Katamine – Lag

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Style: folkAnnee de sortie: 2007Label: TinStar Creative Pool Records

Chez Katamine, on aime jouer avec les mots, avec les doubles sens, voir les contrer. Un œil distrait aurait certainement lu kétamine sur cet artwork maladif à en crever et à la limite on aurait rien trouvé à y redire. Sauf que Assaf Tager, la tête pensante de cette nouvelle entité, nous la joue fausse pudeur en choisissant le nom de Katamine. Quid du sens ? Nada. Aucune signification plausible fournit par l’auteur de ce méfait. Bref les paparazzis du rock en seront pour leurs frais… Ca ne veut rien dire et mon parallèle avec les sniffers de near death experience s’arrêtera là. En attendant, l’accroche est faite et c’est en l’absence de tout parasite promotionnel et autre biographie diligente que j’envoie tourner cette rondelle dans ma platine, la curiosité aux bouts des doigts.

Une voix. Une guitare. Du folk. Tu t’imagines un énième combo indie noisy éploré devant son statut de génération X ? Les clichés ont la vie dure… Et pourtant tu ne crois pas si bien imaginer. Je parlai de contre sens il y a quelques lignes de cela et voilà que la lecture de la bio du groupe présente sur le site me balance ces quelques mots « Katamine is an acoustic/noise one man band. An hallucinating singer songwriter, trying to play acoustic / noise songs … with a quiet noise band. »

Acoustic/noise songs, quiet noise band… De nouvelles étiquettes que même le plus hype des journaleux n’aurait osé proférer. Finalement je raille, je raille. Mais il faut bien se rendre à l’évidence. Le charme nauséeux de ces compositions, ces textes dévastateurs, sombres et violents, où la dépression voile les tabous familiaux et autres indécences perverses, ces quelques accords faisant mouche et cette voix faussement lascive nous ramènent au plus belles heures de cette noirceur qui animait l’Unplugged de Nirvana, le Winding Sheet de Mark Lanegan ou les trucs plus lo-fi de Lou Barlow. Soient des punks, des rockers, qui n’ont jamais défailli lorsqu’il a fallu poser les armes, faire taire l’ampli encore fumant et jeter sur la grande place leurs compositions mises à nue, dépecer jusqu’à l’os, sans artifice ni vulgaire maquillage. Nulle vacuité alors à cacher. Et avec Katamine c’est la même chose. Ou presque tout du moins, car l’oreille attentive finira par déceler la présence d’un groupe, discret certes, mais se portant caution de la dénomination « noise ». Hier ils auraient très certainement emmené ces compositions au summum de l’énergie punk. Aujourd’hui conscient qu’une économie de moyens n’est pas forcément synonyme de disette créative, ils tissent des rythmiques sourdes, des arrangements mélancoliques quasi imperceptibles qui viennent transcender la voix écorchée et grave de Assaf Tager. Je n’oserai parler de bruit de fond tant il serait faire insulte à leur travail voué à développer l’ambiance de cet album. Le temps s’écoule, l’ambiance se pose. On glisse vers une torpeur vénéneuse où le folk retrouve sa salope de muse : une certaine angoisse. Ces compositions suintent la crasse, l’exutoire, le dernier rempart avant la folie un peu comme chez feu-Palace Brothers et finalement on s’attache à cette voix et au calme qui nous envahit à chaque écoute. La chaleur de l’acoustique peut-être. Ou ce feeling punk distiller à tout va – comme dans cette reprise du Creep In The Cellar des Buttholes Surfers – qui instille cette ironie jouissive, cette décadence de pacotille et ce plaisir non feint de retourner écouter ces histoires sordides où le sang et la foutre finissent toujours par se mêler. Les fans du roman noir apprécieront.

En attendant ne laissez pas passer cet album qui faillit bien ne jamais nous parvenir puisque initialement édité uniquement pour le marché japonais et israélien (patrie d’adoption de Assaf Tager pour l’anecdote). En tout état de cause, il serait dommage de s’en priver.

  1. kick the kill higher
  2. junior buddha
  3. old catherine’s box
  4. winchester gun
  5. how quiet should i be
  6. pulse song
  7. creep in the cellar
  8. where the ambulance rolls
  9. no wonder we’re damaged
  10. someone came around
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