Une femme, un homme "à tout faire", un plan et une heure quarante-trois d'un scénario qui se déroule et déroute. Réalisé par Hideo Nakata, le talentueux réalisateur de Ring et de Dark water, deux excellents films d'épouvantes ancrés dans la lignée des films de fantômes avec des petites filles mais tous les deux magistraux, propose cette fois-ci un thriller moderne déstabilisant et surprenant. Moderne car, là où le spectateur pense que le scénario ira, la caméra dévoile et pose de nouvelles questions. Le film débute par un enlèvement. Un homme d'affaire déjeune avec sa femme, la perd, se rend à son bureau pensant la retrouver plus tard et reçoit un appel lui indiquant que son épouse a été enlevé et qu'il devra verser une rançon. Puis, la femme se révèle être la conspiratrice du kidnapping tandis que le chef d'orchestre présumé est en fait un employé. Pourquoi ? Qui est vraiment responsable. A partir de quand le plan déraille-t-il ? Les questions s'accumulent, trouvent leurs réponses et tracent leur propre route . La fin en elle-même n'est pas "à tiroir" car la véritable fin ne se trouve que lors de l'avant dernier plan. Une surprise finale qui achève un film qui n'en manque pas. Le scénario et la réalisation sont les deux architectes de l'ambiance de ce film. Les acteurs, convainquant sans être exceptionnelles, servent le récit et exécutent leur rôle. La caméra, ses orientations, ses plans larges laissant de grands espaces sur les cotés (tout comme dans Ring où le danger pouvait surgir de n'importe quel endroit) ne donne que peu de stabilité aux scènes de tel sorte que les personnages ne sont jamais placés au centre ce qui provoque un décalage constant avec l'image. L'oeil doit toujours se replacer et guetter chaque mouvement et chaque répliques pour que l'histoire prenne sens. Les détails comptent et malgré la progression lente et méthodique de l'action chaque plans et chaque répliques sont justifiés. Kaosu, à l'image de son titre est un film où rien n'a de sens hormis les indices laissés par le scénario et le réalisateur. Le chaos est ordre mais, dans la vie de ces personnages ce sera le chaos qui régnera au-dessus de l'ordre.
Chroniqueur
Mathieu Lubrun
Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.