Le verre de bière de 50cl est à un euros.
Je ne bois pas, donc je n’ai pas pu profiter de ce prix si avantageux pour les amateurs (cependant le verre de « coca cola » est au même prix), mais j’imagine qu’il a de quoi attirer pas mal de personne. Tel est le propre République Tchèque. Les prix sont bas, bas, bas. Deux euros le billet de bus pour aller de l’aéroport jusqu’à Prague. Six euros le billet de train pour faire les 150km restant jusqu’à Jaromer. Quarante-cinq euros pour trois jours de festival. Autant dire que le voyage ne coute pas très cher par rapport à de nombreux autres activités que vous pourriez faire au même moment. Tout cela, alors que je ne vous ai même pas encore parler du contenu du festival. Oui, c’est aussi bien que cela. L’organisation, la qualité du son, la programmation. J’aurais beau cherché un problème, je n’en trouverais pas. Ce festival étant mon premier, on pourrait m’argumenter en retour que je suis un peu trop impressionnable. J’étais, par-contre, accompagné de personnes expérimentés dont le verdict fut tout aussi unanime : où est le problème ?
Qu’en était-il des groupes ?
Jeudi 6 août
Arrivé vers la fin de Flowers for Whores, je n’entends de loin que quelques riffs de leur metalcore et ne pénètre donc sur le site, après un temps d’attente ridicule, que pour le début du second groupe, The Lucifers Principle. La programmation est donc séparée sur deux scènes, côte-à-côte et de taille égale, séparés par un écran géant qui projette les images des trois caméras (deux manuels et une sur un bras mécanique). Les premiers groupes ont droit à une trentaine de minutes de set et plus l’on avance dans la journée, plus les sets tendent vers les quarante-cinq minutes (voir plus puisqu’Immortal jouera une heure et dix minutes le dernier jour). Il n’y a donc pas de chevauchement dans le planning. Chaque scène est préparée pendant que l’autre est occupée. La fin d’un set entraine le début d’un autre de cinq à dix minutes plus tard, en moyenne. Pas de temps de mort, pas de problème (sauf exception, voir plus loin). Le second groupe de la matinée est donc un groupe de metal moderne dont la particularité est la présence d’une contrebasse au lieu d’une simple basse. En dehors de cela, leur son pseudo death mélodique moderne est écoutable mais sans grand intérêt.
Les hostilités commencent donc pour moi avec War from a Harlots Mouth. Je ne suis pas du tout friand de leur deathcore technique sur disque mais leur prestation sera beaucoup plus mémorable de par leur énergie et leur enthousiasme. La musique du groupe est à l’image de son public, hétéroclite et désordonné. Preuve en est, le nez cassé d’un jeune homme qui sortira prestement de la fosse. Ce sera cependant le seul type que je verrais avoir des problèmes du genre pendant le festival. Musicalement, WFHM enchaîne les riffs avec suffisamment d’énergie et de conviction pour tenir en haleine le public. Leur chanteur, anciennement chez The Ocean au chant et au sampler, assure en y mettant de l’énergie et de la conviction, tout comme ses camarades. Un jour viendra où ils commenceront à écrire de vrai chansons et où il y aura plus à dire mais, pour le moment, le groupe est tout ce qu’il y a de plus efficace.
Darkane enchaîne mais malgré des balances menées par, ce qu’il semble être, l’ingénieur du son du groupe, juste avant leur entrée, le lead guitariste n’aura pas droit à la place qui lui revient de droit. Dommage pour un groupe de thrash mélodique technique. De plus, malgré la notoriété du groupe, le public semble totalement les ignorer et la fosse n’est occupée que par une poignée d’acharnées qui occupent donc un territoire large et cruellement vide. Pas très enthousiaste, l’interprétation de deux morceaux de Expanding senses, « Chaos vs Order » et « Innocence gone » suffira à me contenter mais j’espère les revoir dans de meilleures conditions en salle,s’ils se décident à venir un jour jusqu’à chez nous. De plus, leur set list est composé majoritairement de chansons du dernier album (seulement un titre de Layers of lies, « Secondary effects » et l’intro de ce même disque) que je ne connais pas encore.
