Encore un album qui va défier les catégorisations faciles, et compliquer l’existence des chroniqueurs… De prime abord j’ai eu envie de vous parler de ce groupe en le rapprochant de groupes que j’ai pu mettre en avant récemment comme les anglais de Black Peaks mais surtout les norvégiens de Ribozyme dont j’ai chroniqué le dernier album en date récemment. Tentation d’autant plus grande que Maraton partagent plusieurs points communs avec Ribozyme, à commencer par la nationalité (norvégienne donc) mais aussi le fait que les deux groupes sont signés chez Indie Recordings.
Pourtant à bien y regarder, et après avoir bien écouté (et même poncé) Meta depuis plusieurs semaines, il est bon de relever quelques différences importantes. D’abord, chez les norvégiens de Maraton on donne certes musicalement dans le metal avec rythmiques syncopées un peu typées djent, mais on flirte aussi et beaucoup avec la pop, notamment du fait du registre vocal de Fredrik Bergersen hyper mélodique. Cet homme là, que -il faut le noter- vous n’entendrez pas une fois hurler sur l’album, malgré quelques passages bien burnés musicalement comme sur le démarrage d' »Altered State » qui tenteraient plus d’un hurleur, semble au contraire prendre un malin plaisir à prendre le contre-pied de la musique du groupe, pour poser des lignes de chant plus mélodiques les unes que les autres. Ses audacieuses montées dans les aigus sont à la fois culottées mais surtout extrêmement maîtrisées, ce qui est d’autant plus important qu’elles sont assez nombreuses puisqu’on en retrouvera sur quasiment tous les titres et en particulier sur « Altered State », « Body Double », « The Manifest Content » ou « Mosaic ». On est même pas forcément très loin d’un Jeff Buckley sur la superbe conclusion « Spectral Friends ». On est clairement face à un chanteur de haut vol qu’on ne prendra pas une fois en défaut techniquement sur la durée de l’album.
Il y a aussi chez Maraton ce côté un peu « prog moderne » (toute proportion gardée on n’est pas chez Porcupine Tree) qu’on ne retrouve pas chez Ribozyme, et qui fait qu’on pourrait tenter un rapprochement avec d’autres groupes mélangeant mélodie, prog et rythmiques saccadées, comme Vola d’abord avec qui Maraton partage clairement ce goût pour la mélodie et cette capacité à écrire des refrains mémorables tout en faisant quand même la part belle aux riffs et aux polyrythmies. « Blood Music » serait un excellent exemple de cette dualité gérée avec talent et efficacité. Si vous avez été déçus par le virage trop pop du dernier album de Vola, vous pourriez trouver votre bonheur chez Maraton qui a conservé ce qu’il faut de muscle et de burnes dans sa musique et dans ses riffs. Comme chez Vola (et particulièrement sur le second album) mais également chez Leprous, leurs compatriotes desquels on pourrait aussi finalement rapprocher Maraton, on retrouve également un clavier, discret (davantage que chez Vola) mais en réalité très présent (comme sur « Mosaic »). Mais là où Leprous mise beaucoup sur les rythmiques, Maraton met la mélodie au centre de ses compositions et se fait également un peu plus direct, plus efficace même si quelques morceaux flirtent avec voire dépassent les 5 minutes.
La mélodie est centrale chez Maraton donc, vous le constaterez devant l’efficacité redoutable de tous les refrains des 9 morceaux composant l’album (jusqu’au dernier morceau « Spectral Friends », spectaculaire final par l’utilisation des choeurs qui en fait un vrai final avec toute la grandiloquence qu’on pourrait en attendre), mais on a aussi dit que ces norvégiens là savaient balancer la purée, et s’il faut vous en convaincre vous irez écouter l’excellent « Prime » qui montre qu’on peut être mélodique tout en tapant fort.
Mine de rien, ce Meta qu’on se passe d’abord distraitement 2-3 fois en le trouvant fort sympathique, devient rapidement un peu plus que ça, pour finalement avoir des allures de vrai winner de l’année. Plus que convaincu par l’approche très ouverte de Maraton, j’ai même développé une réelle addiction pour cet album superbe, véritable coup de coeur qui finira à n’en pas douter dans mon top annuel. Cliquez donc ci-dessous et laissez vous convaincre à votre tour par cet album qui sera disponible à la fin de la semaine.
Tracklist :
01 – Seismic
02 – Blood Music
03 – Prime
04 – Change of Skin
05 – Altered State
06 – Body Double
07 – The Manifest Content
08 – Mosaic
09 – Spectral Friends