Bagarre dans les feuilles mortes (metal hardcore automnal)

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Style: metal/hardcoreAnnee de sortie: 2023

Dès qu’on la mentionne pour dire combien elle craint, l’actualité semble encore plus empirer ces derniers temps. Entre les inégalités grandissantes, les innombrables polémiques révoltantes et les conflits s’éternisant, rien de tel qu’un album de « hardcore métallisé » du genre bien bien méchant pour se passer les nerfs. Et hasard du calendrier, cet automne a vu sortir un grand nombre d’albums de ce genre plus ou moins fourre-tout (on trouvera ici quelques groupes « satellites », n’ayons pas peur d’élargir un peu le spectre). Et comme Noël arrive à grands pas, pourquoi pas offrir un peu de bagarre sous votre sapin ? Voici une petite sélection en mini-chroniques parmi les dernières sorties les plus intéressantes du genre.

EndThe Sin Of Human Frailty (Closed Casket Activities)

Déjà trois ans que Splinters From An Ever-Changing Face nous a bien ramoné la gueule (et les conduits auditifs au passage) ! Le « supergroupe » End (toujours mené par le leader de Counterparts parmi d’autres) revient avec un nouvel album entre chaos explosif et violence frontale, évoquant toujours une mixture de Nails, Converge et de Cult Leader. Cependant End parvient aussi à se renouveler, notamment grâce à la présence d’invités de marque: Debbie Gough de Heriot (« Thaw » qui va dans une sorte d’indus/noise très saturé), J.R Hayes (Pig Destroyer) pour le groovy « Twice Devoured Kill » et enfin Dylan Walker (Full Of Hell) qui vient participer au furieux « Worthless Is The Lamb ». On dirait bien que le side-project défouloir de ces gaillards est en passe de devenir incontournable !

Fuming MouthLast Day Of Sun (Nuclear Blast Records)

On est passé par tous les états avant la sortie de ce nouvel album de Fuming Mouth: d’abord l’angoisse pour son vocaliste Mark Whelan ayant malheureusement chopé un cancer (pour lequel il aura d’ailleurs eu d’inquiétants signes de rechute récemment, mais finalement et heureusement soignés il y a peu) puis l’excitation de ce nouvel album, leur premier long-format chez le géant Nuclear Blast (après l’EP Beyond The Tomb). Le mix de hardcore et de death metal école HM2 apparait forcément comme libérateur après toutes ces épreuves, alternant passages groovy, déflagrations enlevées, soli de guitar hero plutôt bien intégrés et même quelques surprenantes séquences mélodiques (le chorus de « The Silence Beyond Life »). Désormais plus metal que hardcore, Last Day Of The Sun montre un groupe qui a décidé d’évoluer, ce qui entraine quelques séquences un peu mollassonnes à côté de très entrainantes. En espérant que les soucis de santé sont désormais de l’histoire ancienne et que Fuming Mouth va pouvoir poursuivre (et intensifier) son déluge de hargne bien longtemps !

RilePessimist (Church Road Records)

Jeune projet monté par Sam Richards, bassiste chez Cult Leader, Rile est le genre de groupe qui n’y va pas avec le dos de la cuillère quand il s’agit de sonner féroce. Avec un certain Kurt Ballou à la production, accoler l’étiquette « Converge-core » parait évident mais Rile ne sonne pas comme un simple suiveur. Blindant ses riffs sludge cataclysmiques de passages noisy, la tension est donc de mise sur ce premier album expédié en une demi-heure, mais avec des influences post-punk ainsi que quelques expérimentations tranchant avec certaines phases mélodiques, Pessimist fait passer sa frénésie chaotique avec emphase ! De quoi ravir les amateurs de Trap Them et de Botcheries.

