C’est peu dire qu’Inmazes, le premier album des danois de Vola, chroniqué dans ces pages m’avait complètement convaincu, l’idée réjouissante de partir de riffs meshuggiens pour proposer une musique mélodique et presque pop aussi casse-gueule qu’elle pouvait sembler sur le papier, était au final brillamment exécutée à l’arrivée et l’album se classait à l’époque sans peine dans les meilleurs albums de l’année. L’album, d’abord sorti en autoproduction avait été ressorti et distribué de façon plus large par le label Mascot Records, également à la manœuvre pour la sortie de ce deuxième album paré d’une très belle et lumineuse pochette, et que j’attendais donc personnellement avec grande impatience.
Je m’attendais à un album dans la continuité directe du premier, n’imaginant pas forcément que le groupe choisirait dès son deuxième album de prendre une direction encore plus pop, diluant considérablement ses muscles meshuggiens au passage. Les polyrythmies meshuggiennes sont pourtant toujours présentes mais pas sur plus de la moitié des morceaux (« We are Thin Air », « Smartfriend », « Alien Shivers », « Still », « Whaler »), et même quand elles le sont, comme sur « We are Thin Air », leur impact est considérablement réduit par rapport à que ce qu’on trouvait sur Inmazes. Que dire alors de « Ghosts » qui démarre avec des claviers pouet pouet qui font déjà bondir certains amateurs du groupe comme si une limite avait ici été franchie. Cette mélodie, qui se révèle pourtant très vite infectieuse et même addictive, porte le morceau dans son ensemble, lequel morceau ne contient pour le coup pas la moindre note d’agressivité (exit ici l’influence meshuggienne).
C’est ici que l’on voit surgir les autres influences importantes des danois, à commencer par celle de Devin Townsend, certainement beaucoup plus présente sur ce deuxième album qu’elle ne l’était sur Inmazes (voir « Whaler » et ce riff finalement plus townsendien que meshuggien). Peut-être conscients d’avoir pu effrayer sur « Ghost » quelques fans au passage, les danois sortent dès le morceau suivant « Smartfriend » leurs riffs polyrythmiques les plus lourds qu’on trouvera sur l’album (avec un passage énorme à 2min40). Le contrepoids est notable, même si la mélodie et le refrain principal ne démentent pas au final l’orientation toujours plus mélodique choisie par le groupe, de même que ce très beau solo de synthé à mi-morceau.
Et le groupe de continuer à jouer ainsi sur les contrastes (et certainement sur les nerfs des amateurs de leur face la plus heavy) en alternant quasiment systématiquement un morceau soft et un morceau plus heavy, même si Applause of a Distant Crowd n’égale jamais en lourdeur son prédécesseur, et met clairement l’accent sur les atmosphères plus douces.
Pour autant, l’inspiration est au rendez-vous, et le chant du chanteur guitariste Asger Mygind est toujours aussi splendide (superbes « Alien Shivers » ou « Applause of a Distant Crowd » par exemple), bien épaulé qu’il est désormais par des synthés plus présents que jamais mais aussi quelques solos de guitare bien sentis même si plutôt rares (sur « Ruby Pool » au moins). Le summum du versant pop de Vola étant atteint sur le final « Green Screen Mother » mais surtout sur « Vertigo » qui évoque dans une certaine mesure le dépouillement d’un titre comme « Emily » sur Inmazes, permettant ainsi au passage de réaliser que le timbre d’Asger peut facilement rappeler celui du chanteur de Talk Talk et trahir ainsi pourquoi pas certaines influences à aller chercher dans la pop/new wave des années 80’s ? Le troisième album du groupe permettra peut-être de le confirmer.
Au final, Vola propose un bien bel album une fois de plus, mais pour l’apprécier il faudra être capable de digérer l’orientation plus soft qu’a choisi de suivre le groupe. J’avoue avoir eu besoin de quelques écoutes pour accepter qu’Applause ne soit pas un Inmazes bis et même si son impact sera certainement moindre dans la durée, l’album a réussi à me mettre dans sa poche et à me forcer à l’écouter très régulièrement… Un signe tout de même surtout dans un mois d’octobre chargé en sorties de qualité.
Tracklist :
- We Are Thin Air
- Ghosts
- Smartfriend
- Ruby Pool
- Alien Shivers
- Vertigo
- Still
- Applause Of A Distant Crowd
- Whaler
- Green Screen Mother