prétention instructive dedans s’il vous plait !

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