Chez Septic Flesh (ou Septicflesh, on s’y perd un peu) l’affaire semble entendue : on ne fera plus dans la finesse. Tout paraît en effet démesuré sur les derniers albums du groupe jusqu’au titre de ce nouvel album, le biennommé Titan. The Great Mass avait déjà solidement assis les bases de la nouvelle direction du groupe déjà amorcée avec Communion, et cette nouvelle offrande titanesque confirme haut et fort.
Il est donc préférable de savoir où l’on met les pieds en abordant ce nouvel album : grandiloquence à tous les étages, production ultra soignée et puissante, orchestrations musclées et pompeuses, on est un peu en face du 300 des productions metal, le peplum grandiose qui en met plein les yeux et plein la tête mais dont on ne peut s’empêcher de déplorer la vacuité du scénario.
Une fois qu’on accepte le postulat de base, il est alors facile d’apprécier ce nouvel album des grecs, un album qui s’assimile d’ailleurs très vite et qui compense son manque de variété et de finesse par une efficacité inattaquable, s’inscrivant dans la continuité parfaite de son prédécesseur : avec un Spiros encore plus féroce que jamais, un Sotiris qui nous gratifie de quelques interventions bienvenues (superbe break sur « Ground Zero » par exemple), des chœurs féminins / masculins (« Dogma », « Prometheus »), et toujours l’orchestre symphonique de Prague pour apporter les cuivres, violons et autres instruments à même d’enrichir (ou de masquer un certain appauvrissement selon le point de vue duquel on se place) le death metal de Septic Flesh.
Il est donc facile de voir cet album par ses défauts et de le considérer comme un exercice de style parfaitement superficiel, dénué d’âme et donc un peu vain. Mais ce serait oublier un peu vite que, même si les grecs ont en effet tendance à faire dans la facilité et à répéter leur formule gagnante à l’envie (avec notamment des refrains scandés et plutôt basiques, cf le morceau titre un peu facile), et même si les guitares sont de plus en plus noyées derrière les orchestrations grandiloquentes, on (en tout cas « je » ça c’est sûr) prend un pied pas possible à écouter cet album, l’impression de puissance et de férocité qui se dégage de ces 10 nouveaux titres étant assez galvanisante et la maîtrise de leur style étant assez incontestable (même Dimmu Borgir est battu à plat de couture sur un terrain proche). Même un esprit grincheux aura du mal à résister à ce « Prototype » et ses cuivres infernaux. Et quitte à choisir entre Behemoth et Septic Flesh, mon choix est fait personnellement.
Bref, en blockbuster de l’été ce Titan-là remplira parfaitement son rôle même s’il est vrai qu’on est aussi en droit d’espérer que les grecs seront capables à l’avenir de nous surprendre un peu, et de sortir de leur zone de confort.
Tracklist :
01. War In Heaven
02. Burn
03. Order Of Dracul
04. Prototype
05. Dogma
06. Prometheus
07. Titan
08. Confessions Of A Serial Killer
09. Ground Zero
10. The First Immortal
Je pensais qu’avec Communion ils avaient trouvé un certain équilibre que The Great Mass dérangeait par son glam un peu trop prononcé. Le partage entre ambiances, paroles mythiques cohérentes (en exceptant Lovecraft’s Death) et parties plus agressives était déjà moins respecté sur The Great Mass pour plus de poudre aux yeux. Pour moi, avec Titan y a quand même un autre (gros) défaut qui pointe le bout de son nez : l’immobilisme bien sale. La faute probablement à cet orchestre pragois qui cache peut-être pas les défauts je crois mais rappelle trop fortement la structure des pistes de The Great Mass (excepté Order of Dracul). Pour le reste, c’est millimétré et très bien fait et puis … quel plaisir de retrouver la voix puissante de Seth ! Roh et puis je chipote, l’album vaut se pesant de cacahuètes.