Au départ, je voulais faire une chronique commune pour cet EP et celui des australiens de Meniscus, car on a affaire ici à une situation assez similaire, c’est à dire un trio provenant de l’hémisphère sud – Albinobeach sont de Johannesburg, Afrique du Sud – et proposant sur un premier EP un post-rock instrumental aux sonorités empruntes d’une certaine chaleur australe.
La musique proposée par Albinobeach n’a dans les faits pas vraiment grand chose de nouveau, on a affaire à un post-rock instrumental au son moderne et puissant, pas vraiment du genre intimiste et mesuré mais dans une veine rythmée et énergique qui réunit de plus en plus de groupes depuis quelques années, mais ils réussissent à mon sens à proposer 5 titres qui repoussent encore un peu les limites du post-rock.
Pour situer, dans les noms qui viennent à l’esprit à l’écoute de cet EP, on peut citer From Monument to Masses, Russian Circles, The Cancer Conspiracy ou Maserati, même si en réalité Albinobeach possède un esprit différent et bien à lui, que je qualifierais d’ensoleillé, comme si leur musique était directement inspirée par de grandes étendues désertiques assommées de soleil. Une sorte de bande son idéale d’un road trip dans le désert. Comme Meniscus, ils insèrent également dans un propos généralement mesuré des incursions de grosses guitares saturées, riffs bien rock tournants et chaloupés que ne renierait pas un Tool.
Se basant sur une fondation basse/batterie solide, assurant des rythmiques complexes groovy, à la limite de la world music, avec des lignes d’une basse bien ronde et grave, la guitare développe des couches de sonorités qui perdurent en se répercutant en longs delays, le guitariste remplissant l’espace grâce à arpèges chargés d’effets et passés dans des boucles, pour un rendu rappelant presque le dub. Je suis persuadé que l’expérience live doit être valable, il y a moyen d’être rapidement hypnotisé par ce flot continu de mélodies mêlées qui se prolonge dans des nappes de saturation.
Les 5 titres développent une ambiance assez proche, dans des compositions qui proposent des progressions instrumentales dynamiques plus que des structures en terme de chanson, approche classique du post-rock, laissant une liberté totale aux musiciens, d’autant plus avec l’absence de voix. Un titre, presque un interlude, est axé sur la guitare acoustique, « Cathedral Peak », et se rapproche du moins soporifique de ce que peut proposer Pelican dans cette même configuration, avec en plus un fond de rythmiques électro expérimentales.
On a du mal à croire que cet EP soit le premier enregistrement du groupe tant le son est travaillé et à la hauteur de n’importe quelle production actuelle de renom, le batteur du groupe qui s’en est chargé, étant lui même ingénieur du son, a développé une dimension enveloppante qui immerge dans la musique et permet de distinguer le moindre détail.
Un bien bon début donc, espérons que la suite, sur laquelle le groupe est en train de plancher actuellement soit aussi réussie. Le groupe a été repéré par le petit label américain Forgotten Empire Records sur lequel est sorti en autres dernièrement l’album de Day Without Dawn, preuve qu’ils devraient réussir à taper dans des oreilles à l’autre bout du monde.
- okavango delta
- myopia
- aurora
- cathedral peak
- focus
Je pense prochainement tester cette histoire ta chronique est assez élogieuse et convaincante et je dois dire que les titres sur leur space sont pas ce qu’il y a de plus dissuasif pour tenter le disque.