Whispering Sons – Several Others

1 Commentaire      412
Style: Post-PunkAnnee de sortie: 2021Label: Pias

Le premier album des belges de Whispering Sons avait été une incroyable baffe, l’un des tous meilleurs albums de la fin d’année 2018. Surpasser un tel chef d’œuvre relevait de la gageure, et pourtant l’exploit est là et bien là, tant ce nouvel album fait au moins jeu égal avec son illustre aîné s’il ne le surpasse pas carrément. Il fallait le faire…

Autant le dire de suite, ceux qui avaient du mal sur le premier album avec la voix grave et masculine de Fenne Kuppens auront probablement encore plus de mal cette fois-ci car sa voix est encore plus en avant dans le mix, ce qui fait de la jeune femme rien de moins que le clou du spectacle une nouvelle fois. Un spectacle par ailleurs toujours aussi sombre et intriguant porté par cette voix flirtant avec le gothique et qui envoûte littéralement, à l’image du fascinant « (I Leave You) Wounded » et son « there’s blood everywhere I look » qui revient appuyé par une mélodie de guitare inquiétante. La jeune femme lâche tout et fait monter la pression en même temps jusqu’à pratiquement terminer « Vision » en criant.

L’album est riche en moments forts une fois de plus, même s’il n’y a peut-être pas de hit immédiat comme on pouvait en trouver sur Image ne serait-ce qu’avec l’imparable « Alone ». Mais qu’importe, l’album des belges est une fois encore absolument saisissant du début à la fin et devient très vite addictif.

Outre la référence classique à Joy Division que nous avions déjà mise en avant dans la chronique d’Image, il m’est cette fois venu à l’esprit de comparer les belges à Portishead de par l’ambiance sombre distillée (et également dans l’utilisation de l’électronique, cf « Screens » ou « Satantango ») d’une part et s’agissant du rôle majeur de sa chanteuse atypique d’autre part, même si les registres de Beth Gibbons et Fenne Kuppens sont évidemment très différents et que Whispering Sons est plus post-punk là où les anglais trouvaient plutôt leurs influences sonores dans le hip-hop. Quelque chose dans l’intention aussi peut-être, cette colère à fleur de peau, la plupart du temps plutôt rentrée lorsqu’elle n’explose pas carrément, comme sur la fin de « Vision » qu’on a déjà évoquée, sur la fin de « Satantango » aussi ou encore sur les « so close now, so close, so close!! » de « Surface ». Cette mélancolie aussi, qui confine à la tristesse, comme sur « Aftermath » qui introduit l’explosion finale de la doublette « Satantango/Surgery » avec sa transition bruitiste et brutale.

Several Others, paré qui plus est d’une pochette vraiment très jolie, n’est pas seulement une réussite, mais aussi et surtout un deuxième chef d’œuvre d’affilée pour cette bande de belges qui continue à foutre un grand coup dans la fourmilière post-punk en se distinguant fondamentalement de ses pairs (Idles, Fontaines D.C. ou Shame) et en faisant déjà office de référence du genre.

Le seul reproche que l’on pourrait finalement faire à Several Others serait probablement et exclusivement d’être un peu chiche quant à la durée du voyage qu’il propose. On perd en effet 6 minutes par rapport à Image, avec 38 minutes au compteur, et 6 minutes de Whispering Sons, c’est précieux! Pour le reste vous l’avez compris, c’est carton plein, merci à nos amis belges pour avoir signé un tel bijou et rendez-vous en fin d’année pour constater le positionnement sans nul doute bien haut de cet album magistral dans le top annuel.

Tracklist :
01 – Dead End
02 – Heat
03 – (I Leave You) Wounded
04 – Vision
05 – Screens
06 – Flood
07 – Surface
08 – Aftermath
09 – Satantango
10 – Surgery

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

krakoukass a écrit 1157 articles sur Eklektik.

Up Next

Du meme groupe

Groupes cités dans la chronique

Vous pourriez aussi apprécier

Commentaire

  1. RBD says:

    J’ai plutôt pris la brièveté de cet album comme un moyen de lui conserver une certaine intensité, alors que l’évolution entreprise vers un Post-Punk plus retenu, plus en ambiances, pouvait envaser l’ensemble vers une déception trop ambitieuse, longuette et égarée. Nenni !
    En plus, une paire de titres permettent d’exhaler les tensions accumulées dans ce nouveau répertoire encore plus à fleur de nerf plutôt que contre-agressif, porté effectivement par le chant de Fenne Kuppens mais également valable pour lui-même avec son classicisme revendiqué. J’ai pensé à « Mask » ou « Closer », pour comparer avec les Pères Fondateurs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *