Quel prof n’a jamais rêvé de découper en petits morceaux un élève turbulent ? Pupil Slicer m’est apparu d’abord par son nom comme un groupe d’anciens collègues souhaitant aujourd’hui prendre sa revanche sur les cancres qu’il aura croisé dans sa carrière. Sauf que pupil veut aussi dire « pupille », donc on peut aussi y voir une référence au fameux film Un Chien Andalou (Luis Buñuel collaborant avec Salvador Dali) et de sa séquence… douloureuse d’un œil coupé avec une lame de rasoir. Bref, quelle que soit la provenance de son nom, ce jeune trio londonien envoie du brutal.
Mirrors apparaît en effet comme une incroyable tornade d’à peine 37 minutes. Pupil Slicer semble avoir puisé toute sa violence chaotique chez les grands classiques du genre: de Converge à The Dillinger Escape Plan, mais régurgité à leur sauce: on retrouve en effet dans leur mathcore cette fusion d’agression et de complexité pour un résultat renversant. Et si le tout apparaît d’emblée un peu trop bordélique pour adhérer tout de suite, la persévérance dans les écoutes permet finalement son assimilation malgré sa diversité.
Car ce que nous offre ce Mirrors est une collection de bourre-pif dominés par des riffs aussi virevoltants que très appuyés, avec une variété stylistique allant de saccades groovy façon Car Bomb (« Interlocutor »), de séquences harmoniques façon Dillinger au milieu du bordel (« L’Appel du Vide » où l’on retrouve le brailleur de The Callous Daoboys), de phases chaotico-noisy déchaînées rappelant Today Is The Day (« Vilified » ou « Wounds Upon My Skin ») et jusqu’à de la mélodie plus franche sur l’impressionnant final plus émotionnel « Collective Unconscious » (se terminant même par des sanglots). Quelle que soit la direction empruntée par le trio, celui-ci surprend par sa capacité à se montrer aussi vindicatif qu’imprévisible.
Mené par la charismatique Katie Davis, Pupil Slicer signe là un premier album plus que remarquable, aux inspirations diverses mais coulées dans un tout maîtrisé. Nerveux et chaotique, avec pas mal de réminiscences de Fuck The Facts dans son ambiance souvent bien sombre explosant parfois dans une optique grind,on a là une inattendue tuerie en provenance d’Outre-Manche de la part de ce tout jeune groupe prêt à conquérir le cœur de tout amateur de (dé)constructions alambiquées, en ce qui concerne le mien c’est fait (et mon hachoir est déjà aiguisé pour mon prochain cours online).
- Martyrs
- Stabbing Spiders
- L’Appel Du Vide
- Panic Defence
- Husk
- Vilified
- Worthless
- Wounds Upon My Skin
- Interlocutor
- Mirrors Are More Fun Than Television
- Save The Dream, Kill Your Friends
- Collective Unconscious