HorsewhipConsume And Burn (Iodine Records)

Tiens, revoilà déjà Horsewhip ! On les a en effet déjà vus cette année sur un énorme (mais expéditif) split avec les très bons Yashira. Le groupe composé d’anciens CombatWoundedVeteran et Reversal Of Man (je le répète à chaque fois mais ça mérite d’être su tant ces groupes sont des références !) revient en solo avec ce Consume And Burn à leur image (en tout cas, celle déjà aperçue auparavant): du hardcore metal urgent infusé de chaos et blindé d’émotions sous sa carapace de riffs noisy-frénético-nostalgiques comme hérités de la scène des 90’s (Snapcase, Botch, Deadguy…). C’est brut, c’est expédié en même pas vingt minutes et ça devrait ravir les vieux de la vieille tout en incitant les néophytes à se pencher sur les origines de cette scène noisy/chaotique.

MugshotCold Will (Pure Noise Records)

Très prolifique depuis pas mal d’années, Pure Noise Records aime avoir le cul entre deux chaises. L’une étant un fauteuil moelleux dans lequel on retrouve des groupes gentils oscillant entre rock alternatif et pop punk (les derniers en date étant Knuckle Puck et Youth Fountain), l’autre étant une chaise métallique n’attendant que de se faire éclater sur la trogne de la première contrariété passant à votre portée. Faisant partie de cette seconde catégorie avec le dernier Year Of The Knife, Mugshot porte bien son patronyme (faisant référence aux fameuses « photos de prisonniers » de la police américaine). Cold Will, leur premier EP est un concentré de brutalité de la part de ces gangsters mixant beatdown, deathcore et coups de boule de tough guys. Peu de neurones à l’horizon mais un bon gros défouloir provenant de la West Coast (with love, c’est marqué dessus).

MouthbreatherSelf-Tape (Good Fight Music)

Démarré dans une optique ultra ravageuse évoquant autant Pig Destroyer, The Dillinger Escape Plan que Burnt By The Sun, Mouthbreather fait son retour avec un long-format changeant pas mal les choses. Le groupe originaire de Boston a en effet décidé d’ajouter pas mal de nouveauté à leur tambouille qui conserve tout de même son aspect très secoué. En effet, on recense notamment des éléments néo metal à leur amalgame de riffs ultra brutaux et saccadés baignés dans une atmosphère suffocante. Les fans de la première heure seront peut-être un poil réticents mais ce Self-Tape tient ses promesses en matière de destruction destructurée !

Ex EverythingSlow Change Will Pull Us Apart (Neurot Recordings)

Jeune groupe monté par de vieux briscards, Ex Everything est surtout le projet de deux membres de Kowloon Walled City qui ont souhaité mettre un peu plus de tension à leurs riffs rondouillards (aux contours parfois post-hardcore hypnotiques allant du côté de leur side-project Less Art). Personnifiée par leur vocaliste Andre Sanabria (blowupnihilist), une forme de folie surplombe ces riffs souvent complexes mais impactant par leur aspect assez malsain, un peu à la manière d’un Chat Pile ou d’un KEN Mode. Beaucoup d’énergie, pas mal de chaos, le tout noyé sous un grain sludge/noise faisant vrombir le bas-ventre si vous l’écoutez au casque. Très « plaisante » sensation !

No CureThe Commitment To Permanence (autoproduction)

Nouvel EP pour le très productif combo de l’Alabama (qui compte un bon petit paquet de sorties depuis l’année dernière), The Commitment To Permanence est le plus conséquent en terme de titres (sept) et de durée (vingt minutes). Ces anti-Robert Smith y sonnent particulièrement brutaux, invitant même quelques guests de luxe comme le chanteur de Sanguisuggabog, celui d’Orthodox ou encore celui de Mouth For War, histoire de participer à la distribution de mandales entre deux moshparts des familles. Pas besoin de s’étendre en longueur car en vingt minutes la messe est dite.

