Le post hardcore est un genre à part entière aujourd’hui. Le degré d’émulation dont peuvent faire preuve certains groupes est tel que ce titre a aujourd’hui plus de sens qu’il n’en avait à ses débuts quand on se posait encore la question de savoir ce qu’il voulait bien dire. Post hardcore est devenu aujourd’hui synonyme d’un autre nom : NeurIsis. Neurosis + Isis = NeurIsis. Simple mais justifié quand dès le disque lancé, le premier riff a de fort relents de l’album Celestial de Isis mélangé au premier EP de Pelican. On se laisse donc glisser dans ce petit monde où l’on a ses repères et on accepte de se laisser bercer une nouvelle fois par ces riffs lourds et atmosphériques qui nous caresse les oreilles dans le bon sens. Ce serait toutefois un peu court de résumer Lento a un enchainement bien senti de clichés repompés à deux groupes phares. Earthen, s’il est un album sympathique, l’est aussi par sa cohérence et la variété de ses ambiances.
D’une part, quand je parle de copie de Celestial, je parle d’une émulation agréable qui n’a rien d’ennuyeuse car, à l’instar de Municipal Waste dont le talent est de reprendre des riffs très typés thrash années 80, Lento s’empare d’une identité musicale pour composer de nouvelles chansons pas si nouvelles que cela mais qui restent de bonnes chansons. De plus, Earthen n’est pas juste une succession de riffs comme Isis pouvait le faire il y a quelques années. C’est un disque aux plages ambiantes très bien senties où de douce nappe de musique vibre sous des gémissements de guitare au résultat comparable au chant des baleines (« Subterrestrial » ou le monumental « Emersion of the island »). Ainsi quand les guitares reviennent sur « Currents » elles révèlent aussi un travail sonore qui va bien au-delà de la simple répétition de riffs ondulant vers l’éternité. Tout en reprenant des éléments clairement associés à une scène, Lento affiche une capacité à générer son propre univers d’une manière originale et absolument pas lassante. Ce qui m’avait au départ paru être un clone réussi de Celestial est en fait un disque qui prend racine dans un univers de guitares lourdes pour ensuite s’envoler vers une dimension sous-marine. L’univers sous-marin inspire énormément les musiciens en ce moment et l’on retrouve bon nombre de référence à ce milieu dans des groupes influencés par le duo Neurosis / Isis. Peut-être car, c’est un des endroits que l’homme n’a pas encore complètement explorés et qu’il y réside des secrets qui fascinent l’imagination.
Ce premier album est donc un album très connoté et fortement ancré dans son époque. Post hardcore jusqu’au bout des ongles quand les guitares sont lancées et fasciné par les fonds marins tout comme le tiers de ses petits camarades. Earthen est un disque de plus dont on aurait peut-être pu se passer. Peut-être. Mais en toute sincérité, même si je n’ai pas un fixe de post hardcore à respecter par moi, je ne suis pas mécontent d’avoir pu entendre des chansons comme « Emersion of the islands » ou « Hadrons ». Earthen est un disque très engageant, plaisant à écouter, cohérent, dense et surtout très encourageant pour la suite. Sans se dissimuler derrière des prétentions cérébrales et artistique, Lento a construit sur ce premier disque une pierre d’achoppement qui laisse présager d’une architecture qui ira en se complexifiant. Isis a déjà tracé la route jusque là, Lento trace désormais la sienne dans une nouvelle direction en partant de ce même point de départ.
- hadrons
- need
- subterrestrial
- currents
- emersion of the island
- earth
- leave
Il me semble bon cet album dans le genre exercice de style, j’ai entendu bien pire et prémaché que Lento. A approfondir…
Un bon petit album,j’aime aussi assez le digi qu’ils ont sorti,difficile à garder intact mais assez original dans sa forme.
Cet album n’est pas excellent de bout en bout mais recelle quand meme quelques bonnes pistes. Je recommande plutot leur collaboration avec Ufomammut : Supernatural Cats Vol.1 bien plus réussi.