Parmi les groupes s’adonnant à l’electro pop façon Depeche Mode, on a en général tendance à lorgner du côté de l’outre-Rhin. Et on a souvent raison. Cependant, en cette année de nouvel album de la bande à Martin Gore, il me semble tout à fait approprié (puisque ledit album ne me bouleverse pas) de ressortir de la boite à outils (François, si tu nous lis…) les bons vieux Anglais de Mesh.Ce nom risque d’entrainer une vague de soulèvement de sourcil chez nos chers lecteurs, il faut donc respecter les usages et faire un minimum les présentations : un peu plus de 20 ans d’existence, 7 albums. Mark Hockings et Richard Silverthorn (les 2 têtes à penser) ne sont pas vraiment des bourreaux de travail donc. Musicalement parlant, Mesh ont toujours plus ou moins vogué sur les mêmes eaux calmes : une synth pop gentillette, à la limite parfois du mielleux. C’est d’ailleurs cet aspect trop propre qui a toujours empêché qu’un album entier entraine chez moi un engouement inconditionnel. Mais depuis quelques temps (2006 avec We collide et surtout 2009 avec A perfect solution), le groupe noircit et durcit un peu le ton. Attention toutefois, les Anglais ne se sont pas non plus transformés en Suicide Commando, ça reste de l’electro pop dynamique, excellemment produite entre And One et De/Vision avec quelques touches rock ; n’allez surtout pas vous jeter dessus en espérant faire peur à vos voisins. En revanche, ces derniers, s’ils habitent à l’étage du dessous, pourraient éventuellement contacter la maréchaussée si vous passez vos journées à sauter dans tous les coins ou à passer la serpillère façon gothique.
A l’instar des derniers groupes cités, Mesh réussit le tour de force de séduire dès la première écoute et de ne pas lasser après la quinzième. Les mélodies trottent dans la tête quasi immédiatement et le savoir-faire indéniable des maîtres de cérémonie fait son office pour donner de l’attrait à chaque nouvelle écoute. Même les instrumentaux (« AB incidental n°1 » et « AB incidental n°2 ») ne sont pas chiants contrairement à… suivez mon regard.
Parmi tous ces tubes en puissance, il est vraiment difficile d’en faire ressortir un. J’attribue toutefois la palme de la bombinette à « This is the time » qui, selon moi, aurait peut-être dû sortir en single à la place de « Born to lie ». C’est littéralement im-pa-ra-ble. En même temps, « Born to lie » est le titre le plus pêchu, comme si le groupe avait voulu dire « désormais, on est surtout là pour foutre le feu et pas pour accompagner vos balades romantiques le long des berges ».
Non, ben en fait, ne changez rien, c’est un bon choix finalement, n’allez pas flinguer votre stratégie sur les conseils vaseux d’un sombre chroniqueur mal payé. Par contre, si votre album ne se vend pas à la pelle, comme il mérite de le faire, ne venez pas chouiner dans mes pompes, d’autant que, pour vous pousser au cul, je m’apprête à conclure par un fracassant : un incontournable de l’année qu’il convient de ne pas contourner.
Ah, j’allais oublier : un incontournable de l’année qu’il convient de ne pas contourner.
01. Just Leave Us Alone
02. Taken For Granted
03. You Want What’s Owed To You
04. Automation Baby
05. AB Incidental No. 1
06. This Is The Time
07. The Way I Feel
08. Adjust Your Set
09. Born To Lie
10. AB Incidental No. 2
11. Flawless
12. Never Meet Your Heroes
13. When The City Breathes
14. You Couldn’t See This Coming
Le titre en écoute est bien bonnard en effet! Je cours écouter l’album.