Time Like Vines est le premier album d’un jeune groupe norvégien créé en 2000 qui a pourtant déjà commis plusieurs erreurs à mon avis. D’abord, choisir un nom de groupe aussi connoté émo, quand on ne fait pas de l’émo, ce n’est pas bien malin. En plus de cela, choisir une pochette d’album aussi fade et évoquant plutôt le post machin, quand on ne fait pas de post-machin, voilà qui n’est pas non plus très fin ni judicieux. C’est peut-être tout cela qui fait que cet album, sorti il y a déjà 2-3 mois, n’a pas fait l’objet d’une massive publicité.
Et pourtant, il est clair que l’écoute de Time Like Vines révèle un groupe à l’avenir fort prometteur.
Je suis par avance déprimé à l’idée de devoir essayer de décrire le style pratiqué par She Said Destroy… Pour faire « simple » (sic) on parlera d’une copulation réussie entre un Meshuggah, un Dillinger Escape Plan et un Crowpath. Au premier le groupe emprunte (comme beaucoup) des rythmiques syncopées aux sonorités parfois très typiques (ce riff sur « Time Like Vines »). Au 2nd le groupe emprunte une certaine folie et déstructuration avec moult changement de plans (écoutez donc le début du précité « Time Like Vines »). Enfin à Crowpath, She Said Destroy reprend cette tendance à se laisser aller à une extrême brutalité chaotique proche du grind y compris avec une voix d’une brutalité réelle.
Indéniablement vous l’avez compris, She Said Destroy, loin de verser dans l’émo ou le post-machin, fait vraiment dans l’extrême.
Comme les références précitées, précisons de suite qu’un album comme Time Like Vines est très loin de se digérer et de s’apprécier en une seule écoute. Mais évidemment comme souvent dans ces cas-là, la récompense de ceux qui persévèrent sera à la hauteur de leur effort.
Le guitariste vocaliste utilise majoritairement un timbre death, très agressif, mais il est aussi par moments, comme dans le grind, secondé par la voix hurlée et écorchée du deuxième guitariste pour appuyer encore davantage les passages les plus frénétiques…
On n’oubliera pas de parler de la batterie (dont le son de cymbale est un peu particulier) complètement endiablée, avec une légion de blasts, et une sauvagerie qui n’a d’égal que la dextérité dont fait preuve le batteur pour enchaîner les passages les plus variés. N’omettons pas de dire quelques mots du bassiste, puisque pour une fois, la basse est bien audible, et son jeu parfois en léger décalage appuie la lourdeur et la complexité de certains passages.
Si l’enrobage est extrême je l’ai dit, le groupe sait quand même, fugacement certes, laisser entrevoir un cœur recelant davantage de finesse (comme un certain fromage) qu’on aurait pu le penser de prime abord. Ainsi certains passages mélodiques en diable permettent aux morceaux de mieux laisser une empreinte sur l’auditeur qui ne manquera pas de chercher des repères aux premières écoutes. Ainsi par exemple « Der Untergeher » fait montre d’un sens mélodique particulièrement aiguisé et magnifique… C’est ce sens caché de la mélodie qui rendra tout de même la sauce plus digeste que celle d’un Crowpath par exemple.
Bon c’est vrai que tout à l’heure je rejetais toute filiation avec la scène post-machin, mais je me dois maintenant d’apporter un léger bémol qui vient notamment du bien nommé « I Sense A Tempest Arising », petit interlude de moins de 2 minutes, qui n’aurait pas dépareillé sur un album de Cult Of Luna, ou de la fin toute en mélancolie de l’excellent « Shapeshifter »… C’est dire la variété des thèmes abordés par She Said Destroy, sans pour autant jamais tomber dans le patchwork indigeste et de mauvais goût.
Au final, je le redis, voilà un album certes assez difficile d’accès, mais qui s’avère être une réelle pépite, une fois qu’on a pris le temps de s’immerger comme il le faut, à force d’écoutes. Une des meilleures sorties extrêmes de l’année assurément… Ne passez pas à côté !
- armageddon, anyone?
- time like vines
- der untergeher
- i sense a tempest arising
- beyond the borders of our minds
- joy to the world: the coming of kali
- shapeshifter
- swallow my tongue
- becoming the morningstar
- morituri te salutant
C’est marrant que j’avais vu ce CD pleins de fois dans les rayons, mais pour les raisons que tu invoques je l’avais toujours reposé. La semaine dernière alors qu’il était en occas’, je me le suis pris et je ne regrette pas … Un album assez difficile d’accès, là j’en suis à 4-5 écoutes et ça commence à sonner moins « bordélique » tout en devenant plus clair à mes oreilles … Par contre je trouve que la batterie à un drôle de son, on dirait qu’on l’a cachée derrière des coussins et recouverte d’une bâche militaire … ;o)
C’est marrant CAR j’avais vu ce CD …. pas bien réveillé la bête ce matin … ;op
je sais pas pourquoi mais je suis indécis entre adorer ou detester les voix… c’est…étrange. La musique quant à elle du peu que j’écoute est bien recherchée, ca sent l’achat tout ca…
She said elle va écouter un jour peut-être.
Le mp3 me plaît. Ca demande une certaine concentration pour suivre et apprécier les passages plus denses et rapides.