Même si il y eut des exemples de rock instrumental dès les 60s, il semble que le rock se libère de plus en plus du format chanson et prenne ses aises avec le mode instrumental depuis quelques années, en fait depuis l’avènement du post-rock et sa forme plus complexe, le math rock, où la musicalité de l’instrumentation est assez riche pour ne plus avoir à servir d’écrin à une voix.
Chon s’inscrit ainsi sur la voix musicale tracée par un Don Caballero ou Tortoise, tout en ayant depuis leurs débuts plutôt été écoutés par une base de fan portés par le metal progressif et déjà amatrice par exemple de Animals As Leaders, Scale the Summit ou Cloudkicker. Leur communication faite de démos/Eps et vidéos diffusés sur des webzines et forums alors qu’ils n’étaient encore qu’ados leur a d’ailleurs valu une bonne base de fans avant même la sortie de ce premier album.
La musique de Chon est portée par un quatuor 2 guitares, basse , batterie, et se démarque par un jeu de guitare aux sons clairs et aux mélodies volubiles, parcourant le manche avec vélocité en arpèges et licks en legato sur des gammes jazz.
Le groupe a réussi à se trouver un son, sorte de fusion jazz-rock ensoleillée et féerique, servant de démonstration à leur virtuosité assumée, mais on est loin de la démonstration technique. L’album finit quand même par être un peu redondant sur la durée, son style étant beaucoup plus linéaire que celui de Animals As Leaders par exemple (à noter la présence de Matt Garstka de ces derniers derrière les fûts sur 2 titres). Deux titres voient le bassiste s’essayer au chant, « Can’t Wait » et « Echo » se révèlent un peu gnangnan au final, le chant compensant des compos plus faciles qui rappellent un peu This Town Needs Guns. Je ne pense pas que j’aurais apprécié ce chant sur l’album entier, le coté instrumental sied au groupe, il permet de mettre en avant le jeu de chaque instrument, les riffs virevoltants, les subtilités de la batterie.
Un beau moment guilleret parfait pour l’été.