Carnifex prend maintenant place et je ne resterais que peu de temps pour prendre la température du public et me faire une idée de leur deathcore. Ce groupe est-il aussi catastrophique que les morceaux de leur myspace le laisse à penser. De tout évidence : Oui ! Sorte de Suicide Silence du pauvre, le groupe incite le public a tourner en rond et fait de même avec sa musique. Des trois morceaux que j’ai pu supporter, tous son identiques et aucun riff ne ressort. Les fans sont pourtant de sorti et s’agitent follement dans la fosse. Il leur en faut peu. Mosh mosh mosh, chugga chugga chugga, bree bree bree ! Vite autre chose.
Sadus tiens ! Je connais le trio de réputation et certains de mes camarade sont très enthousiastes à l’idée de les voir. Je les comprends aisément. Old school, explosif, technique, le groupe est poussé à la vitesse maximum du début à la fin en enchaînant les brulots thrash, les uns à la suite des autres. Du coup, pour le non-initié, leur concert est un peu trop monolithique mais déborde tellement d’énergie et d’enthousiasme, autant sur que devant la scène, qu’il est difficile d’y rester insensible. Le groupe est visiblement adulé (les vestes a patch seront de sorti pendant les trois jours) et les applaudissements continueront après le départ du groupe au bout de seulement une demi-heure.
Je m’éclipse un peu ensuite pour Rotting Christ dont je verrais la fin du set. Efficace et bien acceuilli. Bon son, comme pour pratiquement tous les groupes, de toute manière. Leur concert me sert surtout à souligner l’éclectisme du festival puisque c’est ensuite Madball qui prend le relais. Le New York Hardcore passe après le Death / Black symphonique et le public se déplace juste devant l’autre scène pour applaudir de la même manière ces vétérans. N’étant pas familier des concerts de Madball et assez peu friand du style, leur set ne m’a pas particulièrement convaincu mais avait tout ce qu’il fallait d’énergie et de force pour convenir à un public de festival a l’attention flottante.
Le premier grand concert du festival fut pour moi celui d’Orphaned Land. Pourtant regardé par un public un peu endormi, leur set list, centré sur leurs deux derniers albums, sera parfaitement exécutés. Heureux de jouer et tous éblouissants à leurs instruments, les israéliens mêlent virtuosité, mélodies, bonne humeur et complexité dans un bain musical de quarante-cinq minutes jouisives et formidables. Le public rejoindra progressivement leur cause et c’est donc un bon tonnerre d’applaudissement qui conclut leur passage avec « Norra el norra ». Un succès acquis par la force de leur musique et de leur enthousiasme communicatif.
Je pars m’alimenter pendant Pain et ne reviens donc que pour confirmer ma crainte : ce groupe joue un mélange de house allemande de seconde zone et de riffs metal. Certes, je me souviens encore de la dernière chanson qu’ils ont joués : « Shut your mouth » (les deux précédentes étant « Life goes on » et « Same old song ») mais je l’extrairais bien de ma tête avec un forceps si c’était possible. Un groupe qui construit ses chansons autour de mélodies de sonneries de portable.
La suite est par contre beaucoup moins artificiel puisqu’il s’agit de Biohazard. Dès la première note de « Urban discipline », le public s’agite et saute en mesure. Le groupe n’est bien sur pas en reste puisque Billy Graziadei est énergique et expressif, saute sur les retours des deux cotés (il insiste aussi avec autant d’énergie auprès de l’ingénieur du son pour que l’on monte le son de son micro tandis que Bobby Hambel court et tourne et rond comme sur les vieux clips du groupe. Le rappel sera fera d’ailleurs au son d’un riff bien connu des spectateurs des émissions tardives de MCM et M6 : « Punishment ». Le groupe enchaîne alors avec « Five blocks to the subway », dédicacé au père de Bobby Hambel, (auteur des paroles), « How it is » et une reprise de « I ain’t going out like that » de Cypress Hill accompagné d’une quinzaine de demoiselles invitées à monter sur scène par Mr Seinfeld. De quoi faire parler du groupe jusqu’à la sortie de leur prochain album annoncé à la toute fin de ce concert.
