Dormant Ordeal – The Grand Scheme of Things

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Style: Death MetalAnnee de sortie: 2021Label: Selfmadegod

Par cinq fois, la plaine s’est craquelée sous l’astre brûlant estival, s’est figée par l’éteinte glacée d’interminables hivers, puis détrempée par les pluies de tristes printemps. Les cadavres accumulés en strates se sont asséchés puis ramollis et putréfiés, attirant les seuls vainqueurs de ces années de bataille, vers et mouches, par dizaines de milliers. L’antique déité, en haut de sa montagne, fulmine de rage tandis que le roi fou, les doigts osseux agrippés aux bras de son trône, marmonne dans sa barbe des propos décousus.

Oui, cinq années se sont écoulées depuis que j’ai partagé mes visions issues de We Had It Coming, le second album du groupe polonais Dormant Ordeal, et je peux maintenant assurer que la guerre est loin d’être terminée. Un nouvel assaut est donné, avec en première ligne les plus monstrueux héros.

Dans la précédente chronique du groupe, je demandais à l’oracle aux yeux révulsés, réfugiée dans sa hutte de paille et de boue, si Dormant Ordeal trouverait un label digne d’un jour les représenter. Elle m’avait alors répondu, en dodelinant la tête si fort qu’elle aurait pu se détacher : « Gflagnn rhuu mflagagnn ». La vieille avait vu juste. La formation revient, en cette fin d’année, épaulée par le label indépendant polonais Selfmadegod Records ; l’alliance indéniablement pertinente d’un label actif et engagé, et d’un représentant plus que solide du Death-Metal en son pays. En résulte ce The Grand Scheme of Things, à la fois suite logique et prolongement des efforts du groupe pour nous asséner une musique brutale, c’est indiscutable, mais également poignante.

Fondamentalement, la recette reste la même que sur We Hade It Coming. Sur une base de Death-Metal hérité du savoir-faire de la scène polonaise (Decapitated en tête), Dormant Ordeal nous délivre huit titres véloces, carrés et féroces. La part belle est donnée à la batterie qui compile toutes les techniques de blasts existants, entrecoupés de parties syncopées et de breaks assassins. Pour autant, aucun doute qu’un être humain œuvre derrière les fûts, car régulièrement s’impose un sens du groove certain (Letters to Mr. Smith en est un exemple) qui l’emporte sur le risque de trop mécaniser l’ensemble. Avec une folle efficacité, le duo rythmique (si le groupe semble avoir perdu son bassiste, l’instrument est bien présent dans le mix) construit un socle solide sur lesquelles reposent des compositions complexes sans être écœurantes, où les guitares ne sont pas en reste. Nullement monolithiques ou monotones, leurs parties sont empreintes du Metal technique et dissonant (encore une fois, pensez Morbid Angel, Ulcerate… on ne change pas les influences gagnantes), ainsi que du riffing Black-Metal. Chaque titre offre également son lot de mélodies ciselées et de solos bien sentis, mais jamais démonstratifs ni pompeux. Dormant Ordeal brille dans l’art de mettre chaque idée, chaque note, au service d’un tableau épique dont le climat se précise à chaque écoute. Avec justesse, le groupe dépeint un monde froid, violent et désabusé. Dans leur univers musical (que je compare à de la Dark Fantasy, mais la formation semble bien ancrée dans le réel), les héros ne bandent pas les muscles en glissant des œillades aux princesses. Ils se crachent à la gueule, règlent leurs comptes à la dure, retournent fatalement à la boue.

Encore une fois, la production de l’album est impeccable. Chaque instrument est clairement audible et mis en valeur, ce qui ajoute encore à l’efficacité des titres. Pour ma part, toutes les attentes sont comblées : ce troisième album est en tous points une véritable réussite (bon, pour être honnête et chipoter, je trouve la pochette bien moins remarquable que la précédente). Puisse-il connaître la visibilité et l’accueil dont il est digne.

Tracklist :
01 – At the Garden’s Gates
02 – Poetry Doesn’t Work on Whores
03 – Bright Constellations
04 – Here be Dragons
05 – Letters to Mr. Smith
06 – Let the Light In
07 – Sides of Defence
08 – The Borders of Our Laguage Are not The Borders of Our World

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