Si le nom de Daniel Tompkins ne vous évoque rien, vous n’êtes peut-être pas amateur du djent pratiqué par le groupe anglais Tesseract dont il est le vocaliste la majorité de son temps. Ce n’est d’ailleurs pas moi qui vous jetterais la pierre, n’étant pas moi-même un grand fan de l’univers de ce groupe. Par contre j’ai souvent eu l’occasion d’apprécier le timbre de Tompkins, c’est pourquoi la réception de cet album en promo a suscité chez moi une certaine curiosité.
Même si Ruins, qui sort aujourd’hui même, est présenté un peu abusivement comme son nouvel album, il s’agit en réalité (même si le label n’en fait pas mystère) d’une « revisite » de son premier album Castles, et le moins que l’on puisse dire c’est que le changement est notable dans le bon sens du terme. Soyons clairs, je n’avais pas entendu la moindre note de Castles, album dont j’ignorais jusqu’à l’existence avant de poser mes esgourdes sur Ruins, mais rétrospectivement la découverte de ce premier essai après l’écoute de Ruins ne donne pas envie de renouveler les écoutes tant Castles apparaît désormais comme un vulgaire brouillon, une pâle ébauche, soporifique qui plus est, les compositions adoptant globalement sur cet album un tempo monocorde plutôt lent, voire même carrément mou du genou (en dépit de quelques fulgurances pas inintéressantes, comme sur « Kiss » devenu « Tyrant » sur ce nouvel album).
Comme il le faisait sur Castles, mais avec cette fois quelques cris ponctuels et souvent en fin de morceau pour accentuer le climax atteint (cf « Wounded Wings » ou « Ruins »), Daniel mise surtout sur sa (très belle) voix claire sur l’essentiel de son album. Un album très mélodique, assez mélancolique, mais pas mou pour un sou cette fois heureusement, les morceaux ici retravaillés étant largement plus dynamiques et intéressants que les originaux (comparez par exemple « Black the Sun » sur Castles devenu « Wounded Wings »… Y a pas photo), avec également un tempo plus rapide, ce qui impacte aussi la durée des titres, systématiquement inférieure sur ce nouvel album.
Le morceau titre est un parfait exemple de cette version 2020 de la musique de Tompkins : énergique mais toujours mélancolique (une mélancolie dont le point d’orgue sera atteint un peu plus loin sur « Stains of Betrayal »), le titre est très beau, et le refrain, parfait, colle bien la chair de poule comme il faut.
Une autre différence majeure entre les anciennes versions des compositions et ces nouvelles interprétations, outre le tempo, c’est qu’on se situe cette fois dans un registre metal, certes soft mais tout de même, impossible de ne pas remarquer le retour des guitares, là où Castles était essentiellement un album « synthétique » à quelques rares exceptions près, sur lequel la part belle était laissée aux boucles et rythmes électroniques. Les boucles électro sont certes toujours de la partie mais on retrouve cette fois très régulièrement et sur la plupart des compositions des riffs bien appuyés dans un esprit assez proche des saccades propres au djent (on ne se refait pas), même si encore une fois l’optique de Tompkins reste de miser sur la mélodie et sur des structures de morceau plus simples et directes que celles sur lesquelles le chanteur a l’habitude de poser ses lignes avec Tesseract. On pense parfois à ce que proposait Smaxone, ou Vola plus récemment, l’influence de Devin Townsend en moins pour le premier.
A noter la participation de deux invités, le guitariste de talent Plini qui sublime encore davantage l’introductif « Wounded Wings », ou plus étonnant Matt Heafy de Trivium qui vient pousser la (gentille) gueulante sur le morceau final « The Gift », certainement le plus burné (même si on reste dans un registre peu offensif) de la galette.
Un bien sympathique album au final, un peu court tout de même (à peine 35 minutes), et malheureusement desservi par une pochette esprit « dark romantique » assez moche, même si le lien avec la musique a le mérite de se tenir.
Tracklist :
01 – Wounded Wings (feat. Plini)
02 – Ruins
03 – Tyrant
04 – Stains of Betrayal
05 – Empty Vows
06 – Sweet Tongue
07 – A Dark Kind of Angel
08 – The Gift (feat. Matt Heafy)
Curieux les goûts et les couleurs. Autant je suis très fan de Tesseract, mais cet album me laisse de marbre. Les compos sont pas mal , mais je trouve ça assez banal.