Lorsque les Allemands ont sorti Bodypop en 2006, j’ai longtemps regretté de ne pas avoir chroniqué cette bombe synth pop au potentiel dance floor imparable. Je m’étais dit que je me rattraperais avec son successeur. Et puis il a fallu attendre 2011 pour que celui-ci débarque. Problème, les titres de Tanzomat manquaient un peu de patate et sonnaient un peu trop comme des chutes de Bodypop (c’était l’avis du moment et il est beaucoup plus enthousiaste aujourd’hui).
J’ai donc encore repoussé l’échéance. Le moment est désormais venu.
Pas besoin cette fois de patienter 5 ans, S.T.O.P est déjà parmi nous. Et, comme il apporte quelques nouveautés et que le niveau est excellent, je ne peux plus éviter mes responsabilités.
Très rapide présentation : And One c’est surtout le projet d’un homme : Steve Naghavi. Entre ses débuts (le premier album Anguish date de 1991) et les années 2000, le groupe laisse petit à petit les ambiances EBM chères à Nitzer Ebb* ou Front242 légèrement teintées de darkwave pour prendre une orientation plus synth pop.
Aujourd’hui, le groupe n’a vraiment pas son pareil pour mêler des sonorités electro vitaminées (« Don’t get me wrong ») agrémentées de touches indus (« Shouts of joy ») à des mélodies pop mélancoliques (« Killing the mercy » ; « You without a me » ; « The 4 ») simples mais pas simplistes (« Memory »). On est immédiatement captivé par cette alchimie et les écoutes successives (comment faire autrement, ça ne sort pas de la tête !) offrent toujours la petite aspérité qui nous fera rapidement replonger. Il est par exemple littéralement impossible de ne pas être instantanément emporté par « STOP the sun ! » et son refrain entêtant fleurant bon le Violator des grands frères (Depeche Mode) à qui on pourrait de plus en plus avoir tendance à les comparer.
Mais des groupes capables de pondre quelques tubes tous les 3 ou 4 ans, ça n’est pas ce qui manque. Il faut alors à And One, en plus de la régularité dans la qualité de composition, un atout majeur pour faire la différence et cet atout c’est la voix de Naghavi : puissante, profonde, métallique, bref sexy en diable.
Ceux qui connaissent le groupe savent qu’il flirte parfois allègrement avec le kitsch et sur le plan des structures et sur le plan du son ; ce S.T.O.P est peut-être l’album qui va le plus loin dans cette voie et il ne faudrait pas que les Allemands perdent pied en se référant un jour exclusivement à la scène synth pop des 80’s. Le côté générique d’émission de variété façon cabaret de « Back home » serait, à ce titre, presque inquiétant. Mais il ne faut sans doute pas perdre de vue que l’humour fait partie intégrante de leur musique.
And one nous gratifient régulièrement d’instrumentaux avec un intérêt très relatif (encore un point commun avec la bande à Gahan et Gore…). S.T.O.P n’échappe pas à cet écueil car, entre « Everybody dies tonight » et « No words », on n’a pas grand chose à se mettre sous la dent, d’autant qu’ils se situent tous les 2 en fin d’album.
En revanche, le planant et éthéré « Aigua » est très plaisant (le chant féminin est plutôt envoûtant) même si on aurait souhaité qu’il soit plus long. Une voie à creuser à l’avenir, me semble-t-il.
L’hiver approche, il est donc temps, à l’instar des cigales, de danser maintenant.
*La boucle est presque bouclée avec les débuts du groupe puisque le sieur Douglas McCarthy vient pousser la chansonnette sur « The end of your life ».
http://www.andone.de/
Track list :
1/ Shouts of joy
2/ Killing The Mercy
3/ Memory
4/ You Without a Me
5/ Don’t Get Me Wrong
6/ Aigua
7/ S.T.O.P. The Sun
8/ The 4
9/ Back Home
10/ Everybody Dies Tonight
11/ The End Of Your Life
12/ No Words