Sludge ? Doom ? Post-metal ? Tout à la fois, ou rien de tout ça ? Bon, les maniaques des étiquettes risquent de se prendre la tête sur l’appellation de cet album tant il ratisse large autour de ces styles ! Quoi qu’il en soit, s’il y a un album de lourdeur à écouter cet été, c’est bien ce Pilgrimage Of Loathing, troisième album long-format de Make, trio originaire de Chapel Hill (Caroline du Nord), spécialiste des chapes de plomb hypnotisantes depuis ses débuts courant 2010.
« The Somnambulist » et ses presque dix minutes est un morceau d’ouverture mêlant USBM façon Wolves In The Throne Room (quand ils en jouaient encore) et atmosphère langoureuse doomesque rappelant Culted. Ce que l’on retient d’emblée, c’est cette voix, ce râle rocailleux donnant à ce premier titre un cachet abrasif allant parfaitement de pair avec ces riffs « post » plutôt typiques mais qui remplissent pleinement leur rôle épique, ce qui fait qu’aucun ennui ne s’amène… Constat identique pour « Birthed Into A Grave They Made For You » ou « Human Garbage » où des influences noise viennent naturellement s’ajouter à l’amalgame des autres styles déjà mélangés par Make.
Un peu à part, « Two Hawks Fucking » vient apporter un peu de lumière à l’univers délétère distillé par le trio. Ce titre instrumental tenant plus du post-rock donne un léger répit avant de repartir avec fracas vers l’obscurité. Autre fait intéressant chez Make, c’est cette liberté totale dans chacun de ces six morceaux, les mecs ne semblant pas vouloir correspondre à un schéma stylistique prédéfini. Si bien que certains titres surprennent par leur approche plus psychédélique (qu’ils affectionnaient déjà par le passé), « Dirt » et ses envolées vocales (façon doom traditionnel) notamment, ou encore l’envoûtante conclusion « Nothing » à la première partie éthérée faisant penser à du Isis période In The Absence Of Truth avant de finalement exploser dans un black metal ravageur.
Make a considérablement assombri son propos pour ce Pilgrimage Of Loathing, nouvel album baignant dans une mélancolie (visible même dans les titres) recouvrant presque entièrement le côté psyché qui caractérisait The Golden Veil (leur dernier album sorti un an tout pile avant celui-ci). Même si le mélange d’influences donne un léger goût d’inachevé (à cause de son panel peut-être désormais un peu trop large), cet album particulièrement prenant devrait conquérir bien des pèlerins.
- The Somnambulist
- Birthed Into A Grave They Made For You
- Two Hawks Fucking
- Human Garbage
- Dirt
- Nothing
Il est des mélanges dangereux et d’autres qui coulent de source. La recette de MAKE fonctionne bien, un peu lourde mais digeste, et comme un gourmand j’y retourne régulièrement. Un bon nouvel album solide malgré les composants nombreux.
Dans les groupes cités j’aurais ajouté Mouth Of The Architect ;)