Brutal Truth remplace ensuite Cynic (les grindeux étaient censés conclure la journée) et ceux-ci se font un plaisir de profiter du temps qu’on leur donne pour enchainer blast, après blast, après blast, après blast. Le public, encore une fois un peu endormi (ou fatigué par toute l’énergie déployé devant Biohazard?) ne fera pas décoller leur concert, ni même la qualité sonore, en dessous de la moyenne pour ce festival. Le concert restera par contre surement dans les mémoires à cause de la présence d’un handicapé, venu apprécier le concert sur le côté de la scène, qui roulera sur la scène pour headbanger avec le groupe. N’ayant plus qu’un bras, il tombera alors de son siège et continuera tout de même de remuer jusqu’à ce que quelqu’un vienne le chercher pour le ramener dans son fauteuil en dehors de scène. Un spectacle étrange pour tout autre groupe qui semblera toutefois presque « normal » pour un groupe comme Brutal Truth. Après tout, Kevin Sharpe s’effondrera bien, peu de temps après, avec un micro dans la bouche , en continuant de gueuler …
Arrive ensuite le tour de Turisas et je pars prendre un peu de repos sous une grande tente pour accompagner mes compagnons dans la consommation d’une bière salutaire. Pas de « Battle metal » pour moi. De même, bien que j’ai assisté au set de Mithras, leur death technique à la Morbid Angel m’a laissé assez froid. Le groupe est pourtant précis et original dans le genre. Le bassiste communique avec le public tandis que le guitariste se concentre sur sa guitare d’extra terrestre pour en extraire des mélodies pour le moins originales. Tout cela n’incitera pas pour autant beaucoup de réponse de la part du public.
Le rôle de héros de la journée revient donc à Cynic pour qui le public est venu en masse. Le groupe a souffert quelques déboires en venant puisque les effets de Paul Masdival était resté à Londres tandis que le groupe prenait son avion pour venir jusqu’en République Tchèque. Leur concert prend donc un bon quart d’heure de plus a démarrer, le temps que Masdival finisse ses branchements, sous les appels du public qui scande déjà le nom du groupe avant même qu’une note ne soit joué. Heureusement, l’attente est à la hauteur de qui nous est offert. Le set est par contre presqu’intégralement tourné vers le dernier album et seulement deux chansons de Focus seront interprétés, « Veil of maya » et « How could I » en rappel. Tout est parfait. L’alchimie entre les musiciens est excellente et permet aux mélodies incroyablement complexes de s’exprimer avec clarté. De plus, bien que les nouveaux titres affirment de plus en plus l’influence que le jazz fusion du Mahavishnu Orchestra a sur Cynic, les chansons ne manquent pas d’une énergie metal communiqué par la puissance des riffs. La dévotion dont on fait preuve les fans venus en masse sera donc due-ment récompensé. Toutefois, du fait du retard et de l’heure tardive (le concert prend fin à deux heures du matin) le groupe décide d’écourter son concert. Le public s’efforcera donc alors d’applaudir, quitte à faire revenir une première fois Masdival sur scène pour de simples remerciements, puis une deuxième fois avec le reste du groupe pour ce fameux « How could I » qui conclura magistralement la soirée.
Ce n’était alors encore que le premier jour.
