L’actualité est riche (en sorties, mais aussi en qualité)… Trop riche pour qu’on puisse trouver le temps d’écrire des chroniques en bonne et due forme sur tous les albums qui le mériteraient plus ou moins. Dans le viseur de ce vrac de septembre, 4 albums qu’on pourra qualifier de globalement réussis, mais qui ont peu de chances de marquer leur époque.
On commence par le nouvel album de Bring Me the Horizon, That’s the Spirit. Et le premier nom qui vient à l’esprit en écoutant cet album c’est… Linkin Park. Pas que ce soit une surprise, il suffisait d’écouter les deux singles déjà diffusés par le groupe (« Drown » et « Throne ») où l’on sentait cette envie de pousser encore plus loin les penchants mélodiques que le groupe avait déjà explorés en 2013 sur le déjà très bon Sempiternal. Autant dire que les allergiques à cette nouvelle orientation et les fans de la mouture « metalcore » du groupe en seront sérieusement pour leurs frais et devraient en toute logique trouver cet album absolument immonde. Mais… quand on accepte le nouveau part-pris du groupe apparemment complètement assumé (un groupe « décomplexé » en somme comme le qualifierait certainement le pauvre disparu Jean-François C.), difficile de ne pas onduler du boule sur la plupart des 11 titres de ce nouvel album, simplifiés à l’envie (couplet-refrain, répétez la formule), débarassés de toute trace de superflu, 100% orientés efficacité. Difficile en effet de ne pas reconnaître le vrai savoir-faire des anglais pour balancer des mélodies et des refrains irrésistibles (avec au premier plan « Avalanche », meilleur titre de la galette). On passera sur les paroles niveau CE1 (« true friends stab you in the front! » wouhouh), car on sait tous très bien qu’on en a rien à foutre des paroles, et que personne n’y prête réellement attention.
Enchaînons avec le nouvel album de Lamb of God, déjà disponible depuis quelques semaines. Avec ce groupe, les années passent, les albums défilent et on tend malheureusement à faire toujours le même constat. C’est bien chouette, distrayant, bien fait, mais depuis Ashes of the Wake, ou Sacrament à la rigueur, le groupe peine à balancer un album vraiment excellent de bout en bout. Il a beau essayer de se renouveler, ici en invitant un Chino Moreno (Deftones) faire un featuring (tout à fait honnête) sur « Embers », là en proposant une balade metal (qui s’énerve franchement en cours de route) sur « Overlord » qui nous permet de découvrir que Randy Blythe se démerde plutôt bien en chant clair, on a du mal à ne pas bailler sur la durée complète de l’album (et en particulier sur la deuxième moitié de l’album qui rate le coche), ou à avoir la désagréable impression que le groupe a déjà dit tout ce qu’il avait à dire… Mais ne soyons pas trop durs, l’album contient encore quelques perles qui seraient tout à fait à leur place sur un best-of du groupe : « Still Echoes », « Embers » et surtout « 512 » en particulier. Merci et rdv au prochain pour une chronique probablement identique à quelques titres près.
Ah Shinedown… Ce groupe que beaucoup adorent détester. C’est pourtant un chouette groupe avec un très chouette chanteur à la voix assez exceptionnelle. Seulement voilà, le groupe est parti de deux albums acclamés, qui sentaient bon le grunge sur le retour, pour arriver à un rock alternatif US bien calibré et mâtiné de néo metal sur The Sound of Madness, un album que j’aime beaucoup d’ailleurs. Depuis il y a eu Amaryllis, sur lequel je reconnais bien volontiers que le groupe était en mauvaise posture, à deux doigts de la sortie de route définitive dans les graviers. Ou peut-être que la formule avait fini par lasser… Car ce Threat to Survival est pour moi une bonne surprise et un retour en forme pour le groupe qui n’a pourtant pas changé grand chose à sa formule, musclant quand même quelques passages (à l’image de ce « Cut the Cord » nerveux et sur lequel Brent Smith se montre toujours aussi brillant au chant – même avec les cheveux courts c’est dire) et -bien sûr- proposant toujours des refrains bien branlés qui restent dans la tête : « Outcast », « Dangerous », « Cut the Cord » seraient certainement ma sélection personnelle du moment. Alors c’est vrai, Shinedown n’évite pas toujours certains pièges comme l’instrumentation putassière (violons?) et surtout complètement inutile qui vient en doublage du refrain du titre d’ouverture « Asking for It » par exemple (par ailleurs plutôt bon), les « oh oh » du plutôt plat « Thick as Thieves » ou la mielleuse (mais inévitable) ballade « Misfits » dont on ce serait bien passé. Le genre de petit détail qui énerve mais voilà mes bons messieurs, on est Shinedown, on est américains et du coup c’est vrai, on a tendance à en faire un peu trop. On ne se refait pas.
Terminons avec les suédo-français de Soilwork qui marquent leur retour en 2015 avec un album assez réussi globalement. Le premier album que j’achète depuis Figure Number Five, si ça ce n’est pas un argument de vente imparable je ne sais pas ce qu’il vous faut… Sur The Ride Majestic le groupe renoue avec une certaine agressivité qu’on croyait bel et bien révolue (malgré quelques bons titres sur les précédents albums), agressivité toujours associée au chant impeccable de Björn « Speed » Strid qui reste certainement un des meilleurs chanteurs de metal de son époque. Ça démarre quand même très fort avec un enchaînement de titres assez imparables. Pourtant, on finit par se lasser de cette alternance d’agressivité et de refrains mélo, certes bien amenés, mais toujours un peu trop téléphonés (« Death in General »). Heureusement que le groupe a la bonne idée de balancer « The Phantom » au moment où l’attention pourrait sérieusement décliner (un modèle de placement produit), un morceau sur lequel il y a certes un refrain un peu mélo (mais pas trop) mais sur lequel Verbeuren s’en donne surtout à cœur joie sur ses fûts, tant le rythme est relevé, rappelant presque les époques des premiers albums (ce riff, cette lead). La double est aussi de sortie sur le morceau titre qui réussit bien à varier les plaisirs et les tempos et se montre également plutôt réussi. Un peu plus loin c’est reparti sur « All Along Echoing Paths » avant de sérieusement retomber et d’amener vers un refrain trop plat. J’y ai cru, mais finalement on est encore bien loin de la qualité des 5 premiers albums, et on finit immanquablement par s’ennuyer sur la fin de l’album (malgré le refrain de « Shining Lights » que j’aime bien) qu’on a du mal à atteindre. Pas mal au final, mais est-ce que ça valait vraiment l’achat ? Je me pose la question à chaque fois que je l’écoute…