« The Decemberist » est le nom donné à une poignée d’officiers qui tentèrent en décembre 1825 à Saint-Pétersbourg, un coup d’état contre le Tzar de Russie afin de moderniser le régime alors en place. L’essentiel de ces révolutionnaires ont été exécutés ou condamnés aux travaux forcés et ne sont donc pas ceux dont je vais vous parler aujourd’hui.
Nos Decemberists à nous (dont le nom est bien sûr inspiré des événements précités), sont 5 américains résidant à Portland dans l’Oregon (comme les dark-métalleux d’Agalloch cela dit en passant, et ce sera le seul point commun qu’on pourra leur trouver). Si ce groupe vous était jusque-là inconnu (comme pour moi) sachez qu’ils ont déjà à leur actif 4 albums et 2 E.P et n’ont jusque-là pas rencontré de véritable succès en dehors des Etats-Unis. Ce nouvel album sorti l’an passé dans leur contrée bénéficiera en revanche d’une sortie européenne fin janvier 2007 et pourrait éventuellement changer la donne.
Enfin c’est bien beau toutes ces présentations mais leur musique, elle ressemble à quoi ? Et bien pour faire simple (car tout n’est pas si simple vous vous en doutez), leur registre oscille entre la pop, le folk et le progressif. À l’écoute de cet album (je ne connais pas encore le reste de leur discographie), on sent tout de suite que l’on a affaire à un groupe ambitieux. Colin Meloy, chanteur et tête pensante du groupe, promène sa voix si particulière le long de 10 compositions protéiformes et oniriques. Si Colin et sa troupe de rêveurs s’affirment en véritables amoureux de la pop, ceux-ci ne se donnent aucune limite pour la faire vivre. Que ce soit à travers des morceaux courts visant l’efficacité (l’imparable tube pop/folk « O Valencia ») ou des pièces alambiquées dépassant les 10 minuntes pendant lesquelles le groupe se lâche en multipliant les ambiances. Aussi, le second titre, « The Island… », avec plus de 12 minutes au compteur, s’impose-t-il d’emblée comme LE morceau de bravoure de l’album avec ses 3 parties distinctes et une apothéose faisant ressurgir un héritage folk irlandais certain. D’ailleurs sans avoir lu la biographie de ce chanteur étonnant (dont le timbre de voix, légèrement nasillard par moments pourra en rebuter certains), je devine sans mal des origines irlandaises, notamment dans sa façon de chanter et qui peut à l’instar d’un Shane McGowan (emblématique leader des Pogues) laisser tomber la justesse au profits d’émotions à fleur de peau. Dans ces moments là, on croirait entendre les complaintes qui font vibrer les pubs de l’Irlande lors de nuits fortement chargées, éthyliquement parlant.
Bien sûr, cette facette folklorique du groupe est loin d’être le seul atout dont dispose le groupe, même si violons, accordéons et autres mandolines sont constamment de la partie. Aussi, les Decemberists se font presque dansants avec le titre « The perfect crime 2 » (la première partie figurant peut-être sur un opus précédent) et sa rythmique limite funky voir disco. Et si l’ensemble de l’album est de facture plutôt enjouée (ou au pire nostalgique), « When the War Came » vient obscurcir légèrement la tendance avec son riff plus plombé qu’à l’accoutumée et ses claviers fantomatiques.
The Crane Wife (dont le titre est tiré d’une vieille légende japonaise) pourrait bien donner aux Decemberists une plus large reconnaissance dans nos contrées. Ceux qui avaient craqué sur le Funeral de The Arcade fire seraient bien inspirés de jeter une oreille sur ce disque. Non pas que les groupes se ressemblent, mais ils partagent tous deux une vision riche et aventureuse et de la pop. Le premier incontournable de l’année en ce qui me concerne.
- the crane wife 3
- the island : come and see/the landlord’s daughter/you’ll not
- yankee bayonet (i will be home then)
- o valencia !
- the perfect crime #2
- when the war came
- shankill butchers
- summersong
- the crane wife 1 & 2
- sons and daughters
Une pop somptueuse, aventureuse et terriblement attachante.
J’y ai trouvé aussi un petit côté REM (circa 1982-1987).
Magnifique album…
En général je craque seulement une fois par an pour album pop, l’an dernier c’était pour Clap Your Hands Say Yeah, cette année ce sera pour The Decemberists !
Oui il y a un petit coté REM par moment, mais je crois que c’était plus flagrant sur leurs précédents albums. J’ai pas cité beaucoup de noms car je suis inculte en pop mais on doit pouvoir leur trouver d’autres rapprochement. Enfin ça reste unique et personnel de toute façon.
Ah ben voilà j ‘ai cherché lors de ma première écoute à quoi ca me faisait penser, et je viens de trouver avec le com de Kaoslyn. REM c’est donc ca … voilà pourquoi , aussi ca ne m’a pas transcendé
excellente découverte, merci Joss ! Après plusieurs écoutes, je commence sérieusement à devenir accro … Une excellent bouffée d’air frais !