Vendredi 7 août
La deuxième journée débute pour moi avec Obscura, nouveau fleuron du death technique avec un grand D, de l’écurie Relapse. Le son est encore une fois très bon et les manœuvres complexes des musiciens ressortent avec assez de clarté. Le jeu du bassiste est particulièrement impressionnant de même que l’âge des musiciens qui ont tous l’air de gringalet (je sais les reconnaitre, j’en suis un). Les mélodies sont fameuses et font la richesse du groupe tandis que les passages plus violents sont un peu trop explosais pour faire hocher simplement la tête. Obscura a néanmoins un bel avenir si j’en crois les applaudissements qu’ils ont reçus ce matin-là.
J’évite ensuite le black metal symphonique banale de Agathodaimon ainsi qu’un bon début de Psycroptic (déjà vu à Paris avec The Black Dahlia Murder) pour me réfugier du soleil. Quand j’arrive vers la fin les australiens sont néanmoins en forme et leur musique ressort avec presque autant de précision que sur leur dernier disque qui sera privilégie dans la set list. Toujours agréable, autant sur disque que sur scène, les australiens continuent d’impressionner et ce ne sont pas les réflexions moqueuses de certain qui crie « Yeah, Cryptopsy » à la fin de leur set qui feront rougir le groupe, digne héritier du son des québécois perdus en cours de route dans le deathcore.
Negura Bunget a bien changé et ne reste donc que le batteur originel et la clavièriste du dernier album pour continuer la route avec de tout nouveaux musiciens. On aurait donc pu douter de la capacité de cette nouvelle mouture à prendre de suite la relève. Fort heureusement, malgré les petits problèmes de son liés à la complexité de leur musique, plus propice à un concert en salle et non en plein air, (deux guitaristes dont un chanteur, un bassiste, un batteur, une clavièriste, un joueur de flûte de pan et un percussionniste/chanteur), la légende perdure. Mieux encore, un nouveau titre d’au-moins dix minutes est introduit par un solo de flute de pan et laisse entrevoir un futur encore plus complexe encore plus ancré dans la musique roumaine.
Je regarde un peu Vomitory dans un coin tant leur brutal death me laisse complètement froid et je me prépare à la venue de Gadget. Ca fait très longtemps que j’ai envie de voir ces grindeux suédois et ils ne décevront pas. Le chanteur souffre pourtant d’un problème à la jambe qui l’oblige à se tenir sur une béquille la plupart du temps. Malgré cela, celui-ci s’époumone dans le micro tandis que le groupe propulse le set dans une orgie de chansons grind tout aussi puissantes les unes que les autres. Sur scène, la puissance de feu du groupe est beaucoup moins communicative que s’ils jouaient dans une petite salle mais leur set est tout de même bien satisfaisant malgré un public plutôt inactif. A noter aussi que les deux nouveaux morceaux, extrait d’un split à venir avec Phobia, laisse toujours augurer du meilleur.
Détour maintenant vers le metal market pendant Grave et retour devant les scènes pour apprendre que Dagoba annule sa venue à cause d’un accident de van. Ils promettent alors déjà de revenir pour le prochain Brutal Assault et quelques personnes devant la scène font entendre leur déception. Ce sera donc le seul temps mort du festival puisque les deux scènes sont alors préparées en même temps pour les deux groupes à venir, à droite Atheist et à gauche Beneath the Massacre.
C’est d’abord au tour d’Atheist mais ceux-ci rencontrent de gros problèmes techniques qui amputent leur set d’un quart d’heure et se prolongent même quand le groupe commence son premier titre et les obligent à le recommencer. Fort heureusement, Kelly Schaefer et le reste des musiciens sont très en forme et assurent parfaitement tous les morceaux, de « Piece of time » à « Air ». Atheist offre un set à l’inverse de celui de Cynic, sautillant, explosif mais tout aussi éblouissant techniquement. La perspective d’un nouveau disque, annoncé en fin de concert, est donc d’autant plus enthousiasmante qu’avec les nouveaux musiciens qui accompagnent Tony Choi et Schaefer le groupe a encore de beau jour devant lui.
