Carmen Sea – Hiss (EP)

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Style: Post rock instrumentalAnnee de sortie: 2021Label: Autoproduction

Tout commence avec ces sonorités dissonantes de violon qui installent une ambiance inquiétante, presqu’hitchcockienne. Les français de Carmen Sea nous invitent ainsi à pénétrer leur univers bigarré fait de post-rock instrumental, enrichi de la présence (tout sauf anecdotique) dudit violon, qui vient ajouter une touche originale bienvenue pour compléter une formation guitare/basse/batterie très classique donc à la base. On retrouve d’ailleurs ce violon à peu près partout sur le disque, véritable clé de voûte de la musique de Carmen Sea participant activement à l’installation de cette ambiance cosmico-inquiétante (cf « A Last Call »). Quelques sonorités de synthé peuvent aussi (si je n m’abuse et à moins qu’il s’agisse d’une utilisation particulière du violon) venir compléter discrètement quoique rarement le panorama (à la fin de « Frames » par exemple).

Et malgré cette entrée en matière inquiétante, on plonge avec plaisir dans cette galette de 5 titres, tous réussis et accrocheurs, qui ont le mérite de rapidement faire oublier l’absence de chant. Moi qui goûte d’habitude fort peu les groupes instrumentaux, je me suis retrouvé à faire tourner le disque 2 ou 3 fois de suite, bien saisi par l’univers du quatuor et par la variété des ambiances, tantôt planantes, menaçantes ou plus saturées (cette mélodie poignante sur « Anthems for »). « Black Echoes » et sa rythmique presque dansante m’auraient presque fait penser l’espace d’un instant à du Kong (ce groupe néérlandais dont on n’a plus tellement de nouvelles depuis 2014). De même, le choix d’aller sur des formats de titres qui ne s’étirent pas à l’infini comme on en trouve malheureusement trop souvent dans le post-rock, s’avère payant, même si le groupe respecte ponctuellement et avec application les canons du genre (le crescendo typiquement post-rock de « A Last Call »). Outre les 11 minutes de l’ultime (et excellent!) titre « Glow in Space », les morceaux sont en effet suffisamment resserrés pour conserver intacte l’attention de l’auditeur sur l’intégralité des 29 minutes tout de même que dure ce long EP.

A noter que comme laissé entendre en début de chronique, on retrouve parfois dans la musique des français une dimension cinématographique digne d’une BO de film, avec outre l’entrée en matière du disque, le violon presque guilleret de « Glow in Space », qui s’efface régulièrement devant l’arrivée tout en pesanteur de la guitare, avant que l’ensemble des instruments viennent copuler furieusement à mesure que progresse le titre, en particulier avec le violon utilisé dans les moments les plus furieux comme un élément de dissonance (laquelle conclut d’ailleurs l’album à l’image de l’entrée en matière du disque déjà évoquée) qui n’est pas sans rappeler le travail d’un groupe comme Daughters.

Très bonne entrée en matière donc pour Carmen Sea dont on surveillera les aventures futures!

Tracklist :
01 – Frames
02 – Black Echoes
03 – Anthems For
04 – A Last Call
05 – Glow in Space

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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