VCTMSVol V. The Hurt Collection (autoproduction)

A ne pas confondre avec les crustos suédois Victims, ces ricains (de l’Illinois) privés de « i » ont célébré leurs dix ans d’existence avec un album de metalcore aussi varié que divertissant. Mélangeant différents courants du style (comme sur l’excellent « Burn Victim » où l’on trouve un côté planant évoquant du vieux Volumes à côté d’attaques très virulentes, même carrément deathcore par moment), le groupe vaut surtout par la présence d’une batteuse/chanteuse qui sait montrer les crocs. Moderne et incisif, le metalcore moderne du groupe sait aussi se parer d’atmosphères changeantes entre ses beats hip hop (servant parfois de transitions) et ses titres torturés (« Stranger » aux faux-airs d’Otep). Seul petit regret, une tendance au refrain mélodique un peu trop facile sur la seconde partie de l’album pour néanmoins une bonne surprise au final.

Mouth For WarBleed Yourself (MNRK Heavy)

Débarquant de leur Colorado natal pour faire la bagarre, Mouth For War n’est pas là pour tergiverser, ni pour faire de la figuration. Leur metal hardcore moderne est aussi punitif que redoutable, offrant un panel de breakdowns grassouillets et d’attaques frontales plus véloces malmenant l’auditeur comme un morceau de viande au milieu d’une meute de loups (le vocaliste apparaissant comme le mâle alpha, aboyant jusqu’à saturation). Evoquant des groupes comme Kublai Khan Tx, Terror, Knocked Loose ou surtout Jesus Piece, Bleed Yourself est un album de metalcore sans compromis, proposant des grooves ultra efficaces derrière la grosse violence basse du front déversée ici. Grosse saveur (de sang et de bitume).

Lies!Mind Pollution (Coretex Records/Diorama Records)

Second album pour les hardcoreux de Groningen, Lies! qui fait son retour après son retour datant de l’an dernier suite à un hiatus de sept ans (dû au boulot, comme quoi il n’y a pas que les divergences artistiques dans la vie !). Mind Pollution se réapproprie le son hardcore « classique » entre attaques punk, moshparts chaloupées et même quelques soli thrashisants (on ne s’en étonnera pas trop vu que le groupe cite le Sepultura des débuts parmi leurs influences). Sonnant du côté de la nostalgie mais avec des sujets de révolte on ne peut plus actuels, ce nouvel album se révèle incendiaire et surtout taillé pour la scène. A noter la participation d’Hugo Zerrad (Worst Doubt) sur un titre bien dans l’esprit.

The Hope ConspiracyConfusion/Chaos/Misery (Deathwish Inc.)

S’il y a un retour qu’on attendait plus, c’est bien celui de The Hope Conspiracy ! Confusion/Chaos/Misery, c’est seulement quatre titres mais surtout un retour plein d’énergie du combo, silencieux depuis 2019, mais bien assez pour se réjouir de leur agressivité, toujours au beau fixe. Ces « True Nihilist » proposent toujours un punk hardcore ultra sombre et ravageur, typique de ce son « Deathwishcore » qui avait le vent en poupe au début des années 2000. En attendant une suite plus consistante, serions-nous en droit d’attendre un retour de Rise & Fall et de Trap Them (s’il vous plait) ?

XibalbaAztlán (Closed Casket Activities)

Pour finir, encore un retour sans crier gare ! Les plus latinos des coreux US amateurs de tempos bas ont fait leur retour début décembre avec ce nouvel EP surprise. Au menu de celui-ci, une nouvelle leçon de lourdeur en quatre titres fusionnant hardcore et death metal avec une voix ultra chargée toujours aussi imposante. Entre coups de boutoir, gros grooves et ralentissement façon Crowbar, Aztlán est tel une mare de bouillasse pleine de viscères. Idéal à s’envoyer avant les excès en tous genres pendant les fêtes ! (à condition d’avoir l’estomac bien accroché)

beunz
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2 Commentaires

  1. Pingouins says:

    Pile poil le genre de trucs dont j’ai besoin aujourd’hui, je m’en vais m’écouter tous ceux que je ne connais pas encore, merci !

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