Après avoir fait l’impasse sur Vreid et November’s Doom, qui auront assurés de très bons concerts d’après ce que l’on m’a dit, je reviens sur le site du festival pour découvrir encore une fois Tony Choi sur scène et Kelly Schaefer dans le public qui parait faire dix ans de plus que quand je l’ai quitté à la fin du set d’Atheist. Pestilence en est à la moitié de son concert et leur death metal progressif bien plus brutal et beaucoup moins subtileque celui de ses deux compagnons reformés et présent sur le festival. Les titres de Testimony of the ancient, Spheres et de Consuming impulse (« Out of the body ») s’enchaînent pour le plaisir du public qui chante le nom du groupe. Je ne retiendrais par-contre de ce concert que la voix de demeuré qu’à le chanteur / guitariste dès qu’il parle au public. Sympathique à voir en festival mais loin derrière leurs camarades de la même époque.
Brujeria prend ensuite le relais avec rien de moins que Jeff Walker de Carcass (avec son chapeau de cow-boy) à la basse et Shane Embury (avec sa coupe de cheveux étrange qui dépasse du foulard qui entoure son visage) à la guitare. Le duo de chanteur masqué mené par Juan Brujo annonce les hostilités en s’adressant uniquement en espagnol au public (le second chanteur traduira cependant parfois quelques phrases en anglais) et nous traite de « pendejos » (fils de pute) ce qui a le mérite de changer des sempiternelles « motherfucker » des autres groupes. Je ne suis pas du tout rentré dans leur concert mais je devais être un des seuls. Le public scande le nom du groupe (une règle plus qu’une exception dans ce festival) et reprends les paroles en coeur de titres comme « Vayan sin miedo », « Division del norte », « Anti-Castro », « La ley del plomo », « La migra (cruzando la frontera II) » ou « Matando güeros ». Quarante-cinq minutes de concert et une conclusion un peu étrange puisque le groupe entame leur reprise de la Macarena (« La Marijuana ») et s’éclipse ensuite alors que la fin de la chanson tourne en play back. Une manière comme un autre de tromper les attentes.
Changement totale d’atmosphère ensuite pour Opeth qui privilégiera des titres plus death et moins « folk » à l’exception d’un titre de « Damnation » et du début d’une reprise de « It’s been awhile » de Staind (très vite interrompu par Akerfeldt qui concédera qu’ils viennent surement de perdre une centaine de fans). Deux morceaux du dernier album, « The Leper affinity » de Blackwater park et deux passages prog / psyché rondement menés. C’était la première fois que je voyais Opeth en concert et tout s’est déroulé comme on me l’avait raconté à maintes reprises. Mickael Akerfeldt raconte des blagues, le groupe est enthousiaste, le son est propre. Tout est donc en place pour passer un très bon moment .
Je repars ensuite manger pendant que le concert de Testament est reçu avec joie par un public en furie. Le groupe est très populaire par ici et l’adulation qu’il leur est porté fut récompensé par un concert qui m’avait tout l’air d’être bien efficace. N’étant ni familier du groupe, ni attentif (je regardais la préparation de l’autre scène pour le concert d’Ulver) je ne peux en dire beaucoup plus. Le concert d’Ulver ayant déjà fait l’objet d’un compte rendu détaillé, cela conclut donc celui de ma journée du vendredi, tout aussi satisfaisante que la précédente.
Samedi 8 août
Dernière journée du festival et entrée en matière avec le cross-over de Gama Bomb. Beaucoup de thrash, un peu de heavy et beaucoup d’énergie. De quoi commencer la journée tranquillement en headbanguant au soleil. Celui-ci aura été au rendez-vous pendant toute la durée du festival. Pas une goutte de pluie. Juste un petit vent frais par moment pour apaiser le crâne rougit des festivaliers. Je finirais d’ailleurs par acheter une casquette a un stand pour pouvoir tenir le choc vu que tout mon visage a déjà bien profité des rayons (hier, des petites filles tchèques que j’ai croisé hors du festival s’étaient foutus de ma gueule en pointant du doigt mon visage). Très bien accueillis pour une heure aussi matinale, Gama Bomb enchaîne les titres dans des fringues typés années 80 et référence même des films d’actions de l’époque (« cette chanson parle de Jean Claude Van Damme, elle s’appelle Time bomb » et « vous connaissez Robocop ? et bien cette chanson s’appelle « O.C.P. »). Pas de prise de tête et surtout un très bon présage pour les groupes suivants.
