Quatre ans après l’insaisissable Fall In Line, Zapruder fait son retour. Un retour un peu compliqué étant donné que leur vocaliste s’est exilé au Canada entre-temps, ce qui n’a pourtant pas empêché le groupe de renforcer ses liens. Une fois de plus parti enregistrer au studio d’Amaury Sauvé (Birds In Row, Stuntman…), le groupe poitevin nous livre un album éponyme aussi riche qu’étourdissant, à la cover… à regarder de près !
Et « I Left My Appendix In NYC » (ça sent le vécu) ne va pas attendre pour nous retourner le cerveau ! Partant tel un rock’n roll de forme plutôt classique avec un vocaliste-crooner très charismatique, ce titre d’ouverture va prendre une (des) direction(s) inattendue(s), toute en cris, en frénésie math puis en sludge plus lourd avec même quelques growls et un « Wahahaha! » de Disturbed. Zapruder aime toujours autant le bordel mais sait l’organiser, les styles et les rythmiques s’entrechoquent mais tout parvient à retomber sur ses pattes. « Tongue Twister » renforce donc sa folie tandis que « Half Stache Man » donne dans un style assez proche de Dillinger (même au niveau vocal avec quelques falsettos façon Greg Puciato) avant de terminer de manière plus lourde et épique à la fois.
« Leaving Montreal » montre ensuite combien Zapruder sait se diversifier tout en conservant intact son groove. Basé sur un langoureux saxo et la voix de crooner volontairement surjouée, ce titre nous embarque le temps d’un film noir qui aurait été tourné par David Lynch. Un saxo qu’on retrouvera sur le pont de l’incroyable « Dracula Love Hotel », mélange de furie nerveuse et d’harmonies pas si éloignée d’un Exotic Animal Petting Zoo. Un rapprochement à faire aussi pendant « Martin Bell », aux vocaux assez familiers sur les phases d’accalmies. Pour le reste, les parties mathcore de Zapruder font à nouveau leur effet.
« Piss Soaked » nous gratifie ensuite d’une ahurissante folie, comme si The Dillinger Escape Plan était parti faire un stage de samba à Rio. Visage totalement différent sur « Back In Town », titre plus lourd tandis que le saxo apporte un surplus à l’ambiance. Enfin « Fly Me To The Ceiling » finit dans un sacré maelström entre nerf et pesanteur (et ce saxo qui intervient à nouveau sans être hors propos).
Bref, ce nouvel album éponyme est une sacrée pépite du genre. Zapruder se transcende et nous enivre sans jamais nous filer la nausée, le tout en nous épatant autant instrumentalement qu’au niveau de sa créativité. Chapeau messieurs !
- I Left My Appendix In NYC
- Tongue Twister
- Half Stache Man
- Leaving Montreal
- Dracula Love Hotel
- Martin Bell
- Piss Soaked
- Back In Town
- Fly Me To The Ceiling