No mercy de Kim Hyeong Joon

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Annee de sortie: 2010

Présenté par le réalisateur Alejandro Jodorowsky, scénariste de bande-dessinée (L’Incal, le Lama Blanc, Bouncer, Juan Solo…), réalisateur (El Topo, la Montagne sacrée…) et romancier, dans le cadre de sa sélection pour l’Etrange Festival, No mercy était vendu comme une alternative réaliste à Old boy dont le final nous laisserait une marque indélébile. Deux heures plus tard, comme promis, le public ressort avec l’esprit habité par une conclusion au souvenir tenace. Qu’en est-il toutefois du reste du film?

Contrairement à The Chaser de Na Hong-jin, film auquel No mercy ne peut éviter d’être comparer, le talent et la personnalité de réalisateur de Kim Hyeong-joon dont c’est aussi le premier film, ne sont pas révélés instantanément, encore trop marqué par des influences américaines qui font de No mercy une sorte d’anomalie dans la galerie de films noirs créés ces dernières années par le cinéma coréen. Boon Joon-Ho, Kim Jee-woon et Park Chan-wook ont tous marqués le public par une réalisation capable d’un compromis entre le dynamisme américain et le travail d’atmosphère du cinéma japonais.

Encore jeune, et malheureusement, pour lui, précédé par une suite de classiques ou futur classiques, No mercy n’impressionne pas autant et déçoit même par un classicisme inattendu pour un réalisateur en provenance d’un pays plus connu pour l’originalité et la qualité de sa production cinématographique. Pourtant, l’histoire de vengeance dépeinte ici ne souffre pas d’un manque d’efficacité ou de rythme. Bien au contraire, le parcours haletant de ce père médecin légiste pour sauver sa fille de la machination mis en place par un jeune activiste écologiste va de Charybde en Scilla pour tromper la police, et faire libérer le kidnappeur de prison où celui-ci s’est lui-même fait enfermer après avoir avoué le meurtre d’une jeune fille, secoue le spectateur et le plonge dans une intrigue aussi déjà-vu que passionnante.

Ainsi, si l’on oublie un peu les références évidentes, No mercy peut passer pour un bon film noir péchant simplement par manque d’originalité, mais pas d’efficacité, dans un genre renouvelé par des perles comme Sympathy for Mr Vengeance et Memories of Murder. On pouvait aussi en attendre plus d’un film sélectionné par un type aussi avide d’originalité que Jodorowsky. Celui-ci avait pourtant bien prévenu le public en parlant d’un final réaliste et étouffant. No mercy mérite effectivement d’être vu rien que pour celui-ci. Sans fonctionner sur une surenchère de violence comme A Serbian Film, aussi projeté au festival, ou une réalisation époustouflante comme Old boy, No mercy permet à Kim Hyeong-joon de se faire une place dans l’industrie coréenne et d’attirer l’attention sur ses capacités qui ne manqueront pas de se développer après un au départ prometteur.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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