Je survole ensuite le doom a chanteuse de Ashes You Leave pour me restaurer et attendre le set de The Red Chord. Je remarque d’ailleurs que toutes les anecdotes de bouffe de mauvaise qualité sur les festivals ne se sont pas propagés jusque dans les cuisines des stands du coin puisque j’ai pu manger équilibré à tout les repas. Bref, une fois les américains montés sur scène, ils ne semblent pas être connus dans le coin et sont accueillis par des applaudissements timides. Fort heureusement, le groupe aura tôt fait de convaincre tout de même avec un concert égal à leur réputation, puissant, compact et servis avec de grands sourires. Leur mélange de death, de grind et de hardcore a beau être associé à la scène deathcore, The Red Chord a bien plus d’atout dans sa manche que les mécheux mosheurs qui se sont découverts un beau matin une passion pour Suffocation. Tout leurs albums sont passés en revue (dont un « Dreaming in dog years » en avant dernière place) et bien que le set du groupe soit identique à leur concert parisien, ce groupe est trop jouisif pour que je reste en place ne serait ce qu’une seconde. A noter que la nouvelle chanson interprétée ce jour comporte un riff typé postcore, preuve que sans se compromettre, The Red Chord évolue à chaque disque.
Cripple Bastards prends la suite et ne fait pas baisser d’un cran l’intensité avec un grind / crust chanté en espagnol des plus sympathique. Je ne suis, par-contre, vraiment pas rentré dans leur set sans pour autant avoir senti le besoin pressant de m’éloigner de la scène. Un concert en demi teinte pour moi qui sera pourtant bien accueilli. Le groupe se fera même prendre en photo à la fin de leur set avec le public en fond pour commémorer ce passage en république tchèque.
Je ne m’intéresse ensuite pas du tout à Ador Dorath et ne revient que devant la scène pour attendre The Faceless. Planetary evolution était un de mes disques favoris de la fin de l’année 2008 et j’attendais de voir ce que donnait ces jeunes gens sur scène. Ceux-ci ont l’air un peu endormis ou alors trop fatigués par leur voyage et ne feront donc pas preuve de beaucoup de vivacités; bien que ce soit l’anniversaire du guitariste blondinet (23 ans !). Cependant, le public est trop heureux de les accueillir pour s’en soucier puisque leur nom sera même scandé avant le début du concert. Le groupe passe pour la première fois en République Tchèque et pour la deuxième fois en Europe et peut donc être assuré que beaucoup de gens attendent maintenant à leur retour. Leur concert me décevra malgré tout, la faute à des guitares trop en retrait par rapport à la basse ce qui est un peu un comble pour un groupe dont l’intérêt principal est l’interaction des deux leads guitaristes.
Je passe ensuite au-dessus de Ghost Brigade, Evile et Hate Eternal (dont le set sera, parait-il gâché par le pire son de tout le festival) pour ne revenir que pour le set Raunchy en attendant celui de Misery Index en mangeant une crêpe (1,5 jeton pour une crêpe nutella avec de la chantilly et du chocolat en prime ce qui équivaut à 1,70 Euros en gros, faîtes mieux que ça !). Le set des neo metalleux suédois sera à l’opposé de celui de Misery Index. Mélodique, artificiel et chiant à mourir. Le public est assez restreint devant leur scène tandis que d’autre commencent déjà à se réunir devant celle où se prépare Misery Index. L’enchaînement est d’ailleurs pratiquement immédiat et cinq minutes suffisent entre la fin de la dernière chanson de Raunchy pour que les death grindeux prennent position pour un concert sans concession. Beaucoup de titres de Traitors (« Traitors », « Ruling class canceled », « Theocracy » …), seulement un de Discordia (« Conquistadores » en conclusion) et aucun temps mort entre les morceaux puisque le bassiste et le guitariste alterne pour parler au public. J’avais été un peu déçu par leur prestation à Paris avec Despised Icon mais j’ai enfin compris tout le bien fondé de la réputation scénique de ce groupe.
