La Grèce ayant envoyé il y a quelques semaines un message assez inamical – bien que démocratique – à l’Allemagne, il m’a paru utile d’essayer de remonter le moral de nos voisins teutons. Persuadé que la nouvelle du décès de Demis Roussos n’aura pas eu pour effet de créer une liesse immense permettant aux Allemands de ne pas broyer du noir, j’ai pensé leur (re)faire prendre conscience qu’ils restent un grand peuple en terme de musique.
Il se trouve probablement – ne soyons pas trop optimiste – parmi les lecteurs de ce noble webzine des fans de Rammstein et Oomph! qui ne connaissent pas Eisbrecher. Qu’il me soit permis de m’adresser immédiatement et très directement à eux pour leur faire comprendre de quoi il retourne : Eisbrecher, c’est entre Rammstein et Oomph!. Vous voyez, ça n’a pas pris longtemps et désormais presque tout le monde est dans le train. Seuls restent sur le quai ceux qui ne connaissent aucun de ces 3 groupes mais peut-on raisonnablement m’en vouloir de ne même pas jeter un regard compatissant vers ces germanophobes ?
Les germanophiles et, plus généralement, les amateurs de bonne musique, ne regretteront pas, eux, l’écoute de ce 6ème album (eh oui, ça fait plus de 10 ans que des anciens membres de Megaherz ont décidé de faire parler la poudre). Personnellement, depuis la déception ressentie à la sortie de Sünde (successeur de l’excellentissime Antikörper, 2006), j’avais tiré un trait (manifestement un peu vite) sur le potentiel d’Eisbrecher. Je dis un peu vite car, professionnalisme non rémunéré oblige, avant de chroniquer Schock, j’ai quand même comblé mes lacunes pour voir à quel point j’avais commis une boulette à trop hâtivement évincer le groupe de mes esgourdes. Et il faut bien avouer que j’aurais dû faire plus confiance au savoir-faire Allemand car il n’y a pas réellement de faux-pas dans le déroulement de la carrière.
Mais concentrons-nous sur Schock. La force de l’album, au-delà de la qualité de composition (j’ai même pensé que certains titres étaient des reprises tellement ils sonnent comme des « classiques », « Nachtfieber » et « Noch zu retten » en tête), c’est la variété. Le groupe est capable d’enchainer un De/Visionien (mais pas mièvre) « Noch zu retten » et un brûlot on ne peut plus heavy (limite thrash metal) « Fehler machen leute ». Bon par contre il évite de très peu la soupe avec Der flieger, plus taillé festival de goth rock que pit ensanglanté. Le créneau était tendu mais ça passe au poil de nez.
Mais après tout cette diversité est bienvenue surtout lorsque Eisbrecher concluent par un So oder so véritable point d’orgue en la matière qui se situe entre Diary of dreams et Rammstein. Et c’est là-dessus, selon moi, qu’on voit qu’on a affaire à des fines lames. Alors que le refrain nous rappelle immanquablement la période Herzeleid/Sensucht de la bande à Till Lindemann, le petit coup de rein d’Eisbrecher permet de ne pas hurler avec effroi face à une facile repompe.
Rien à jeter, riffs puissants, refrains entêtants, une fabrique de tubes qui foutront assurément le feu dans toutes les salles assez solides pour encaisser un défilé de mandales. Le meilleur album d’Eisbrecher et sans doute le meilleur album du genre cette année.
Tracklist :
01-Volle Kraft Voraus
02-1000 Narben
03-Schock
04-Zwischen Uns
05-Rot Wie Die Liebe
06-Himmel, Arsch Und Zwirn
07-Schlachtbank
08-Dreizehn
09-Unschuldsengel
10-Nachtfieber
11-Noch Zu Retten
12-Fehler Machen Leute
13-Der Flieger
14-So Oder So