Quatrième sortie pour les anglais de Mammoth Weed Wizard Bastard, valeur montante du stoner doom à forte tendances psychédéliques. Yn Ol I Annwn marque en réalité le troisième chapitre entamé en 2015 avec Noeth Ac Anoeth, et cet ultime volume se révèle comme un sacré voyage sensoriel, entre galaxies lointaines, substances plus ou moins toxiques, passages atmosphériques voire tristounets.
Mené par la voix si particulière de Jessica Ball, MWWB ne ressemble à aucun autre groupe de stoner doom actuel. Les groupes du genre à voix féminine existent mais nombreuses sont les vocalistes à aller davantage dans un registre heavy, or ici la voix est toute sucrée (malgré l’effet de fuzz qui l’enrobe et qui est quasi continuel), s’apparentant presque à celle d’une petite fille apeurée entourée d’imposants murs de guitares. « The Spaceships Of Ezekiel » se révèle donc comme un trip hypnotique où l’on se retrouve entre ces guitares, ces effets de vaisseau spatial de films de sci-fi des années 60 et cette voix aidant tout simplement à l’élévation. « Fata Morgana » surprend ensuite par son côté éthéré, Ball faisant durer ses notes de manière beaucoup plus mélancolique tandis que seule une mélodie de guitare (sonnant forcément psyché) et quelques discrets effets l’accompagnent. Cinq minutes plus tard, ce titre connait une mutation inattendue, les grosses guitares faisant leur retour tandis que la mélodie vocale est une nouvelle fois ultra envoûtante.
Plus l’album avance et plus MWWB étonne. Ainsi « Du Bist Jetzt Nicht In Der Zukuft » est un titre où violoncelle et effets électroniques (une discrète guitare s’amènera ensuite) accompagnent la voix, donnant pour le coup de nouvelles sensations. Une ambivalence entre tragique et sci-fi vraiment unique ! Et si le morceau-titre revient dans des sentiers ressemblant davantage à ceux du début d’album, « Katyusha » revient nous surprendre avec cet instrumental prenant où le stoner/doom semble embarquer dans une navette spatiale… vide. « The Majestic Clockwork » fait ensuite revenir la voix hantée de Ball pour un titre imposant au refrain particulièrement réussi, tout comme le reste de ce titre où lourds riffs et synthés moog planants se voient accompagnés du violoncelle (pendant sa première partie). Enfin, « Five Days In The Abyss » débute en douceur (avec même un peu de xylophone) comme une annonce d’un atterrissage en douceur, or c’était sans compter sur un retour des grosses guitares par-dessus lesquelles la chanteuse semble ne pas vouloir quitter l’espace, les guitares s’emballeront donc un peu pour l’y retrouver en fin de morceau.
Avec un tel nom, on était en droit de s’attendre à une musique bien lourde, fumeuse et perchée. C’est un peu le cas mais le groupe anglais se montre beaucoup plus ambitieux qu’attendu, créant un mélange inédit, avec des accents parfois presque pop sur certaines mélodies vocales (souvent poignantes). Le voyage interstellaire est peut-être un peu long mais chaque seconde passée sur leur vaisseau vaut vraiment le détour. A plus dans le cosmos !
- Tralfamadore
- The Spaceships Of Ezekiel
- Fata Morgana
- Du Bist Jetzt Nicht In Der Zukuft
- Yn Ol I Annwn
- Katyusha
- The Majestic Clockwork
- Five Days In The Abyss