Dead Season sont français, se sont formés en 2010, et Prophecies est leur deuxième album. Personnellement je n’étais jamais tombé sur un de leurs albums précédemment, Prophecies fut donc mon premier contact avec le groupe. Et j’avoue que l’écoute n’a pas été motivée par une prochette clichesque à souhait, et plutôt assez moche, évoquant le metal moderne dont on est malheureusement plus que surabreuvé jusqu’à l’écœurement.
De metal moderne il est pourtant bien question, mais résumer la musique de Dead Season à un simple ersatz de plus serait une erreur majeure. En effet le groupe a plus d’un as dans sa manche, avec d’abord une section rythmique de premier choix, un guitariste au talent évident, et un chanteur monstrueux. Dans un registre associant voix growlée parfois (au demeurant plutôt classique), et surtout un chant clair fantastique qui va taper dans un timbre à la fois heavy et puissant, ce dernier impressionne en effet fortement, rappelant par moments rien de moins que Mike Patton ou Warrel Dane (Nevermore). Nevermore est d’ailleurs une influence assez évidente chez Dead Season, car on retrouve ce même mélange de modernité et d’old-school, tant dans la musique pas avare en solos monstrueux (« Prohibition of God » au hasard), que riche en riffs surpuissants (« Blood Links Alienation » qui tape fort et fait bien mal). On trouve aussi une bonne louche de progressif même si les morceaux restent assez directs et efficaces (tout en se développant régulièrement sur plus de 5 minutes, quatre titres dépassant même allégrement les 6 minutes), le tout dans une tonalité plutôt sombre (d’où le qualificatif de « dark metal »).
Avec plus d’une heure au compteur, c’est peu dire que les français ont développé et bâti une musique ambitieuse, puissante et d’une très grande richesse (à l’image de l’instrumental « The Four Minutes of Hate » qui prend une quasi coloration symphonique l’espace de quelques secondes avec l’apparition d’un piano qui vient habilement s’en mêler), assortie d’une production colossale signée Jaime Gomez Allerano (Ghost, Paradise Lost, Primordial…). Il est donc logique qu’il faille un peu de temps pour ingurgiter tout ça, mais le jeu en vaut plus que la chandelle.
Comme déjà dit la section rythmique est à son aise, mais c’est surtout le guitariste soliste qui impressionne, notamment dans la triplette « Guidestones »/ »The Four Minutes of Hate »/ »Endless War ». Guillaume Singer (guitariste soliste et principal compositeur du groupe) n’en finit pas d’y démontrer l’étendue de son talent, et sa capacité à tout faire, du shred de folie, de la guitare sèche à l’espagnole… Pas étonnant d’apprendre que les deux guitaristes et le bassiste se sont d’abord ou parallèlement illustrés dans d’autres groupes français comme Hectic Patterns ou Ufych Sormeer, car on sent qu’il y a à la fois beaucoup d’expérience, une maîtrise technique irréprochable à l’avenant, et une maturité qui permet au groupe d’accoucher de compos intéressantes et de maintenir ce niveau de qualité jusqu’à la toute fin de l’album, là où on aurait logiquement pu anticiper quelques faiblesses ou des morceaux un peu « remplissage » sur une durée aussi conséquente.
Non décidément, un tel étalage de talent ne peut décemment pas continuer à être ignoré et Prophecies mérite de figurer en bonne place dans votre liste d’écoute.
Tracklist :
01 – The New Man
02 – Blood Links Alienation
03 – Prohibition of God
04 – Homogenetic
05 – Guidestones
06 – The Four Minutes of Hate (Instrumental)
07 – Endless War
08 – Mind Entertainment
09 – Sexual Binging
10 – Ministry of Truth
11 – The Dissident pt.I
12 – The Dissident pt.II
