Le saviez-tu ?
Des membres de Crypt Sermon (le batteur Enrique Sagarnaga) et Horrendous (les frères Knox) ont monté un nouveau groupe (The Silver donc), et leur premier album Ward of Roses est sorti chez Gilead en octobre 2021. Moins doom que le premier, et moins death que le second, ce projet originaire de Philadelphie est un bel exemple d’assimilation et de métissage réussis et sonne finalement plutôt comme si Horrendous et… Impure Wilhelmina s’étaient rencontrés et avaient copulé furieusement avec des black metalleux dans l’arrière-salle d’un club goth.
La pochette ne ment pas, avec ce côté romantico-gothique qui s’en dégage, et qui confirme le souhait des membres du groupe de proposer une musique extrême, certes ancrée dans le black metal, mais davantage tournée sur des textes émotionnels que maléfico-satanistes, d’où le pont avec l’univers gothique. La description peut évoquer Tribulation, et on peut confesser que la démarche se rapproche en effet dans l’esprit même si les suédois sont plus death et que vocalement les registres n’ont rien à voir.
Car si l’on a mentionné Impure Wilhelmina c’est d’abord parce qu’on découvre que les vocaux clairs de Matt Knox évoquent pas mal ceux de Michael Schindl notamment sur les très beaux passages en voix claire de « Fallow » ou plus loin sur « Behold, Five Judges » tandis qu’à d’autres moments son chant un peu décalé m’a rappelé celui du chanteur d’Extol sur The Blueprint Dives (sur « Breathe » en particulier). Mais le chant qui prédomine chez The Silver, c’est surtout celui d’un certain Nick Duchemin, leader d’un groupe appelé Nightsblood groupe qui semble ne pas avoir pour le moment de sorties à son actif (si l’on en croit Metal Archives). Proche d’un chant black, il fait aussi penser à celui de Robert Andersson de Sweven (et ex Morbus Chron donc) dans ce côté très théâtral et expressif.
L’album est assez court, 8 titres pour 42 minutes qui passent bien vite, tant l’album est fluide dans ses enchaînements gardant toujours un petit passage mélodique accrocheur sous le coude et ce malgré des titres qui peuvent, pris indépendamment, être au contraire plutôt longs : voire par exemple « Vapor » et ses plus de 9 minutes au compteur, sur lequel on craint d’abord que le groupe sombre dans le doom avec ce démarrage tout en lourdeur écrasante, avant que les développements suivants nous rassurent : le groupe accélérant furieusement le tempo quelques instants plus tard et poursuivant cette alternance qui garantit un renouvellement de l’attention de l’auditeur, pendant que Nick Duchemin s’époumone et hurle autant qu’il le peut avant de passer le témoin à son compère au chant clair pour un moment plus mélancolico-atmosphérique. Mais le groupe sait aussi se faire direct et flatteur avec par exemple l’ultra efficace et catchy « Gatekeeper », qui nous balance tout en 3min24 intenses et réussies. A noter que le groupe, comme chez Horrendous, valorise énormément le son de la basse, très audible, pour notre plus grand plaisir. Meilleur exemple certainement, « Behold, Five Judges », qui est par ailleurs peut-être avec le morceau précité, le morceau le plus réussi de l’album.
Aussi insolite que réussie, cette étonnante association de deux forces plutôt différentes vaut vraiment l’écoute, et il ne reste qu’à espérer qu’elle donnera vie à une suite dans un avenir proche. A surveiller de près donc!
Tracklist :
01 – …First Utterance
02 – Fallow
03 – Breathe
04 – Vapor
05 – Gatekeeper
06 – Behold, Five Judges
07 – Ward of Roses
08 – Then Silence…