Pour présenter brièvement le groupe, il faut savoir que 4 de ses membres sur 5 faisaient partie de The Postman Syndrome, groupe ayant sorti un seul album en 2002, Terraforming, qui est un des albums que j’ai le plus écouté dans ma vie, ayant découvert par internet ce petit groupe de potes encore à l’université à l’époque. Pour d’obscures raisons, dont la faillite de leur label (Now or Never qui a accueilli pas mal de bons groupes précurseurs du mathcore et death technique, comme the Dillinger Escape Plan), le groupe se sépara en plusieurs entités : Day Without Dawn qui ne sortit qu’un album, en fait un recueil de démos (très bon cela dit), proposant une version moins metal de The Postman Syndrome, qui devint ensuite Biclops qui redéveloppa une certaine agressivité et sortit un EP, et enfin East of the Wall, qui débuta comme un groupe de jams instrumentaux s’apparantant plus au post-rock, qui sortit un EP puis un 1er album en 2008.
Tous ces groupes partageaient des membres au sein du même cercle d’amis musiciens, et au final Biclops et East of the Wall finirent au gré des changements de line-up par être composés des mêmes musiciens, dont quatre cinquièmes de The Postman Syndrome! Ils décidèrent donc de fusionner les 2 groupes, et choisirent East of the Wall comme nom, car c’est sous celui-ci qu’ils venaient d’être repérés par le label Translation Lost.
C’est pas fini… la formation en tant que Biclops venait tout juste d’enregistrer un album, celui dont parle cette chronique, Ressentiment, qui sort en fait maintenant sous le nom de East of the Wall donc. Un album dont la musique est donc bien différente du premier album du groupe, comportant du chant et une musique plus complexe dans un style entre metal/hardcore et rock progressif (lire notre interview pour encore plus de détails).
Une histoire compliquée donc, mais l’important est qu’un album dans la lignée de The Postman Syndrome sort désormais, et c’est une putain de bonne nouvelle, d’autant qu’il est excellent.
Les musiciens de ce groupe et ces précédentes incarnations ont toujours eu une ambition musicale débordante, incapables de se cantonner à des formats de morceaux simples, leur préférant une surenchère de plans complexes qu’ils tentent d’alléger par des accalmies surprenantes. Les amateurs d’Intronaut, Burst et même Behold… the Arctopus devraient donc se jeter sur cet album et si ils ne connaissent pas déjà The Postman Syndrome, tenter le coup également.
Les 2 premiers titres attaquent fermes avec un son metal/hardcore véloce, une distortion rugueuse quasi sludge déforme des riffs dissonants, la voix rappelle celle de Scott Kelly de Neurosis, avec un timbre rapeux bien particulier, elle discute en dialogues avec une voix mélodique qui se pose sur des passages plus clairs bien que tout aussi alambiqués. C’est limite un peu trop complexe par moments, ça en devient étouffant, ces nouvelles compositions manquent clairement d’instantanéité et nécessitent beaucoup d’écoutes pour être apprivoisées. A trop chercher à compliquer leurs morceaux par une débauche d’idées, ils nous perdent parfois au sein des méandres de leurs compositions à tiroirs. Cependant, si cet album de East of the Wall est globalement plus agressif que The Postman Syndrome dans les passages saturés, il y a beaucoup de passages appaisés, des interludes instrumentaux qui allègent le tout, aèrent le propos, étalé sur 13 titres et plus d’1 heure, et on retrouve par moments justement l’esprit post-rock « jam » des précédents enregistrements sous ce nom.
Les sonorités de l’album sont heureusement relativement claires, la production détachant bien les différents instruments, ce qui est plutôt bienvenu pour un groupe avec 3 guitares (dont une 8 cordes) et un bassiste vibrillonant omniprésent. Tellement qu’on se dit au final qu’on a pas vraiment affaire à un album de metal malgré la puissance des saturations et les voix hurlées, mais plutôt une sorte de rock progressif agressif.
Encore une belle série de morceaux de la part de ces musiciens hors normes. Confrontation frontale entre math/core et rock progressif. Très touffu, il m’a fallu une bonne dizaine d’écoutes pour bien rentrer dedans et encore bien plus pour l’assimiler tout à fait mais le fait que je scotche désormais sur cet album ne me surprend pas, la touche The Postman Syndrome est bien présente et ça fait plaisir de la retrouver encore si vivante.
http://www.myspace.com/eastofthewall
1. The Ladder
2. Salieri
3. Fool’s Errand
4. Wisp Of Tow
5. Ocean Of Water
6. It’s Always Worthwhile Speaking To A Clever Man
7. Fleshmaker
8. Maybe I’m Malaised
9. A Long Defeat
10. Gordian Corridor
11. Handshake In Your Mouth
12. Don’t Stop Bereaving
13. Beasteater
miam
Malheureusement, j’ai bien l’impression que cet album finisse aussi obscur que les précédents. :)
Excellent album, riche en idées et en plans qui tuent, et un (des ?) chanteur(s) qui assurent sur tous les plans. Un groupe qui rassure quant au fait que oui, il est encore possible de faire de grandes choses dans le domaine du Post-Hardcore-Metal-Rock-Musette, sans ressembler au voisin. Je ne connaissais rien à leur passé et de fait, je file écouter Postman Syndrome !