Un album tous les deux ans, tel est le rythme que semble s’imposer The Rodeo Idiot Engine. Restant sur le bon souvenir de l’éprouvant Consequences (2013), la réception du nouvel album des basques s’est faite avec une certaine excitation et une réelle curiosité devant la nouvelle appellation donnée à leur genre: du « blackened screamo ». Alors, Malaise ou bien ?
On assiste en effet à la suite de la mutation du groupe, parti d’un mathcore virevoltant vers quelque chose de plus mélodique et sensible sur son album précédent (mais toujours entrecoupé de beaux accès de pure violence chaotique), on perd peut-être un peu en immédiateté mais on était loin de s’attendre à autant de déchirement et de douleur chez eux (en tous cas pas exprimé de cette façon !). Plus subtil que jamais, le son de The Rodeo Idiot Engine s’en retrouve donc un peu moins haché, moins touffu et ce, au profit de l’installation d’une ambiance plus mesurée, faisant même parfois la part belle aux progressions tempérées en guise d’intros (intros prenant d’ailleurs la part essentielle de certains morceaux, comme pendant « Syngue Sabour » et ses inquiétants violoncelles ou « Ildoak » et son optique postcore), progressions et mélodies souvent brisées avec fracas par des passages blastés justifiant l’adjectif « blackened » (« Passing Daemons »).
Un virage dans une noirceur émotionnelle qui sied parfaitement au groupe bayonnais, à l’instar des sublimes « Je Me Noierai », « Final Relief » ou encore de la conclusion « Thousand Of Nails » dont les émotions à fleur de peau tranchent avec puissance leur fragilité semblant désormais totalement assumée, quelque part entre Birds In Row et Celeste. On retrouve tout de même régulièrement au milieu de ce nouvel écrin de bien nombreux déversements de violence nourrie au chaos, histoire de ne pas oublier d’où on vient. Et malgré la présence de ces titres plus « calmes »/longs synonymes d’ouverture risquée qui auraient pu briser la dynamique de Malaise, ce troisième album est parfaitement équilibré dans ses contrastes intensifiant amertume et désespoir. Pas facile à encaisser, ce nouvel essai est juste superbement transformé pour les bayonnais.
- Le Parfum
- Carrying Icons
- Passing Daemons
- Syngue Sabour
- Je Me Noierai
- Ildoak
- Makurrak
- Final Relief
- Thousand Of Nails