L’Arnaque
Réalisé par George Roy Hill en 1973
Titre original : The Sting
Distribution
Paul Newman … Henry Gondorff
Robert Redford … Johnny Hooker
Robert Shaw … Doyle Lonnegan
Charles Durning … Lt. Wm. Snyder
Ray Walston … J.J. Singleton
Eileen Brennan … Billie
Harold Gould … Kid Twist
John Heffernan … Eddie Niles
Synopsis
Années 30, bérets, pattes capucins et cols trois boutons: les 70′s avant les 70′s. Petit escroc à la sauvette, Hooker cherche vengeance après le meurtre de son collègue et ami. Arnaquer un mafieux réputé n’était pas une si bonne idée. Hooker s’allie à Gondorff, pro de la belle arnaque, pour frapper d’un coup mémorable ledit mafieux, Lonnegan.
Avis
Il y a trois types de mathématiciens sur terre: ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter.
Nous sommes en 1936 et Charles Chaplin invente tout simplement l’analogie visuelle via le décor au cinéma.
Si l’image du génie perché sur un créneau restera à jamais gravée dans nos mémoires, cette démarche à l’inventivité irréfutée depuis plus de 70 ans aura servi de fer de lance à une toutes les générations de cinéastes qui suivirent. Sans exception. Des crises familiales des débuts de Bergman aux allusions colorimétriques de Guy Ritchie, des choix minutieux des lieux chez Tarantino aux univers saisissants de Park-Chan Wook; on notera toujours quelque « intertextualité visuelle » entre ces œuvres souvent considérées comme renouveau d’un genre ou d’une stylistique particulière -visuelle ou linguistique soit elle- et l’œuvre de Sir Chaplin.
The Sting, bien avant les entourloupes scénaristiques de quelques bons « plot-twist-movies » modernes à la Hitchcock, Sodherbergh, Fincher ou encore Singer (en m’excusant auprès des puristes de mettre Sodherbergh et Hitchcock sur cette même estrade tout à fait abstraite) avait donné le ton des films à rebondissements aux scenarii finement cousus et brillamment interprétés; ici par un trio de grande classe, en les personnes de Paul Newman et Robert Redford. Je dois faire partie de la première catégorie de mathématiciens. Non la deuxième. Non la première… Non… euhh…. Mais sérieusement, qui de nous osera contredire le fait que Newman = 2, le monsieur pouvant même faire de Tom Cruise un bon acteur (The Color Of Money)?
Ce dernier à côté de Redford fait briller un casting porté par un décor tout ce qu’il y a de plus vintage et une photographie à couper le souffle. L’image et le rythme ne s’essoufflent pas et dès les débuts du film, on se rend compte qu’on à affaire à quelque chose d’assez exceptionnel. Le premier Oscar nous met une baffe à l’entrée sur scène: les costumes. On sera ensuite savamment baladés par une musique à l’enrobage pesé et aux tournures aussi suaves que les dialogues. La transition de George Roy Hill de la télévision au cinéma se passe avec un brio à rendre encore plus fou le chapelier de Carroll, le monsieur enchaînant les nominations (et les Oscars) à chacune de ses réalisations. The Sting ne déroge pas à la règle, 4 ans après les 4 Oscars de Butch Cassidy & The Sundance Kid en 1969, ce sont les 7 de The Sting qui nourrissent son année 1973.
Il serait plutôt cliché de dire que si vous n’avez pas vu ce film, vous ratez incontestablement une œuvre marquante du cinéma de genre; mais si vous n’avez vu ce film, vous ratez incontestablement une œuvre marquante du cinéma de genre.
J’adore les clichés.
par OYC