C’est maintenant le tour de Anaal Nathrakh et le groupe est très attendu. A peine l’intro d’In the constellation of the black widow et le premier titre du même disque interprétés que le chanteur s’adresse au public pour les remercier sincèrement d’être venu. A mille lieux de l’image que l’on peut se faire d’eux, Anaal Nathrakh joue avec enthousiasme sans aucune trace de misanthropie déplacée tout en enchaînant des titres aussi enjoués que « The final absolution », « Do not speak », « The Lucifer effect », « Submission is for the weak » et »Pandemonic hyperblast » en conclusion. Le son est puissant et l’impact grind mêlé aux mélodies black metal se mêlent avec suffisamment de force pour que les chansons ne manquent pas de consistance par rapport à leurs versions studio. Un des grands moment du festival qui promet un retour en force l’année prochaine tant le public était enthousiaste et le groupe heureux de jouer pour eux.
De retour au metal market pendant Atrox pour faire les dernières emplettes et je suis de retour pour prendre ma dose de Suffocation. Je ne suis d’ailleurs pas le seul puisque quand le concert commence tout le par-terre, de la fosse jusqu’aux petites collines qui surplombent le festival, ont les yeux tournés vers les géants du brutal death. Frank Mullen, chanteur du groupe, parlera de 10 000 personnes et je pense qu’il n’était pas loin du compte. L’événement est effectivement de taille. Le groupe joue depuis vingt ans et fête donc dignement l’évènement en ne jouant que des morceaux de leur dernier et de leur premier album. Le son est tout simplement massif et ultra précis. Toute la technique du groupe apparait dans un enchainement de titre fulgurant et dévastateur. Du grand Suffocation ! C’était pour moi ma première expérience du groupe en concert et je ne regrette pas une seule seconde du spectacle.
En comparaison, le concert d’ Immortal juste après, pourtant observer par tout autant de personnes, parait terne et un brin chiant. Tout les grands titres sont pourtant là et le son est excellent. Abbath ne se prend pas au sérieux et joue un peu avec le public, s’adresse à lui en l’appelant « Ladies and motherfuckers », crache du feu, marche en crabe … Quelques fans se sont peinturlurés pour l’occasion et un autre a même amené un panda en peluche peint aux couleurs des membres du groupe (celui-ci sera d’ailleurs filmé sur le grand écran pour que tout le monde puisse en profiter). Une heure dix de concert avec un rappel conclu par « Battles in the north » et « Blashyrkh (mighty ravendark) » servis d’un son niquel pour un très bonne conclusion de festival, en ce qui me concerne, bien qu’il se prolonge ensuite par Walls of Jericho (grosse énergie et bon son pour le peu que j’en ai vu), Marduk (son de merde d’après ce que l’on m’a dit), Skepticism (son véritablement énorme, encore une fois, d’après ce que l’on m’en a dit) et enfin Eternal Deformity.
Dire que ce festival était génial est un euphémisme. Seuls quelques concerts étaient déservis par un son de mauvais qualité L’organisation était sans accro, le déroulement des journés constamment animés et les prix attractifs. Si la programmation continue a être aussi éclectique il n’y a pas de doute que j’y retournerais encore l’année prochaine. Dommage tout de même que si le festival continue a grossir il ne pourra plus accueillir autant de spectateurs dans le même cadre.
Les é/er boudiou!
Sinon agréable à lire même si c’est pas le style de festival que j’irais visiter!